Flash part en goguette dans le salon
Adobe fait entrer Flash dans le salon en sortant une plate-forme dédiée au monde de la TV. Profitant de l'élan de la technologie sur le desktop, l'éditeur compte élargir le potentiel de la sphère Flash et ainsi séduire les fournisseurs de contenu en lui proposant un large spectre de support. Avec un Silverlight 3 prêt pour la HD, la bataille des RIA débarque sur le poste de TV.
Après s'être taillé une place de référence sur le navigateur, Adobe a décidé de porter Flash vers d'autres horizons à très large audience. L'éditeur de PhotoShop - entre-autres - a annoncé lors de la convention nationale des diffuseurs de contenus américains (National Association of Broadcasters) la sortie d'une version de sa plateforme Flash pour le salon (Adobe Flash Platform for the Digital Home ), permettant de diffuser en direct du contenu Internet vers les TV, les boxes des FAI et lecteurs Blu-Ray. Ou tout autre appareil domestique capable finalement de se connecter à Internet et disposant d'un écran suffisamment large pour y recevoir les fameux Widgets Flash.
Une avancée que l'on peut considérer comme une évolution naturelle pour la technologie qui motorise plus de 80% des vidéos sur le Web – notamment avec YouTube - et qui progresse sur le segment de la téléphonie mobile - alors même que son concurrent Silverlight n'a pas de version mobile -, au gré d'un marché du smartphone en pleine expansion.
L'arrivée sur un segment de marché très convoité par les diffuseurs de contenu s'inscrit dans la stratégie de propagation à large échelle de Flash, forme de fuite en avant suceptible de couper l'herbe sous le pide d'un Microsoft d'autant plus ambitieux avec Silverlight que ce dernier est servi par les poids conjugués de Windows et d'Internet Explorer. D'ailleurs, l'éditeur, en inaugurant son programme Open Screen avait clairement annoncé la couleur quant à ses velléités d'expansion en dehors du monde du PC.
La portabilité grandissante de Flash
Pour les développeurs, il s'agit également d'une aubaine. Car en multipliant les supports, Adobe élargit le champ d'action de Flash et donc son niveau de portabilité cross-médias. Autrement dit, en développant des applications pour la plateforme Flash, ils peuvent désormais toucher les segments du desktop (tant navigateur que desktop), de le téléphonie mobile et enfin de la TV.
Dans le détail, les widgets développés pour Adobe Flash Platform for the Digital Home pourront exploiter le module Flash embarqué sur les TV pour délivrer des possibilités d'interfaces riches plus poussées. En outre, il s'agit également de permettre d'étendre les contenus d'Internet vers les téléviseurs. Autant dire que c'est l'ensemble de l'écosystème Adobe qui pourrait en bénéficier, confortant une communauté de développeurs qui auraient pu être attirés par un Silverlight dont la version 3 encore en bêta reste prometteuse dans ses fonctions liées à la vidéo.
La TV, le nouveau front dans la bataille RIA
Reste maintenant à séduire les partenaires, tant du côté des constructeurs d'appareils que des fournisseurs de contenu. Adobe promet que les premiers terminaux devraient débarquer sur le marché dès le deuxième trimestre 2009. Pour l'heure, l'éditeur s'est entouré de partenaires comme Intel, Comcast, Disney Interactive, Atlantic Records, New York Times Company, NXP Semiconductors et STMicro, les premiers à supporter la plate-forme. Notons également la présence de Netflix, un partenaire Silverlight de Microsoft, dont le service de location de vidéo HD à la demande avait marqué le MIX 09, la conférence des créatifs du groupe de Redmond.
Une preuve que sur ce segment, rien n'est encore joué côté technologie et que chacun cherche à ne pas injurier l'avenir. Si les accords entre constructeurs de TV – qui conçoivent désormais des appareils intégrant des options multimédias - et fournisseurs de contenu commencent à se sceller – Samsung avec Yahoo par exemple -, Adobe comme Microsoft n'ont pas encore livré tout leur potentiel en la matière.
De son côté, Redmond souhaite pousser Silverlight 3 – et son Smooth HD – grâce à son serveur IIS Server Media pour fournir l'ossature technologique aux fournisseurs de contenu. Adobe mise quant à lui sur sa notoriété gagnée sur le poste de travail pour pénétrer le monde de la TV.