La France, championne de l’open source aux pieds d’argile

Le premier Index de l’open source publié par le Georgia Institute of Technology met en avant une réalité contrastée pour la France. Conforté dans son rôle de pays leader en matière de logiciel libre, l’Hexagone apparaît déclassé dès lors que l’on parle d’« environnement favorable ». D’un côté, l'activisme public porte ses fruits mais, de l’autre, les fondamentaux sont vus comme fragiles et peu favorables à l’adoption sur le long terme.

La France championne du monde de l’open source. C’est le résultat du premier index Open Source réalisé par le Georgia Institute of Technology (Georgia Tech) sous l’égide de Red Hat, éditeur de distribution Linux. Ce n’est pas la première fois que l’hexagone et mis en avant en tant que terre d’accueil privilégiée du libre mais, cette fois, l’étude est assez poussée - soixante-quinze pays ont été scrutés - et prend en compte un ensemble d’indicateurs exhaustif. La France en tête donc… en termes d’activité open-source (niveau réel de l’adoption des standards ouverts et du déploiement de systèmes). Mais concernant l’environnement – une notion pour mettre en avant le potentiel de développement sur le long terme en fonction de l’écosystème local –, l’hexagone ne prend que la quinzième place. Un décalage qui s’explique par un fait : l’open-source français est avant tout le fruit d’une volonté politique.

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La France, numéro un de l’adoption…

Ainsi, en terme d’activité, la France est numéro un au niveau des gouvernements et numéro trois au niveau de la communauté éducative (enseignement et recherche). En revanche, l’adoption dans le secteur privé est beaucoup beaucoup plus discutable, la France ne s’octroyant que la 25ème place, loin derrière la Finlande, la Norvège, le Danemark ou encore les Pays Bas, l’Estonie ou l’Australie, tous dans le top 10 à ce niveau.

La différence se fait donc par les SI « publics », tout comme pour l’Espagne et l’Allemagne, respectivement 2ème et 3ème du classement par activité open source et qui connaissent à peu près la même structuration que la France. Tout le contraire des Etats-Unis en somme – classé neuvième - où l’activité est forte dans le milieu universitaire (classé 2ème sur ce segment derrière… l’Estonie !) et même dans l’Industrie (classé 13ème), mais où le gouvernement semble fidèle à des éditeurs propriétaires (28ème rang concernant le classement « services publics »), il est vrai souvent d’origine américaine et jusqu’à présent particulièrement actifs en lobbying outre-atlantique.

Reste que ce classement devra être surveillé de près concernant les politiques publiques, les événements récents pouvant entraîner un rééquilibrage entre les Etats-Unis et la France. Avec l’arrivée de Barack Obama, l’IT gouvernemental semble devoir s’ouvrir un peu, emmené par Vivek Kundra, un DSI plutôt favorable à la standardisation et aux logiques open-source. En France, c’est plutôt un vent contraire qui semble souffler; et les partisans du libre ont quelques doutes sur la volonté de l’administration de poursuivre une politique en faveur du logiciel libre après l’étonnant épisode de la normalisation d’OpenXML.

…Mais un écosystème à long terme plus trouble

Une tendance au reflux ou du moins à la précarité de la vague open-source qui semble confirmée par le second volet du travail des chercheurs du Georgia Tech. En terme d’« environnement », la France se classe au 15ème rang, loin derrière la Suède – numéro un – mais surtout les Etats-Unis, qui prennent la deuxième place de ce classement plus spéculatif et prospectif, fondé sur des critères éducatifs, de pénétration des technologies, ou encore socio-économiques. A ce niveau-là, l’écosystème IT hexagonal est vu comme peu favorable, sur le long terme – au développement des logiques ouvertes. Que ce soit dans le monde de l’enseignement, les services publics ou le privé, la France rentre dans le rang, faisant place à des nations aux fondamentaux IT ou universitaires visiblement jugés plus solides.

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