Le M2M frôle la crise mais doit trouver son rythme
Ouverture du salon Machine To Machine à Paris. Même en temps de crise, le jeune segment reste toujours très dynamique, après un démarrage un peu lent. L'heure est désormais à la recherche de projets et de modèles économiques pour propulser le concept vers le grand public.
C'est coincé au fond du salon consacré au monde de l'embarqué que s'est regroupé le petit monde du Machine To Machine, ce concept qui consiste à faire dialoguer entre eux des appareils connectés sur un réseau. Un petit monde, certes, nous confirme Olivier Dervyn, responsable technique du centre de compétence M2M chez Teamlog, mais qui voit son potentiel croître même en ces temps de climat économique morose. Un segment où « les entreprises n'hésitent pas à investir dans le but de rationaliser leurs coûts à moyen ou long termes ».
Le ton est donné. A l'image du sans-contact (via le NFC par exemple) ou du RFID, le M2M peut séduire car il s'inscrit en direct dans les processus métiers. Fluidifiant les flux et rationalisant les coûts. « On n'a jamais vu en temps de crise un secteur aussi dynamique », confirme Franck Moine, directeur de la division M2M chez Bouygues Télécoms. Un point de vue soutenu également par Vincent Bonneau de l'Idate qui, chiffres à l'appui, explique qu'aujourd'hui, que le M2M s'inscrit surtout dans une logique de coût « grâce à de l'automatisation des procédures ». D'où un intérêt toujours croissant.
En 2007, le marché s'établissait à 6 milliards d'euros, avec 11 millions de modules actifs en Europe de l'Ouest. Un grain de sable au regard des perspectives qu'offre le M2M au niveau des entreprises et, à terme, vers les particuliers. Si la technologie est mature et bien présente, « le démarrage a été lent, » confirme Stéphane Buonanno, responsable des activités sans fil pour les entreprises de la SSII Logica. « Et on a pas assez pressé le citron en termes de réduction de coûts ». Et de citer l'exemple de l'industrie automobile, une des cibles premières du M2M, très fortement impactée par le crise. « Ce sont l'énergie, les transports publics et la distribution qui tirent le marché, » rappelle Olivier Dervyn, responsable technique chez Teamlog. Des pionniers qui doivent ouvrir la voie en somme, avant la propagation vers le grand public. Une cible visée par tous et qui propulsera le Machine to Machine dans le quotidien. Un peu à l'image aujourd'hui du RFID.
Une forte mise de départ
Aujourd'hui, « le marché est essentiellement vertical et se développe différemment selon les industries. On s'adapte au besoin métier. Et ainsi les offres se développent en cercle fermé, » nuance Vincent Bonneau. Et pour cause : Il faut ajouter que l'investissement de départ est conséquent : « l'enjeu est d'ordre économique car le coût d'investissement de départ est important et l'entreprise doit être convaincue. » Car, dans l'intégration d'une chaîne M2M, il est question de repenser les flux de productions et d'informations pour tirer profit de toute cette connectivité. Une difficulté qui freine la création de nouveaux modèles économiques et fragmente le marché, « le rendant ainsi instable au yeux des entreprises », explique-t-il.
La réglementation, premier levier de croissance
Outre le volontarisme des entreprises qui, aujourd'hui, se risquent à opter pour le Machine To Machine, c'est la réglementation qui dopera le secteur, estime Anne-Marie Thiollet, directrice du programme M2M chez Orange Business Services. « La généralisation des télé-relevés de compteurs électriques ou de gaz, par exemple, va non seulement toucher les particuliers, mais également les moyens de facturations. Des milliers de compteurs vont être impactés; de quoi modifier les modèles économiques face au particulier qui, du coup, va changer sa façon de consommer l'energie, et la façon dont les services vont être délivrés, » explique-t-elle. En France, cette généralisation est prévue pour 2017.
De là devront alors découler de nouveaux modèles économiques et ainsi, de nouveaux services. Et cela reste un des enjeux phares dans l'évolution du M2M et son adoption. En 2012, 4% des revenus des opérateurs seront issus du M2M, prévoit l'Idate.
Restera alors aux opérateurs à dé-complexifier le passage vers le M2M de façon à le rendre transparent et faciliter la revente – et donc la facturation - auprès du client. Orange, SFR et Bouygues sont unanimes sur la question.