Rackable va racheter SGI, l'ex-Silicon Graphics
Hier, mercredi 1er avril, SGI, l'ex-Silicon Graphics s'est placé sous la protection du chapitre des faillites américaines et a dans la foulée annoncé son rachat par le spécialiste américain des serveurs rack Rackable pour 25 M$. Un drôle de poisson d'avril pour les salariés et les clients de l'ex star des stations de travail et des serveurs de calcul.
Drôle de poisson d'avril pour les salariés de SGI. Ces derniers ont vu hier tomber dans leur e-mail une information leur annonçant le dépôt de bilan de SGI et son rachat immédiat par Rackable Systems, un spécialiste américain des serveurs en rack pour grands datacenters. Le prix du rachat ? Un maigre 25 M$, autant dire une misère pour une société qui dispose toujours d'un considérable portefeuille de brevets et d'une solide base installée dans le monde du HPC. Le prix reflète toutefois la réalité économique de SGI et le risque pris par Rackable qui s'est engagé à reprendre l'intégralité du passif de SGI. Sauf surprise, la transaction devrait s'achever dans les 60 jours. Il est à noter que les activités internationales de la firme ne sont pas touchées par le dépôt de bilan et continuent à opérer normalement, mais font partie du rachat par Rackable.
Au dernier trimestre 2008, l'ex-star des stations de travail et des serveurs de calcul a enregistré une perte opérationnelle équivalente à la moitié de son CA et une perte nette de 49,2 M$. Les ventes ont toutefois bien résisté à la crise puisque le CA n'a reculé que de 8,2% à 82,7 M$. Rackable de son côté a terminé l'année 2008 en enfer. Ses ventes ont ainsi été divisées par trois au dernier trimestre 2008 pour retomber à 38,8 M$. La firme a toutefois une position de trésorerie très solide, de 181 M$. Marc Barrenchea, le patron de Rackable (et ex-CTO de CA) avait d'ailleurs prévenu lors de l'annonce de ses résultats à la mi-février qu'il souhaitait utiliser une partie de ses réserves pour des acquisitions.
SGI, un profil très complémentaire pour Rackable
Avec SGI, Barrenchea a sans doute trouvé le parfait complément. Rackable dispose d'une offre de serveurs originale et performante, tandis que SGI dispose d'une base installée historique et d'une capacité de service que Rackable pourra utiliser pour relancer ses ventes et surtout accélérer son développement à l'international, notamment dans le monde du HPC. L'une des grandes faiblesses de Rackable à ce jour est que ses activités se sont largement limitées aux Etats-Unis, alors que SGI, même affaibli, conserve une empreinte globale. En France par exemple, la firme compte encore de nombreux clients et a remporté d'importants contrats dans le monde du HPC.
Un autre intérêt de SGI pour Rackable est aussi sans doute son offre logicielle de gestion de cluster ainsi que ses solutions de stockage - matériels et logiciels - très complémentaires de son offre serveur. Rackable devrait aussi hériter du partenariat étroit noué par SGI avec Panasas dans le monde du stockage parallèle. Enfin en rachetant SGI, Rackable met la main sur la technologie d'interconnexion NumaLink de SGI, une technologie précieuse dans certains environnement de calcul mais qui a aussi des débouchés potentiels dans certaines infrastructures en nuage ou dans des applications de base de données à grande échelle.
De forts recouvrements au niveau des catalogues serveurs
L'intégration des deux sociétés ne devrait toutefois pas se faire sans casse. Côté serveurs, les redondances abondent à tous les niveaux et Rackable va sans doute devoir réaliser une pénible rationalisation de ses gammes. Les gammes Altix de SGI ont en effet des équivalents à quasiment tous les étages chez Rackable. Il sera intéressant de voir si certains serveurs SGI survivent à la rationalisation, notamment la gamme de serveurs lames Altix ICE, l'un des fers de lance du groupe. Pas sûr non plus que les gammes Itanium survivent à l'acquisition par Rackable.
Côté humain, la fusion pourrait aussi avoir des effets détestables outre-atlantique, mais ce ne devrait pas être trop le cas à l'international, où Rackable est très largement absent. Sauf si la firme décidait de se replier sur les Etats-Unis. Réponse sans doute dans les soixantes prochains jours...