L’Open Source, acteur clé pour la création d’une industrie logicielle en Europe
Selon PAC, l’Open Source doit aujourd’hui aider l’Europe à se doter d’une industrie du logiciel et des services performante en jouant un rôle de catalyseur sur les technologies de Cloud et du middleware. Deux segments aujourd’hui peu représentés sur le Vieux continent, qui pourraient toutefois décoller à condition de favoriser l’émergence du modèle ouvert.
En matière de logiciels en Europe, “il reste comme un trou dans la raquette”. C’est ainsi que Simon Philibert, consultant chez Pierre Audoin Consultant, a conclut sa présentation des résultats de la dernière étude du cabinet ("2010-2020 : le futur de l'Open Source en Europe et son impact sur l'économie numérique "), menée pour l’Union Européenne. Une présentation réalisée dans le cadre d’une conférence de presse lançant l’édition 2010 de l’Open World Forum, grand raoût de monde Libre, les 30 septembre et 1er octobre à Paris.
Ainsi, selon lui, ce trou dans la raquette, c’est justement la place que devrait occuper l’Open Source pour créer une véritable industrie du logiciel et des services sur le Vieux Continent. “Aujourd’hui en Europe, il existe de grands acteurs sur toutes les couches du logiciel, à l’exception des couches middleware Open Source et Cloud Computing”, explique l’analyste. Deux segments aujourd’hui clés dans l’évolution de l’informatique d’entreprise, d’une part, mais également deux segments où le logiciel libre, on le sait, constitue l’ossature de base. Sans ces deux briques, l’industrie européenne est non seulement privée d’un segment où semble s’engouffrer les entreprises, mais également se prive d’un potentiel d’innovation. “L’Open Source, si elle sert de fondement au Cloud, favorise également la création d’applications”, rappelle-t-il.
Seulement voilà. L’Europe, aujourd’hui, qui pourtant reste le n°1 du logiciel ouvert dans le monde, confirme Simon Philibert, ne dispose pas d’un tissu de gros acteurs industriels suffisamment importants pour créer une véritable filière, semble-t-il dire. L’Europe, que ce soit en France, en Grande-Bretagne ou en Allemagne, “n’a pas son Red Hat”.
“L’Open Source est crucial pour l’Europe qui doit avancer vers le développement d’une industrie du logiciel”, confirme-t-il . Et d’ajouter : “L’enjeu de l’Union européenne aujourd’hui est d’être capable de construire une industrie et d’avoir des acteurs importants.” Et sans l’Open Source, le défi demeure visiblement impossible. Car “le modèle apporte la standardisation, la pression sur les prix et la compétitivité”, résume-t-il.
Et la France a son rôle à jouer dans cette histoire. L’Hexagone reste le leader du modèle, souligne Simon Philibert et connait la croissance la plus dynamique en Europe, devant la Grande-Bretagne et l’Allemagne. “Même si ces derniers devraient connaître rapidement un fort taux de croissance”, reconnait-il. En France, l’Open Source, avec un 1,4 milliard d’euros, compte pour 4% du marché des logiciels et services. En Europe, l’Open Source devrait connaître une croissance de 17 % en 2020, soit 4 à 5 plus rapide que le marché du logiciel classique. Un marché qui continue lentement à émerger.
Si, alors, l’UE doit favoriser l’émergence de l’Open Source sur le Vieux continent, quels sont les leviers suggérés par le cabinet d’analyste pour y parvenir ? D’abord l’éducation, commente Simon Philibert, tout en rappelant que “l’accent doit être mis sur la connaissance du modèle”. Tant au niveau des universités qu’au niveau des entreprises. Puis viennent ensuite “des mesures de soutien aux entreprises, comme la création de fonds d’investissements - un point qui fait également défaut en France -, accompagnée de mesures fiscales intéressantes”. L’Open World Forum, avec ses 140 intervenants venant de 40 pays et ses 1500 experts, pourra au moins répondre à la première problématique.