Résultats : chute historique du CA de Microsoft, en transition
Microsoft vit un exercice historique… pour le pire. Après avoir procédé aux premiers licenciements de masse de son histoire en janvier, le groupe voit son chiffre d’affaires trimestriel reculer. Egalement une première. Les activités serveurs et business résistent cependant bien. Mais les logiciels clients subissent le marasme du marché PC. Surtout l’activité Online Services semble en grande difficulté.
La période continue d’être délicate pour Microsoft, le numéro un mondial du logiciel. Pour son troisième trimestre fiscal 2009, clos le 31 mars, le groupe de Redmond annonce un chiffre d’affaires de 13,65 milliards de dollars, en recul de 6%. Une première depuis 23 ans que le groupe est coté en bourse. Surtout, la société perd en rentabilité : Si son bénéfice reste très important- à 2,98 milliards de dollars-, il subit un net recul de 32% sur un an. Les mesures d’économies prises au mois de janvier ont toutefois permis de limiter un peu la casse puisque, au niveau opérationnel, l’éditeur enregistre une légère croissance de son résultat (+3% à 4,44 milliards de dollars). Ce qui lui permet de maintenir son niveau de marge brute. Reste que ces économies, ont été obtenues au prix des premiers licenciements de masse chez l'éditeur alors que celui-ci disposait de près de 21 Md$ de trésorerie disponible.
Bonne résistance sur le marché entreprises
Pas de quoi pour autant décourager Kevin Turner, directeur opérationnel de Microsoft, qui affirme qu’avec « un investissement continu dans la R&D et notre large portefeuille de produits et de services, nous demeurons très compétitifs et gagnons régulièrement de nouvelles parts de marché ». Peut-être mais l’activité est particulièrement atone. Et pratiquement tous les segments sont en baisse. Etonnamment, alors que le marché B-to-B est annoncé partout comme difficile du fait des restrictions budgétaires dans les DSI, les activités logiciels serveurs et outils de développement et la division Applications pour entreprises résistent bien. Les premières voient même leurs revenus croître avec un CA généré de 3,467 milliards de dollars en hausse de plus de 7%, pour un résultat opérationnel positif à 1,344 milliard de dollars, qui bondit de près de 25%. De son côté, la division Business ne recule que de 4,8% à 4,505 milliards de dollars, tandis que sa marge s’effrite quelque peu avec un résultat opérationnel de 2,877 milliards de dollars en recul de 8%.
De grosses difficultés dans l’activité Online Services
C’est donc du côté du poste client et, surtout – et c’est plus inquiétant pour le groupe –, des activités en ligne qu’il faut chercher l’explication du recul général de l’activité de Microsoft. La division Client enregistre un fort recul (-15,6% à 3,404 milliards de dollars) notamment lié à la chute du marché PC dont elle dépend fortement. Du coup, son poids dans la compagnie baisse et – pour la première fois – les ventes sur ce segment en valeur ont été moins importantes que celles de la division Serveurs et Outils. Là encore, la marge commence à s’effriter légèrement, le résultat opérationnel de la division client se montant à 2,514 milliards de dollars, en recul de plus de 19%. Demeure une marge brute qui doit faire rêver un nombre considérable de secteurs d’activité : 73,9%.
Les choses sont beaucoup plus difficiles pour l’activité online, pourtant sensée être au cœur de la stratégie de développement de la firme. Alors que sur ce segment, Google, l’un des concurrents directs de Microsoft – résiste bien à la crise, profitant de sa prééminence sur le marché publicitaire lié à la recherche sur Internet, Microsoft est nettement plus en difficulté. La division n’est toujours pas rentable, loin de là. Les pertes ont plus que doublé, à 515 millions de dollars tandis que, dans le même temps, l’activité se tassait (-14,5%) avec un revenu de 721 millions de dollars.
Un exercice de transition en attendant une année clé en 2010
Pour rebondir dès le prochain exercice fiscal, Microsoft compte visiblement sur nombre de produits dont le développement est quasiment achevé. Du coup, l’automne devrait être crucial pour Redmond. La stratégie de Cloud Computing sur laquelle le groupe a investi tant en développement – autour d’Azure – qu’en infrastructure, avec de nouveaux datacenters, devrait commencer à être visible à ce moment-là. Surtout, Microsoft compte beaucoup sur Windows 7 dont la prometteuse phase bêta s’achève et qui devrait arriver au mois d’octobre. Restera cependant à convaincre des entreprises encore circonspectes. Enfin, l’éditeur annonce que des caps de développement importants ont été passés concernant Microsoft Office 2010, Windows Server 2008 R2 et Windows Mobile, sans qu’un agenda précis n'ait été donné pour ce dernier.