Le marché des PME reste un vrai casse-tête pour les éditeurs et constructeurs
Lors d'une table ronde sur l'équipement informatique des PME organisée à Londres par AMD avec la présence d'IDC, de Microsoft, de VMware, Gateway et Toshiba, les participants se sont évertués à faire le point sur le comportement d'achat des petites entreprises. Si tout le monde s'accorde à dire que la plupart des PME considère l'informatique comme un coût, sinon un mal nécessaire, nul ne semblait avoir la recette magique pour faire évoluer les mentalités.
Après avoir sévérement reculées pendant la crise, les dépenses informatiques des TPE et PME ont repris solidement au cours des deux premiers trimestres de l'année, à tel point que, selon IDC, le marché devrait avoir retrouvé son niveau d'avant la crise aux environs de la fin du premier trimestre 2011. Le dynamisme du marché des PME attise bien sûr la convoitise des géants du secteur. Lors d'une table ronde organisée à Londres mercredi dernier par AMD sur l'équipement informatique des PME, Microsoft, VMWare, Gateway et Toshiba ont ainsi tous cherché à mettre en avant les mérites de leurs offres respectives et les efforts qu'ils mènent pour adapter leurs solutions aux besoins spécifiques des PME.
Les besoins de ces entreprises, selon les participants ? De l'avis général, des offres simples à installer, facile à comprendre et dont le coût reste raisonnable, le tout accompagné d'offres de services et de support adaptées. A vrai dire, nous aurions été surpris qu'un des participants milite pour des offres compliqués et coûteuses...
Le Cloud oui, mais comment ?
Au-delà de ce consensus mou, quelques opinions divergentes ont émergé entre certains participants. Ainsi entre un Microsoft plutôt enclin à pousser les offres Cloud pour les PME et un VMware qui militait plutôt pour une étape de rationalisation et de virtualisation de l'existant avant une éventuelle bascule dans le nuage, il y a une véritable différence d'école. Les fournisseurs de matériels, faute de pouvoir réellement se différencier, se sont pour l'essentiel contentés de généralités, tout en laissant transparaitre une réelle peur du Cloud qui pourrait à terme sérieusement amputer une partie de leurs revenus, si ces services sont adoptés par les PME.
Jon King, de Gateway, a toutefois pointé du doigt la très grande réserve des PME pour le Cloud. "Rares sont les PME prêtes à confier leur applications et leurs données à un prestataire en nuage, a-t-il expliqué , sauf s'il s'agit d'un fournisseur de nuage local avec lequel elles peuvent discuter et sur lequel elle peuvent éventuellement taper en cas de problème". Un avis qui recoupe largement les témoignages que peuvent recueillir les journalistes du MagIT situés en province auprès de PME locales.
Un marché PME qui souffre d'une approche orientée sur les coûts
En fait, le marché des 23 millions de PME européennes est un casse-tête pour les constructeurs et les éditeurs. Il y a encore quinze ans, ces entreprises étaient épaulées par des réseaux relativement denses de distributeurs spécialisés (genre Infopoint, ECS, Econocom...), des réseaux qui, avec l'effondrement des marges et avec la baisse des prix, n'ont eu d'autre choix que de se refugier sur le segment des moyennes et grosses PME, susceptibles de leur acheter les prestations de services grâce auxquelles ils dégagent aujourd'hui une large part de leurs marges.
Conséquence : le segment des entreprises de 20 à 50 salariés est aujourd'hui plutôt mal desservi et c'est encore pire pour les TPE de 1 à 20 salariés, qui s'appuient pour l'essentiel sur des réseaux de distribution qui relèvent plus du grand public que du monde professionnel. Dans ces conditions, difficile pour les fournisseurs d'éduquer les utilisateurs et de faire évoluer l'équipement informatique de ces entreprises vers des offres plus avancées. Difficile aussi de sortir du sempiternel débat sur les prix. Les constructeurs paient d'une certaine façon la guerre impitoyable qu'ils se sont livrés au cours des dernières années et dont le principal argument a été la baisse des tarifs. Une guerre qui a éliminé nombre de prestataires de proximité, ceux qui traditionnellement équipaient les TPE et petites PME.
De l'aveu même des participants à la table ronde, il faudra sans doute de nombreuses années pour réparer les dégâts et sortir les PME d'une approche orientée vers la minimisation des coûts, pour passer à une réflexion centrée sur le retour sur investissement. Autrement dit sur les bénéfices que peut apporter la technologie à une entreprise. Et malgré les incantations d'usage et la bonne volonté affichée par tous les participants, nul ne semblait vraiment avoir la recette miracle pour y parvenir.
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