Java : un membre de la communauté dénonce un organisme de standardisation décrédibilisé
Doug Lea, un des cadres de la communauté Java et membre du comité exécutif du JCP a décidé de quitter l’organisme qu’il juge aujourd’hui dénué de crédibilité. Il fait notamment référence à l’indifférence d’Oracle qui passe outre les dissensions internes et impose sa feuille de route. Un signe que l’organisme se fane de plus en plus.
Les méthodes de Larry Ellison ne semblent vraiment pas convenir à la communauté Java. Alors que les départs des ex-employés de Sun se poursuivent - dernier en date, celui de Mike Shapiro de la division Open Storage -, le JCP (Java Community Process), l’organisme en charge de la gouvernance et de la certification de la plate-forme Java, poursuit également sa lente dégradation.
C’est du moins le point de vue de Doug Lea qui a décidé de ne pas demandé le renouvèlement de son poste au sein du comité exécutif de l’organisme. Un refus d’un membre influent de la communauté Java en forme de désaveu, Doug Lea expliquant ne plus vouloir s’investir dans le futur de Java, face à “l’indifférence” d’Oracle.
Dans un message adressé à la communauté du JCP, il écrit, en colère : “j’estime que le JCP n’est plus crédible tant en matière de spécification que d’organisme de standardisation et qu’il n’y a plus d’intérêt pour un défenseur indépendant de la communauté académique et universitaire d’y siéger.” Une perte complète de crédibilité imputée entièrement à Oracle, affirme-t-il, qui traite avec indifférence les dissonances créées par Sun dans le JCP, sans même essayer d’y mettre un terme ou d’améliorer la situation. Et d’ajouter : “si, en effet, ils agissent comme ils l’ont promis [en parlant d’Oracle, NDLR], le JCP ne peut devenir qu’un organisme d’approbation pour les projets soutenus par Oracle”. Autrement dit, les passages en force d’Oracle ont eu raison du caractère supposé impartial de l’organisme, déjà en proie aux dissensions sous l’ère Sun.
Projet Harmony, révélateur des dissensions
Si Doug Lea n’y fait pas directement référence, on se rappelle les litiges qui opposait Sun à la fondation Apache autour du projet Harmony. Un projet d’implémentation Open Source de Java qui, en dépit de ses demandes à répétition, s’est toujours vu refuser une licence du TCK, le kit de compatibilité Java, nécessaire à la validation du projet. Ce refus avait bien sûr tendu les relations entre Sun et le JCP. Depuis, Oracle a repris le flambeau de Sun, écartant toujours Harmony.
C’est d’ailleurs en partie cet élément qui a provoqué le ralliement, très récent, d’IBM à la cause d’OpenJDK, une implémentation Open Source de Java soutenue par Oracle, écartant d’un revers de main Harmony, qu’il supportait pourtant depuis longtemps. Ce rapprochement Oracle / Big Blue autour d’OpenJDK laissait entendre qu’Oracle et IBM avaient fermement l’intention de court-circuiter les processus de validation du JCP.
Doug Lea va encore plus loin. Et recommande à la communauté de purement abandonner les spécifications du JCP pour se jeter à corps perdu sur OpenJDK, qui repose sur le principe d’un code partagé. Il nuance toutefois : “OpenJDK repose sur des sources partagées, mais pas sur un organisme où les specifications sont partagées ; il ne constitue pas, en surface, une alternative. Mais, à ce jour, un modèle de développement collaboratif de sources communes sur le modèle de Linux est préférable à celui du JCP, afin d’être plus efficace pour relever les défis à venir.”
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