Résultats : Les SSII indiennes ont le sourire...
La crise appartient désormais au passé pour les SSII indiennes. Leurs derniers résultats trimestriels sont là pour le confirmer. Mais ce retour à bonne fortune n’en est pas moins porteur de menaces avec, notamment, des recrutements, une attrition et une inflation sur les rémunérations clairement repartis à la hausse. Le tout sur fond de montée des protectionnismes.
Pas de doute, ça va mieux. Les récents résultats trimestriels des SSII indiennes en témoignent : un chiffre d’affaires de 2 Md$ pour TCS, de 1,74 Md$ pour Wipro, de 1,5 Md$ pour Infosys, et de 804 M$ pour HCL Technologies, mais surtout, pour chacun, une croissance sur un an au troisième trimestre 2010, comprise entre 21 % pour Wipro, et 30,3 % pour TCS... Les bénéfices nets en profitent directement : 454 M$ pour TCS (+35,4 %), 374 M$ pour Infosys (+18 %), et 292 M$ pour Wipro (+20 %). Là, HCL fait figure de perdant avec seulement 72 M$ de bénéfice net pour le trimestre, soit 9 % de mieux qu’un an plus tôt. «Peut mieux faire» est le message que les marchés ont adressé à la SSII face à ce résultat et, notamment, au recul régulier de sa marge brute depuis le second trimestre 2008 : elle était alors de 40,5 %; elle est désormais de 31,6 %. Vineet Nayar, PDG de HCL Technologies, explique cette situation tant par les augmentations accordées à ses collaborateurs que par les mesures mises en oeuvre pour compenser la volatilité de la roupie face au dollar et à l’euro. Un exemple simple permet d’illustrer la réalité de la menace : alors qu’en dollars le bénéfice net de HCL a progressé d’environ 9 % sur un an au cours du dernier trimestre, en roupies, il n’a cru que de 3 %. Plus généralement, de nombreux analystes s’accordent à penser que la rentabilité des SSII indiennes devrait être affectée par l’appréciation de la roupie face au dollar au cours des trimestres à venir.
Le retour de la course à l’embauche
Satyam souffre encore du scandale |
Le scandale qui a éclaté entre la fin 2008 et le début 2009 continue de pénaliser Satyam. Après son rachat par Tech Mahindra, la SSII a encore besoin de six à huit mois pour pouvoir revenir sur les marchés boursiers américains, tant pour des raisons techniques que pour des raisons d’image. Une image qui a également souffert en Inde. En moins de deux ans, 17 000 collaborateurs ont quitté Satyam. La SSII revendique 44 nouveaux contrats sur la période, pour un total de 500 clients. Mais son chiffre d’affaires audité a très fortement reculé : pour l’exercice clos le 31 mars 2010, il n’a été que 54,8 MRs, contre 88,1 MRs pour l’exercice précédent. |
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Mais ce n’est pas la seule menace qui pèse sur les SSII indiennes. Il y a bien sûr les récentes mesures protectionnistes américaines, face auxquelles les SSII n’ont d’ailleurs pas encore baissé les bras. Elles comptent sur la prochaine visite de Barack Obama dans le sous-continent pour obtenir une inflexion. Mais certaines prévoient déjà de renforcer leurs effectifs nord-américains, encouragées notamment par le Nasscom, la chambre syndicale des SSII indiennes. Ou encore leur présence en Europe, comme TCS qui y envisage des acquisitions.
Il y a également le retour de la course à l’embauche et aux augmentations. Au cours de leur exercice fiscal en cours, les SSII indiennes vont chercher à recruter au moins 90 000 personnes, contre 20 000 l’an passé. La pression est telle que les SSII commencent à recruter des diplômés au profil non technique pour leurs activités d’administration d’infrastructure à distance. Au final, les niveaux de recrutement sont revenus à leurs sommets de l’automne 2007.
Une reprise encore timide ?
Et enfin, si, pour beaucoup, la reprise est clairement là, c’est principalement aux Etats-Unis. En Europe, Som Mittal, président du Nasscom, perçoit clairement une croissance de l’activité des SSII indienne... mais il se garde néanmoins d’en déduire l’existence d’une réelle reprise sur le vieux continent.
Chez Wipro, Girish Paranjpe, co-PDG de la SSII, ne cache d’ailleurs pas percevoir une certaine frilosité des clients à s’engager brutalement sur de gros contrats : l’heure est encore à la prudence.