VMworld : avec vCloud Director, VMware joue sa carte maitresse dans le Cloud
VMware a finalement utilisé sa conférence VMworld, qui s'achève aujourd'hui à San Francisco, pour dévoiler vCloud Director, son outil de provisionning et de gestion de cloud privés et publics jusqu'alors connu sous le nom de code "Projet Redwood" ? Une brique essentielle dans les efforts de l'éditeur de construire un écosystème de fournisseurs offrant des infrastructures de cloud compatibles avec sa technologie.
VMware l'avait subrepticement évoqué en juin 2009 lors de VMworld 2009, puis avait de nouveau fait allusion au "Projet Redwood" lors d'EMCWorld en mai 2010. En juin, l'éditeur aviat même commis la gaffe de publier par inadvertance les détails de ce projet. Finalement l'éditeur a profité de sa conférence annuelle VMworld pour lancer la clé de voute de sa stratégie de développement dans les nuages, un outil de provisionning, d'automatisation et d'administration de cloud, dont le nom commercial final est vCloud Director.L'outil a une double mission : tout d'abord permettre l'apparition d'un vaste écosystème d'offres publiques de cloud d'infrastructure (IaaS, Infrastructure as a Service) utilisant la technologie VMware, mais aussi la constitution par les grandes entreprises de leur propres infrastructures de cloud privés. Avec bien sûr comme corrolaire la possibilité pour les entreprises de déplacer des pans entiers de leurs applications de leur cloud privé ves un cloud public (et vice-versa) par le biais d'interface et d'outils standardisés.
Sylvain Sioux, directeur technique de VMware France, explique que cette solution permet de créer des pools de ressources virtuelles - machines virtuelles, réseau (avec plan d’adressage IPv4 interne), et stockage - comme autant de mini centres de calcul virtuels avec, chacun, ses stratégies d’administration, son niveau de service et sa tarification. Mieux, au sein d’un même groupe, il est possible de créer des vApp, un ensemble de plusieurs machines virtuelles dédié, par exemple, à la production d’un service précis. Avec, là encore, un plan d’adressage IP interne spécifique et une exposition, à l’extérieur, des seuls ports TCP/UDP utiles à l’exploitation du service produit, avec, en prime, une couche de translation d’adresses IP.
vCloud Director permet de compléter l’interface VI Client et d’apporter des capacités multi-tenant pour la gestion des ressources. L’idée est de permettre, à partir d’une infrastructure mutualisée, de créer des datacenter virtuels (ou vDC).
Reproduire des silos de serveurs ?
Bref, pour Sylvain Sioux, il s’agit là d’ajouter une couche d’abstraction : «vCloud director va permettre de redécouper des pools de ressources vSphere dans une logique de fournisseurs de ressources en fonction des caractéristiques physiques des fermes de serveurs, des classes de services, etc. Bref, du véritable multi-tenant.» Reste qu’une même vApp ne pourra pas exploiter des ressources de plusieurs fournisseurs virtuels de ressources. En clair, si vCloud Director «permet de reproduire des architectures auxquelles on est habitué dans le monde physique», Sylvain Sioux reconnaît volontiers le risque de reproduire certains silos : «il reste en effet encore du chemin pour faire des choses plus fines.»
Reste que vCloud Director devrait trouver toute sa place, dans les centres de calcul des grands hébergeurs et opérateurs partenaires de VMware qui eux, auront tout intérêt à cette segmentation pour proposer des ressources ad hoc à leurs clients dans le cadre, par exemple, de projets de cloud hybride. vCloud Director est en effet la pile logicielle qui manquait à ces acteurs pour proposer des offres d’IaaS standardisées. On devrait ainsi voir se multiplier les annonces d'offres de cloud VMware lors du prochain VMworld europe qui se tiendra à CopenHague du 12 au 14 octobre.
Des concurrents qui ne restent pas inactifs
Notons que si VMware progresse sur le secteur du cloud, il n'est pas le seul à s’intéresser à la question. L'éditeur doit faire face au dynamisme de pionniers tels qu'Amazon, mais aussi aux multiples déploiements de clouds sur base Xen ou KVM comme ceux de VP ou de So Privé en France. Citrix continue lui aussi à avancer ses pions sur le secteur avec son offre OpenCloud, basée sur Xen, et a récemment renforcé son offre d'outils d'administration via le rachat de VMLogix. Microsoft n'a pas dit son dernier mot et travaille également au développement d’une offre en nuage permettant aux entreprises de déplacer des applications et des données des datacenters internes vers sa plate-forme de cloud computing Azure. Enfin, Red Hat n'en finit pas de multiplier les annonces (notamment avec les annonces de Red Hat Cloud Access et les développements autour de KVM et d'Apache DeltaCloud) même si sa plate-forme est sans doute à ce jour celle qui à le plus à prouver.
Et c’est sans compter sur une foule de jeunes pousses telles que Joyent, dont la plate-forme Paas/Iaas, est commercialisée en version privée par Dell, ou comme Eucalyptus, dont la plate-forme de cloud - compatible avec les API Amazon EC2 - est intégrée à l'offre de Canonical. Enfin, il ne faut pas sous-estimer l'émergence d'offres libres comme OpenStack, la plate-forme de gestion de cloud soutenue par RackSpace et la NASA (qui supporte à la fois les hyperviseurs KVM, Xen et Oracle VirtualBox) ou comme Compatible One, l'offre de constitution et de gestion de cloud libre initiée par les acteurs du libre hexagonaux, dont le développement est soutenu par des financements du grand emprunt et de l'UE.