Internet, une cocotte-minute écologique au bord de l'explosion
Un groupe de scientifiques presse les acteurs IT à réduire leur empreinte carbone sous peine de surchauffe économique et écologique. Un cri d'alarme adressé à tous les détenteurs ou utilisateurs de datacenters pour imposer (enfin) une diminution de la consommation énergétique. Et leur éviter ainsi de scier la branche sur laquelle ils sont assis. Message transmis notamment à Google.
Un Internet en surchauffe qui pourrait griller l'ampoule Google. Face à un réseau mondial en perpétuelle progression, tant en termes de nombre d'utilisateurs que d'usages, les dépenses pharaoniques en énergie nécessaires pour accompagner cette croissance pourraient bien finir par faire sauter l'écosytème entier du réseau des réseaux. C'est ce que révèle un groupe de scientifiques et d'industriels de l'IT dans un article du quotidien anglais The Guardian, qui estime que cette accroissement des coûts, provoqué par les monstrueuses infrastructures du Net, risque à terme de faire disparaître des sociétés clé de l'Internet... comme Google. Les scientifiques réclament haut et fort une diminution de l'empreinte carbone d'Internet.
Selon le quotidien anglais, « avec plus de 1,5 milliard d'utilisateurs en ligne dans le monde, les scientifiques estiment que l'empreinte énergétique d'Internet augmente de plus de 10 % par an ». Face à ce constat, et au regard de la récession, les budgets liées aux dépenses énergétiques apparaissent de plus en plus élevés, par rapport à des rentrées d'argent qui, elles, diminuent. Et de citer en exemple YouTube, dont les faibles recettes publicitaires générées par son propriétaire, Google, ne parviennent pas à contre-balancer les coûts de sa pantagruélique infrastructure de diffusion de vidéo en ligne. The Gardian, en se basant sur des chiffres du Crédit Suisse, parle d'une perte de 470 millions de dollars cette année. A l'échelle mondiale, cette difficulté à monétiser les audiences, lacune propre au Web 2.0, pourrait tout simplement provoquer la perte des acteurs phares.
Pannes d'électricité, instabilité du réseau : le scénario catastrophe
Mais ce n'est pas tout. C'est l'infrastructure matérielle d'Internet qui pourrait s'en trouver ébranlée, entraînant alors dans sa chute - ou dans son instabilité chronique - les acteurs qui y ont bâti leur modèle. The Guardian parle ainsi d'interruptions de sites Web et de perturbations dans les communications, ainsi que des coupures d'électricité et de pannes partielles des fournisseurs d'énergie. Bref, un scenario catastrophe.
Ce pavé dans la mare jetté par quelques scientifiques vient doucher un marché qui tente depuis des mois de faire rimer datacenter avec GreenIT. Sans pour autant y réussir, comme le souligne Subodh Bapat, vice président chez Sun, cité dans l'article qui – de façon très surprenante -, explique que « chaque serveur consomme plus de watt que la précédente génération et chaque watt vaut plus cher ». Le responsable de la société californienne (récemment avalée par Oracle) prend à rebrousse-poil les discours défendus jusqu'alors par les constructeurs IT.
Une récente étude de la société britannique de conseil Tariff Consultancy faisait état d'une augmentation de 8 % des tarifs d'hébergement dans les datacenters, hausse provoquée notamment par un alourdissement des coûts (de l'ordre de 20 %) liés à l'électricité. Une autre étude d'un chercheur de l'université de Harvard a récemment expliqué que deux recherches réalisées sur Google – avec à chaque fois plusieurs requêtes - pouvaient générer la même dépense énergétique que de faire bouillir une bouilloire d'eau. Soit 7 grammes de CO2 par recherche, résultat que conteste Google.
Efficacité énergétique des datacenters : Google joue (pour une fois) la transparence