Avec les rachats de Borland et Compuware, Micro Focus prône l'ouverture
Le spécialiste de la modernisation d'application Micro Focus, venu du monde Cobol, poursuit sa stratégie d'expansion en se payant Borland et les activités de tests et d'assurance qualité logiciels de Compuware. Confirmant ainsi que la modernisation passe par l'ouverture. Une vraie transformation pour un éditeur historique très lié au monde Mainframe.
Le 7 mai dernier, Micro Focus a profité de la publication de ses résultats pour annoncer les rachats successifs des activités tests et de qualité logiciels de Compuware, et de ce qui reste de Borland, un acteur historique de l'industrie du développement et de l'ALM (Application LifeCycle Management), aux abois depuis plusieurs années.
Micro Focus, dont le métier est la modernisation d'applications Cobol sur systèmes mainframe envoie ainsi un signal clair à ses utilisateurs : celui de l'expansion et de l'ouverture. En pas moins de trois ans, l'éditeur a étendu sa surface d'action par des rachats successifs. Comme notamment ceux de Relatively Technologies (modernisation d'application) en janvier dernier pour 9,7 millions de dollars, de Liant (outils de développement) en juillet 2008 pour 5 millions et de Netmanage (connectivité avec les grands systèmes) en juin 2008 pour plus de 73 millions.
S'imposer sur le marché de l'ALM grâce à Borland
Les rachats des activités de Compuware et des restes de Borland viennent étoffer cet existant et le compléter. Les outils de tests et de qualité logiciels (Compuware Quality Solutions) rachetés à Compuware pour 80 millions de dollars viennent ainsi donner de la visibilité à MicroFocus sur le segment de l'assurance qualité logicielle auquel l'éditeur prédit un avenir radieux. Evalué actuellement à plus de 2 milliards de dollars, ce marché devrait en effet progresser fortement dans les années à venir, déclare Micro Focus dans un communiqué. Outre le fait gagner des clients et des parts de marché sur ce segment prometteur, l'éditeur renforce sa gamme Data Express qu'il positionne déjà sur le marché.
Pour Borland, Micro Focus apparaît comme le messie tant l'éditeur semblait être aux abois depuis de nombres années. Après avoir essuyé de plein fouet la concurrence d'Eclipse sur les outils de développement, Borland avait déjà vendu ses activités sur ce segment (activités rssemblées au sein de CodeGear), à Embarcadero. L'éditeur s'était alors recentré sur le marché de l'ALM (Application LifeCycle Management), la gestion du cycle de vie des applications et celui de la modélisation.
Dans ce marché très concurrentiel dominé par des tenors comme IBM rational ou HP (avec Mercury) et ciblé aussi par Microsoft, Borland n'est jamais vraiment parvenu à s'imposer. Micro Focus, qui paie 75 M$ pour la dépouille de Borland, devrait utiliser les outils ALM de l'éditeur fondé, il y a bien longtemps, par le français Philippe Kahn pour compléter son offre. Au passage, il complète aussi son carnet d'adresse en acquérant la base installée de l'éditeur qui est composée de 80% des 2000 plus grandes entreprises mondiales.
Le meilleur des deux mondes ou le mariage de la carpe et du lapin ?
Avec le rachat de Compuware et Borland, Micro Focus scelle « la fusion entre les deux mondes : de l'historique [son coeur de cible, NDLR] vers l'ouverture », comme l'indique Mathieu Pujol, analyste du cabinet Pierre Audoin Consultant. « En rachetant Borland et les activités de tests et de qualité logicielles de Compuware, Micro Focus met un pied hors des environnements historiques », commente -t-il. Tout en soulignant les questions stratégiques intéressantes pour l'éditeur. « MicroFocus se paie une base intéressante pour pas trop cher, avec un vrai outil de développement derrière. […] Ils ont ainsi un cycle complet », poursuit-il.
Restera alors à concrétiser. « Il reste quelques ombres sur les modèles de vente et la monétisation. Borland est relativement proche du monde du Libre. Comment vont-ils alors le présenter au marché? », s'interroge Mathieu Poujol, tout en rappelant que les clients initiaux de Micro Focus ont la tradition d'être « très stricts ». Dans le monde mainframe, on dit plutôt « rigoureux »...