Pour Syntec Informatique, les logiciels et services vont stagner 2009
De 2 à 4 % de croissance pour les logiciels et services au cours des six premiers mois de 2009, avait prédit la chambre patronale des éditeurs et SSII en novembre. Ce sera moins, a reconnu ce matin Syntec Informatique, qui s'attend désormais à une croissance zéro pour le secteur en 2009. Même si cette stagnation marque tout de même une forme de résistance de ce pan de l'économie par rapport à un environnement qui s'est dégradé en quelques mois.
Cette fois-ci, c'est la panne. Lors de sa conférence semestrielle, qui se tenait ce matin, le Syntec Informatique a confirmé ce dont tout le monde se doutait déjà : l'année 2009 sera une année de surplace pour le secteur. La chambre patronale des SSII et éditeurs prévoit au global une croissance zéro sur l'année en cours, "avec une incertitude de plus ou moins deux points", a souligné le président de l'organisation Jean Mounet. D'ordinaire, la chambre patronale fournit une fourchette de plus ou moins un point. Le doublement de l'écart reflète, selon Jean Mounet, l'incertitude qui entoure toujours l'économie en 2009, alors que les perspectives de décroissance du PIB se creusent peu à peu à mesure que tombent les statistiques économiques. Aujourd'hui, le cabinet Gartner a encore dégradé ses prévisions sur la dépense IT mondiale, estimant que celle-ci allait reculer de 3,8 % en 2009.
Au passage, Jean Mounet est revenu sur les prévisions de Syntec Informatique pour le premier semestre. En fin d'année dernière, l'organisation prévoyait une progression de 2 à 4 % pour le secteur sur les six premiers mois de l'année. Si le premier trimestre est resté en croissance, l'activité s'est depuis dégradée, selon la description donnée par Jean Mounet.
Plan Numérique 2012 : le gouvernement fait du surplace selon le Syntec
In fine, selon le Syntec, le secteur montrerait tout de même une forme de résistance à la dégradation brutale de l'environnement économique. Contrairement à son comportement habituel lors des précédentes crises, où il avait significativement accentué la tendance sur l'évolution du PIB. Le signe d'un changement de dimension de l'informatique, selon Jean Mounet. Cette analyse rejoint celle de Pierre Audouin Consultants, qui, dans sa dernière étude de conjoncture, prévoit également une stagnation de l'IT en France en 2009. D'autres analystes, comme Brice Thébaud, de Aurel BGC, se montrent plus sombres. Et prévoient que le secteur, notamment du fait des effets déflationnistes de tendances comme le Saas, l'offshore ou la massification des prestations, connaîtra une récession plus sévère que l'économie dans son ensemble.
Par rapport à ses homologues européens, l'IT français serait d'ailleurs parmi les mieux lotis, avec une stagnation comme en Allemagne. Tandis qu'en Grande-Bretagne, le secteur reculerait de 2 %. Et même de 5 % en Espagne. Une résistance qui n'est pas à porter au crédit du gouvernement : Jean Mounet s'est en effet plaint du surplace que connaît le Plan Numérique 2012, lancé par Eric Besson et aujourd'hui repris en main par la nouvelle secrétaire d'état à l'Economie numérique, Nathalie Kosciusko-Morizet. "Depuis l'annonce de ce plan, il ne s'est pas passé grand chose, a raillé Jean Mounet. Le financement du plan n'existe pas. La structure de gouvernance, pourtant précisée dans le plan, n'est pas en place". Second motif d'incompréhension entre le Syntec Informatique et le gouvernement : l'absence d'enveloppe pour l'économie numérique dans le plan de relance français, accusé par l'organisation de ne se soucier que du court terme. Outre Rhin, le secteur bénéficie lui d'une enveloppe de 500 millions d'euros.
En complément : écouter Jean Mounet sur un éventuel rebond de l'IT après 2009
Le conseil durement touché
Pour Syntec, la priorité devrait aller au développement des usages. La chambre patronale encourage le gouvernement à intensifier les chantiers de modernisation de ses activités via l'informatique et à défiscaliser pendant deux ans les investissements en e-business des entreprises via le crédit impot recherche. "Aujourd'hui, aucune mesure n'est prise. Pire, le gouvernement n'a aucun discours sur ces sujets", regrette Jean Mounet.
La stagnation globale du secteur attendue par le Syntec Informatique masque des disparités importantes entre les différents métiers (voir ci-dessous). "Des contrastes encore plus forts que ceux que nous avions annoncés auparavant", selon Jean Mounet. Durement affectés, le conseil (- 5 %) et le développement/assistance technique (- 3 %). L'intégration au forfait devrait stagner, tandis que l'infogérance tant applicative que d'infrastructures devraient poursuivre leur expansion sur un rythme quasi-identique à 2008 (respectivement + 6 et + 5 %).
S'il met l'accent sur des cycles de décision qui s'allongent, Syntec Informatique s'inquiète avant tout de la pression sur les prix, "à la limite de l'éthique dans certains cas", selon Jean Mounet. Ce dernier souligne une fois de plus ce qu'il considère comme des détournements de la loi de modernisation de l'économie par une poignée de grands comptes. Au global, Jean Mounet dit s'attendre à un recul de prix allant de 2 à 4 % sur l'année, avec des situations tendues dans la régie mais aussi dans la gestion de l'applicatif. Un segment pourtant en pleine croissance mais où la massification des prestations par les grands donneurs d'ordre tire les tarifs vers le bas. Un facteur qui risque de peser sur les marges des SSII, sur les salaires - à l'arrêt selon le Syntec -, sur l'emploi et sur l'avenir même de certains prestataires. "Des entreprises du secteur vont disparaître, d'autres auront recours aux licenciements", a prévenu Jean Mounet.
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