Oracle / Sun : les dirigeants des deux firmes détaillent les raisons du rachat
Lors d'une conférence organisée hier, les dirigeants des deux firmes ont tenté d'expliquer la logique derrière le rachat de Sun par Oracle. Java et Solaris sont mis en avant ainsi que la volonté d'Oracle d'offrir à ses clients des systèmes pré-configurés, pré-optimisés et prêts à l'emploi. Une forme d'alternative ouverte au modèle mainframe ou AS/400 d'IBM.
Quelles raisons ont bien pu pousser Oracle à racheter Sun ? C'est à cette question que les dirigeants des deux firmes ont tenté de répondre lors d'une conférence organisée hier.
Vue du côté financier, Safra Catz, la présidente et directrice financière d'Oracle explique que l'éditeur pense pouvoir réaliser des synergies rapides et faire fonctionner Sun avec une marge bien supérieure à celle qui est la sienne aujourd'hui. Elle estime ainsi que l'acquisition de Sun sera relutive de l'ordre de 0,15 cent par action pour Oracle. Selon Catz, cela devrait accroître les bénéfices d'Oracle de telle sorte que Sun rapportera plus la première année que PeopleSoft. Oracle n'a pas précisé comment il parviendrait à ces synergies mais on imagine que le considérable budget de R&D de Sun devrait être revu à la baisse notamment du fait de l'élimination de certaines lignes logicielles ; et que l'acquisition devrait se traduire par une vague de suppression d'emploi dans toutes les fonctions partagées (administration, marketing, commercial...).
Côté logiciel justement, Catz estime que les actifs de Sun pourront être intégrés très rapidement, et que, sur le matériel, Oracle se concentrera tout d'abord sur les 300 000 clients communs aux deux firmes afin de réduire leurs coûts. Catz indique l'ambition d'Oracle de faire de la division matérielle de Sun une entité opérationnelle rapidement rentable, sans préciser les mesures qui seront prises pour arriver à ce résultat.
Java, Solaris , deux technologies leader selon Ellison
Sur un plan plus stratégique, Larry Ellison a expliqué que l'achat de Sun par Oracle était avant tout celui d'un leader dans des technologies essentielles et notamment Java et Solaris. Selon Ellison, "Solaris et Java ont été des éléments clés du rachat de Sun par Oracle.(...) Java tourne sur des centaines de millions d'équipements (...) et Oracle Fusion est basé sur Java." Le rachat devrait, selon Ellison, se traduire par un accroissement des investissements d'Oracle dans Java et dans son offre de Middleware.
L'intérêt d'oracle pour Solaris est plus opportuniste. Si Ellison explique que Solaris est "le meilleur unix du marché", il ajoute aussi que c'est surtout celui sur lequel sont déployé le plus grand nombre d'instances Oracle, loin devant Linux (n°2 en terme de base installée). Le rachat de Sun permettrait donc à Oracle, comme il le fait avec Linux, d'avoir une approche de quasi-appliance logicielle avec le contrôle à la fois de l'OS, du middleware et du SGBD, et la maitrise des optimisations possibles entre ces couches. Ellison explique d'ailleurs qu'Oracle compte optimiser Solaris et le SGBD d'Oracle l'un pour l'autre, un travail que Sun menait déjà avec MySQL. L'objectif est bien sûr d'améliorer les performances, mais surtout de simplifier l'administration et le déploiement. "Les systèmes Oracle intégrés incluant logiciel et matériel devraient être populaires et rentables", a-t-il ajouté. Reste que bien des questions restent en suspens sur le devenir des différentes gammes matérielles de Sun et notamment l'évolution des architectures Sparc Solaris (même si Ellison n'a pas caché que la majorité de la base installée commune utilise cette plate-forme).
Promettant de s'appuyer sur des standards ouverts, Ellison a conclu en indiquant croire que la combinaison des actifs et savoirs-faire de Sun et d'Oracle "devrait nous permettre d'adresser les problèmes de nos clients en délivrant une solution intégrée. Cela permettra à nos clients de se concentrer sur ce qu'ils font de mieux : faire tourner leur business."
L'ambition de proposer des systèmes intégrés combinant logiciel et matériel
Du côté de Sun, Scott McNealy, un vieux compère d'Ellison, a expliqué être heureux du rachat par Oracle : "On crée un nouveau leader et on peut résoudre des problèmes qu'aucun de nos concurrents ne peut résoudre. Notre offre n'aura pas d'équivalent", a-t-il estimé. "On va fusionner des éléments jusqu'alors dissociés, dans un tout. Personne ne pourra architecturer des systèmes comme nous pourrons le faire. (...) Cette acquisition redéfinit l'industrie et résout des problèmes qui frustrent les clients depuis des années." Dans la ligne de mire des deux sociétés figure sans doute IBM qui, avec ses offres haut de gamme est aujourd'hui le seul à offrir l'équivalent de ce que pourra proposer le nouveau Sun-Oracle. Ce modèle intégré est après tout celui des mainframes et des system I/OS depuis très longtemps.
Charles Philipps pour Oracle a conclu la conférence en notant que les clients de l'éditeur, récemment réunis pour le CIO Advisory Board d'Oracle, ont salué les approches récentes de l'éditeur en matière de systèmes intégrés (et notamment l'offre Exadata). "Ils veulent réduire la complexité et les interdépendances entre matériel et logiciels. Les changements à tous les niveaux du stack génèrent des multitudes de problèmes et nos clients nous demandent de les résoudre". Point important, ces systèmes intégrés ne seront pas fermés aux développeurs tiers, selon Phillips : "les partenaires pourront aussi déployer leurs applications sur nos appliances".