De SAP R/3 à ERP 6.0 : les utilisateurs migrent à reculons
Craintes techniques mais aussi en terme de gestion de projet, selon une récente étude de Macro 4. Plutôt une frilosité budgétaire pour l’USF, représentant les utilisateurs francophones de SAP. Dans tout les cas, la migration de R/3 vers ERP 6.0 – qui reste à faire pour le plus gros du parc – s’annonce délicate. Sur fond de pression de l’éditeur quant à l’adoption de son coûteux et critiqué programme de maintenance applicative, Enterprise Support.
SAP encore en proie aux réticences de ses utilisateurs ? C’est ce qui ressort d’une étude réalisée pour Macro 4 et concernant les utilisateurs français, britanniques et espagnols de l’ERP allemand. 90% des répondants ont peur de rencontrer des difficultés liées à la mise à jour de leur système dans les années à venir. Pas de quoi paniquer cependant, selon Eric Remy, Président de la commission Technologie de l'USF et Responsable Architectures Techniques du SI fonctionnel et de SAP à la DSI de Bouygues Telecom, pour qui cette migration représente un projet largement maîtrisé. « Elle se passe même plutôt bien selon les retours que l’on en a et même mieux que les précédentes ». Selon lui, les inquiétudes soulevées par l’étude Macro 4 sont donc étonnantes pour ce qui est de l’aspect technique de la migration (60% des sondés mettent en avant la complexité du processus pour expliquer leurs craintes).
Question de coût
Mais il reconnaît tout de même « une frilosité budgétaire certaine » liée à la crise économique. De fait, il est difficile de justifier une bascule de plusieurs centaines de milliers d’euros (plus de 500 000 € pour 30% des comptes selon une étude BearingPoint/USF publiée en octobre 2008) devant une direction générale qui pousse à l’économie, notamment sur le segment IT. D’autant, selon Eric Remy, « que le RoI n’est pas simple à démontrer même si, dans le cas présent, les avancées techniques sont considérables, notamment concernant l’ouverture aux architectures SOA ». Si le coût n’est pas véritablement mis en avant dans l’étude Macro 4, il n’est jamais loin : 73% des utilisateurs interrogés estiment que l’inquiétude principale est liée au temps demandé par la mise à jour, qui tourne en moyenne autour de six mois avec une charge prévisionnelle du projet de plusieurs centaines de jour-hommes.
Une migration quasi contrainte
Les entreprises n’ont cependant pas trop le choix, et c’est sans doute là que réside la plus grande crainte des utilisateurs. Car, en période de forte restriction des dépenses, on aura tendance à tirer sur les coûts, donc à prendre le risque d’une bascule sans filet. D’autant que le calendrier est désormais serré pour une majorité de comptes : si l’USF a trouvé 46% d’utilisateurs ayant déjà migré en 2008 parmi les répondants à son enquête, ils n’étaient en réalité que 20% du parc total, selon SAP, à cette date. Les 80% de retardataires ont donc peu de temps pour se plier à l’arrêt des supports de R/3 4.6c (2009) et R/3 4.7 (2010), à moins d’adhérer à Entreprise Support, le nouveau programme de maintenance applicative de SAP particulièrement décrié du fait d’une hausse sans précédent des tarifs.
Afin, probablement, de mieux faire passer la pilule, tout en facilitant l’uniformisation des versions des plates-formes actives, SAP a octroyé un délai de support supplémentaire d’un an à ceux qui adoptent Entreprise Support. La pression est donc sur les utilisateurs avec un choix cornélien entre repousser d’un an la migration – et son coût – en entérinant une hausse de… du coût de la maintenance, ou basculer rapidement, avec un coût immédiat non négligeable. Dernière option, conserver ses vieilles licences et négocier une maintenance particulière. Risqué, selon Eric Remy pour qui « on se retrouve avec moins de services et une maintenance plus coûteuse même si cela est difficile à évaluer dans la mesure où il s’agit d’une négociation très locale ».
Les mois à venir promettent donc d’être durs pour les DSI ayant adopté SAP et qui, pour avancer ou même conserver leur actif applicatif en l’état, vont être obligés d’augmenter leur budget dévolu à l’éditeur allemand alors même que leur direction générale leur demande souvent tout l’inverse.
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