STMicro licencie 1 200 salariés dans sa filiale plates-formes mobiles
STMicro subit de plein fouet la crise économique. Et trimestre après trimestre le groupe franco-italien – dont l’Etat est un actionnaire de référence - annonce des licenciements massifs. Cette fois ce sont 1 200 salariés de la co-entreprise fondée il y a quelques mois avec Ericsson qui sont visés. En France, tout un secteur est désormais sur la sellette, en dépit des subventions de l’Etat.
Dégât collatéral d’importance, la crise économique pourrait bien sonner le glas de l’industrie microélectronique française. STMicro – le fabricant franco-italien – vient d’annoncer dans le cadre de la présentation de résultats trimestriels en forte baisse, un nouveau plan de restructuration. Cette fois au niveau de ST-Ericsson, la coentreprise réalisée en août 2008 et détenue à 50/50 par Ericsson Mobile Platforms et ST-NXP Wireless. Le but était alors de fournir des plates-formes globales à des fabricants de téléphones ou smartphones tels que Nokia, Samsung, Sony Ericsson, LG et Sharp.
Une grave crise plus tard, l’entité prévoit le licenciement de 1 200 de ses 8 000 salariés. Déjà, lors de la présentation de ses résultats 2008, le groupe avait annoncé la suppression de 4 500 postes, dont 3 200 sont déjà effectifs.
Les sites français concernés
Cette fois, le plan devrait s’achever en juin 2010 et « viendra s’ajouter au programme d’économies de coûts de 250 millions de dollars annoncé par ST-NXP Wireless en novembre 2008 », selon STMicro. Pour la CGT, les salariés français pourraient être massivement concernés. Ainsi, si la direction ne précise pas pour l’instant quels seront les sites et les pays impactés, « tous les pays et sites sont menacés dont la France, qui compte plus de 2 000 salariés » dans la coentreprise, selon le syndicat. Ce dernier rappelle également que « 500 postes ont déjà été supprimés en fin 2008, notamment en Allemagne ».
Et le cas de STMicro n’est pas isolé. Il y a quelques jours, Freescale, fabricant américain de composants pour les télécoms mais également l’automobile, annonçait la fermeture de son site de production toulousain d’ici 2011. 800 des 1 900 postes de l’ancienne filiale semi-conducteurs de Motorola seraient menacés, mais les salariés craignent que se soit le début d’un démantèlement général. Mi-mars encore, les salariés de Soitec, dans l’Isère, apprenaient le licenciement de plus de 10 % de l’effectif (860 personnes sur le site de Bernin).
Un groupe fortement subventionné
Chez STMicro, les salariés sont d’autant plus remontés que l’Etat français est l’un des deux actionnaires de référence (avec son homologue italien). La CGT rappelle d’ailleurs que lors d’une rencontre organisée mi-mars avec les syndicats du secteur, Luc Chatel, secrétaire d’Etat chargé de l’Industrie et de la Consommation, avait jugé la microélectronique stratégique pour l’Europe. C’est une activité particulièrement soutenue par l'Etat, qui a confirmé son engagement avec l’annonce par François Fillon – Premier ministre – d’un investissement fort sur le site de Crolles dans le cadre du plan Nano2012. Des subventions dont profite STMicro, fortement impliqué dans Crolles 3 et le pôle de compétitivité Minalogic. L'industriel revendique 340 millions d’euros alloués entre 2008 et 2012 pour son rôle de coordinateur sur le projet.
Jusqu’à présent, STMicro n’avait pas annoncé de restructuration liée à la crise, mais avait eu recours au chômage partiel en France, un recours qui s'est fortement accentué tout au long des premiers mois de l’année.
Au premier trimestre 2009, le groupe a enregistré une forte baisse de son chiffre d’affaires à 1,660 milliard de dollars et a creusé ses pertes (541 millions de dollars). Surtout, la marge brute s’est fortement réduite (-10 points sur un an) pour s’établir à 26,3 %.
Dans le récent classement établi par nos confrères des Echos, Carlo Bozotti, PDG de STMicro, est le seul patron du CAC40 à ne pas avoir dévoilé son salaire et autres primes. De peur d'allumer un incendie à quelques jours de l'annonce des licenciements ?