TMA : la prestation la plus exposée aux vents de l'offshore

11 %. C'est la part du marché de la tierce maintenance applicative déjà partie dans les pays à faible coût de main d'œuvre. Mais cette tendance déflationniste, qui s'ajoute à la pression sur les prix qu'exercent les DSI, n'empêche pas ce segment de poursuivre sa croissance. Avec encore 10 % de progression en 2008.

Dans une étude qui vient de paraître, Pierre Audoin Consultants (PAC) confirme une tendance qui se dessine déjà depuis de longs mois : porté par la TMA (tierce maintenance applicative), le marché des services applicatifs devrait résister à la purge que vit actuellement l'IT. Partant d'un niveau de 7,1 milliards d'euros en 2008  selon PAC, ce créneau devrait connaître une croissance moyenne de 2 % sur la période 2009-2011.

L'offshore, phénomène déflationniste

Si certains sous-segments de ce marché (comme la régie ou le conseil) souffrent fortement de la crise, l'outsourcing applicatif - l'appellation que les anglo-saxons préfèrent à TMA - a, selon PAC, encore progressé de 10 % en 2008 (à 1,7 milliard d'euros). A peine moins que les 11 % enregistrés en 2007 selon une précédente étude du même cabinet. Et encore, cette progression est-elle contrariée par plusieurs phénomènes déflationnistes, note Frédéric Giron, directeur des études de PAC : "la pression sur les prix exercée par les donneurs d'ordre, les effets de massification (les DSI ayant tendance à confier des périmètres de plus en plus larges à quelques prestataires) et enfin l'offshore".

pac

Comme le note le cabinet, la TMA est en effet le segment le plus exposé à l'offshore : selon PAC, en 2008, 11 % de cette activité était réalisée depuis des pays low cost (soit près de 190 millions d'euros). Pour les projets au forfait, ce taux se limite à 9 %, ce qui représente tout de même un volume d'activités supérieur (240 millions d'euros). Comme le note Frédéric Giron, ces taux devraient encore progresser : "aux Etats-Unis, entre 15 et 20 % du marché des services informatiques sont partis offshore et on semble atteindre un plafond. Pour la TMA seule, ce plafond est évidemment plus élevé."

[Lire notre enquête : TMA étendue, le nouveau gisement d'économies des DSI français]

[Lire la tribune de notre partenaire NelsonHall : la transformation de la TMA en outsourcing applicatif]

Comme l'expliquait déjà le cabinet dans une précédente étude, les DSI français préfèrent, pour passer à l'offshore, se tourner vers leurs prestataires traditionnels, plutôt que de faire confiance aux SSII indiennes. Selon les résultats d'une étude de PAC, 55 % des DSI français se tournent ainsi vers des SSII européennes - qui pour les grandes ont toutes construite une offre - quant il s'agit de se tourner vers les pays low cost. Tandis que 32 % font confiance aux prestataires américains et que 13 % citent les Indiens. "Ces derniers souffrent clairement d'un déficit d'image, mais ça viendra. Contrairement à ce qui se passe en Grande-Bretagne, où les positions de Logica sont bousculées, les SSII indiennes ne sont pas aujourd'hui en position pour mettre en danger les prestataires installés." Le mieux implanté des Indiens - Wipro qui a remporté des contrats significatifs chez Michelin et SFR - dépassera en 2009 les 50 millions d'euros de chiffre d'affaires dans l'Hexagone. Et pourrait passer le cap des 100 millions dès 2010.

Manque de maturité des donneurs d'ordre

En dehors de la prudence de grands comptes français face à des prestataires peu connus, cette timidité peut aussi s'expliquer par le manque de structuration des donneurs d'ordre eux mêmes. "Avec ses processus encadrés, ses méthodologies carrées, le modèle indien fait rêver, mais, chez les donneurs d'ordre, l'interface avec ce modèle hyper industrialisé n'existe pas", relève Frédéric Giron. Le référentiel eSCM, voué justement au pilotage de la relation avec les prestataires, reste ainsi peu exploitée dans l'Hexagone.

En savoir plus : lire notre analyse du référentiel eSCM parue en septembre dernier.

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