SSII : Capgemini revient enfin à la croissance
Porté par le retour en grâce de l'intégration de systèmes, Capgemini voit son chiffre d'affaires progresser au troisième trimestre, après de longs mois de vaches maigres. La SSII poursuit sa mutation vers les pays offshore, quitte à voir ses prix de vente s'éroder trimestre après trimestre.
Cette fois, Capgemini repasse la marche avant : il est vrai favorisée par les mauvais chiffres de l'été 2009, la SSII signe un troisième trimestre 2010 en croissance, ce qui ne lui était plus arrivé depuis 18 mois. A 2,1 Md€, le chiffre d'affaires s'affiche en progression de 2,5 % sur un an, à taux de change et périmètres constants. Rappelons que, lors du second trimestre, il était encore en recul de 4,4 %. Ce rebond amène la première SSII hexagonale pas très loin de son objectif pour le second semestre (progression du chiffre d'affaires entre 3 et 5 %), même si Cap ne regagne pas encore tout le terrain abandonné en 2009 (avec une décroissance de 9 % il y a tout juste un an).
Bonne nouvelle pour Cap, qui reste une société avant tout tournée vers les projets : ce sont les activités cycliques qui portent cette reprise. L'intégration de systèmes progresse ainsi de 7,9 %, bond qui s'explique par "l'excellente performance des services financiers", note la SSII dans un communiqué. Précisément l'un des secteurs qui a le plus plongé durant la crise. Les services de proximité (soit Sogeti) connaissent, eux, une croissance de 4,2 %. Toujours en berne, le conseil limite un peu la casse après plusieurs trimestres de décroissances sévères : le recul est contenu à 4,1 %.
La France tout juste stable sur un an
Handicapée par son segment infogérance depuis plusieurs trimestres - une déconvenue que Cap explique "intégralement par la baisse du volume de chiffre d’affaires réalisé sur deux grands contrats", la SSII continue à encaisser une décroissance sur ce secteur (- 2,8 %). Le recul est toutefois largement moindre qu'au trimestre précédent (- 7 %). Et Cap évoque des prises de commandes dynamiques dans l'infogérance au cours du troisième trimestre.
La France, seconde source de revenus du groupe derrière la Grande-Bretagne, est quasi-stable sur un an, à 433 M€. La progression du chiffre d'affaires provenant avant tout d'outre-Manche - malgré les baisses d'activités consécutives aux négociations avec le gouvernement britannique lancé dans une opération de coupes budgétaires drastiques- , de la zone Allemagne-Europe Centrale, des pays nordiques et d'Europe du Sud.
De plus en plus d'offshore, des tarifs journaliers qui s'érodent
Comme promis par Paul Hermelin début 2010, la société poursuit une politique active de recrutements et repasse au-dessus du seuil des 100 000 employés (contre 95 500 à la fin du premier semestre). Un total qui n'inclut pas les 5 700 personnes que Cap héritera de CPM Braxis, SSII brésilienne dont l'acquisition a été finalisée en octobre. Même si les effectifs de la SSII repartent à la hausse dans les pays développés, c'est encore et toujours l'offshore qui profite le plus de ce mouvement : deux-tiers des quelque 23 000 personnes recrutées au troisième trimestre concernent les pays à bas coût (l'Inde en premier lieu). "L’effectif offshore représente 37 % de l’effectif total au 30 septembre 2010", explique Capgemini dans un communiqué. A la fin du premier semestre, ce taux n'atteignait qu'un peu plus de 34 %.
Ce choix d'augmenter le poids de l'offshore dans ses prestations se ressent sur le tarif journalier moyen. En intégration surtout, où celui-ci passe à 395 € au troisième trimestre, contre 422 € il y a trois mois, et encore 444 € au premier trimestre 2010. Moralité : ce sont avant tout les donneurs d'ordre qui bénéficient des baisses de coût engendrées par la délocalisation offshore. D'ailleurs, Cap affiche un objectif de marge opérationnelle prudent pour 2010 (plus de 6,5 %), contre 7,1 % en 2009, pourtant l'épicentre de la crise.
En complément :
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