Amazon rêve de faire du cloud l'un des moteurs financiers du groupe
L’ouverture à la gratuité des services d’infrastructure Cloud d’Amazon, annoncé lors de la publication des trimestriels du groupe, soulève la question de la santé financière de la division Web Services du groupe, AWS. Les chiffres de cette division reste encore largement secrets même si le groupe espère, un jour, les voir atteindre ceux de ses activités de retail.
Semaine riche et annonces pour le spécialiste de vente en ligne, Amazon. Après avoir publié de bons résultats financiers, l’Américain a décidé de proposer une version gratuite (et limitée) pendant un an de son offre de Cloud Computing. Avec pour objectif officiel dedonner la possibilité aux développeurs qui ne connaissent pas les technologies du groupe, “de se faire la main sur les services et de tester des nouvelles applications dans le Cloud, en limitant ainsi les risques financiers”, indique Amazon dans un communiqué. En bref, l'idée est d'attirer de nouveaux clients, qui se transformeront à terme en des utilisateurs payants des services AWS. Comme en témoigne le site d’AWS, qui parle bien de “nouveaux clients AWS”.
Et le groupe ne fait pas les choses à moitié. Il ouvre dans le cadre de ce programme l’ensemble de services AWS. A partir du premier novembre, les nouveaux utilisateurs disposeront d’une instance Amazon EC2 Micro Instance gratuitement pendant un an, ainsi qu’un accès, également gratuit, à Amazon S3, Amazon Elastic Block Store, Amazon Elastic Load Balancing et AWS data transfer. Chaque service étant accompagné de capacités limitées (voir les détails sur le site AWS), qui suffisent toutefois pour faire fonctionner une application convenablement.
A priori, on ne peut que se féliciter de cette initiative. Mais elle a relancée une question récurrente : Quelle sont exactement la santé financière et le poids de l'activité AWS d'Amazon? En ouvrant ses services Cloud à la gratuité pendant un an, et en maintenant le silence sur les chiffres de cette activité, le groupe laisse planer un doute sur la taille de l'activité d'AWS estiment certains analystes. Son activité serait-elle trop maigre, contraignant le groupe à faire grossir une base d’utilisateurs, aujourd’hui peu génératrice de revenu, en créant un produit d’appel gratuit ?
Plusieurs centaines de milliers de clients pour AWS
La multiplication des questions sur la rentabilité d'Amazon AWS a contraint Kay Kinton, une des porte-parole de la firme a sortir de sa réserve : “Nous ne donnons pas les résultats financiers d’AWS” explique-t-elle, tout en ajoutant : “Nous sommes très satisfait de la croissance de l’activité [de AWS, NDLR]. Nous avons des centaines de milliers de clients dans plus de 190 pays - à la fois des start-up et des grands comptes [NDLR : le plus gros client AWS ferait aujourd'hui tourner plus de 15000 instances serveurs, selon des informations récemments obtenues par LeMagIT lors de VMworld Europe]. Pour vous donner une idée de l’ampleur de l'activité dont nous parlons, nous avons dépassé récemment les 200 milliards d’objets dans le Amazon Simple Storage Service (Amazon S3) la semaine dernière et atteint un pic de 199 000 requêtes par seconde. C'est une forte hausse comparé aux 83 milliards d’objets recensés à la même époque il y a un an. C’est cette même envergure qui nous permet de fournir à nos clients ces services gratuits afin qu’il puisse faire leurs armes. Si vous regardez en arrière, AWS a pour tradition de répercuter, auprès de ses clients, ses économies d’échelle sous la forme de réductions de tarifs”. Tout en ajoutant que le groupe espère à terme que ces activités AWS deviennent aussi importantes que celles du retail car “nous croyons que le Cloud est la technologie qui prédominera”, déclare-t-elle en substance.
Un trimestre record pour le groupe avec un CA en hausse de 39%
Aujourd’hui le gros des revenus d’Amazon est toujours généré par les activités coeur de métier de vente en ligne, comme en témoignent les derniers trimestriels du groupe. Au T3, les activités “Woldwide media” du groupe ont progressé de 14% à 3,35 milliards et celles estampillées “Worldwide Electronics & Other General Merchandise” ont bondi de 68% à 3,97 milliards. Au total, Amazon a enregistré un CA en hausse de 39% sur un an, à 7,56 milliards de dollars. Le bénéfice net, quant à lui, progresse de 16% sur la période pour atteindre 231 millions de dollars. Des chiffres qui dépassent nettement les prévisions des analystes qui tablaient sur un CA de 7,37 milliards.
La publication des résultats d'Amazon ne fait toutefois apparaitre aucune trace d’AWS. A moins que cette activité ne soit noyée dans la ligne “Technology and content” . Cette dernière affiche un CA de 442 millions, en hausse de plus de 40% sur un an.