Infogérance : Alcatel-Lucent confirme le retour des mega-deals
L'équipementier franco-américain étudie l'externalisation de toute son informatique. Un "deal" qui fleure bon les années 90, des infogérances globales. Une époque glorieuse remise au goût du jour par la crise.
Selon une information parue ce matin dans Les Echos, Alcatel-Lucent envisage un contrat d'externalisation global de son informatique. L'appel à candidatures lancé par l'équipementier couvre tant les équipements (PC, serveurs, datacenters...) que la maintenance de son patrimoine applicatif. Selon le quotidien économique, le groupe réfléchirait même à l'externalisation d'une "partie de sa R&D pour ses équipements les plus matures".
Le contrat, qui s'annonce comme l'un des plus importants de l'année, serait conclu pour une durée de sept ans sur l'ensemble du globe. Ce qui devrait se traduire par une facture de plusieurs centaines de millions d'euros par an. La seule partie infrastructure représenterait environ 200 millions d'euros par an.
Au-delà de la seule externalisation
Alcatel-Lucent envisagerait de confier ce méga-contrat à un seul prestataire ou consortium, avec reprise du personnel. Ce qui place logiquement IBM, Accenture (déjà très présent dans l'applicatif de l'équipementier) et HP parmi les favoris. Depuis le rachat d'EDS, ce dernier est entré dans le club très fermé des prestataires globaux capables de prendre en charge l'informatique d'un grand compte de A à Z.
Les Echos soulignent d'ailleurs la proximité entre Ben Verwaayen, le directeur général d'Alcatel-Lucent arrivé en septembre dernier, et HP. Lorsqu'il dirigeait BT, Verwaayen avait signé un accord commercial croisé avec le constructeur, via lequel les deux partenaires répondaient conjointement à des appels d'offre. Au-delà de l'externalisation de l'IT, le projet actuel d'Alcatel-Lucent serait identique : trouver un partenaire pour gérer son informatique, mais - surtout - pour répondre ensemble à des appels d'offre mélangeant prestations informatiques et télécoms.
L'assureur Aviva et l'Allemand Haniel déjà lancés
Derrière ce trio de tête, figurent des prestataires comme Capgemini et Atos-Origin. Même si plusieurs experts soulignent que les deux SSII auront peut-être des difficultés à "monter" sur un contrat aussi massif. "Dans la liste des prestataires potentiels devrait également figurer T-Systems", souligne Jean-Benoît Chauveau, associé-gérant de Tiefree, un cabinet qui conseille les grands comptes dans le choix de leurs prestataires.
La semaine dernière, lors d'une conférence, ce même cabinet soulignait le retour des "mega-deals", en prenant pour exemple le contrat signé par l'assureur Aviva (contrat remporté par HP, 1 milliard de dollars sur 10 ans, transfert de 300 personnes) et la lettre d'intention signée par le groupe allemand Haniel (50 000 personnes, 30 milliards d'euros de CA). Ce retour des infogérances globales s'explique tant par une forme de déception vis-à-vis de contrats plus sélectifs - qui peinent à transformer en profondeur l'informatique - que par la crise financière, qui poussent les grands comptes à trouver des solutions pour rentrer des liquidités. Un cas qui concerne bien entendu Alcatel-Lucent : le groupe anticipe une baisse de son chiffre d'affaires cette année et s'est lancé dans un vaste plan d'économies.
La bourse, elle, a applaudi la volonté du groupe de se délester de son informatique, une option déjà envisagée par Alcatel sous l'ère Tchuruk. A 17 heures, le titre s'appréciait de 4,5 %.