Remaniement : Eric Besson revient en deuxième semaine
On prend le même et on recommence. En revenant à l'Economie Numérique, Eric Besson retrouve sur son bureau des dossiers laissés en suspens ou dont la mise en œuvre reste incomplète. Avec son rattachement à l'Industrie, le porte-feuille du numérique peut espérer voir les déclarations d'intention se transformer (enfin) en actions.
Le maroquin de l'Economie Numérique n'est-il, pour le Président Sarkozy, qu'un hochet confié à un loyal soldat dans l'attente d'une nouvelle mission ? Cela y ressemble de plus en plus. Confié à Eric Besson, transfuge du Parti Socialiste, le porte-feuille de l'Economie Numérique revient à celui pour lequel il avait été créé. Il est cette fois rattaché au ministère de l'Economie - toujours confié à Christine Lagarde - et associé au porte-feuille de l'Industrie. Enfin, de secrétaire d'Etat, Eric Besson devient ministre de plein exercice. Pour l'ex-socialiste et fidèle soldat du Sarkozysme, ce transfert permet surtout de l'éloigner des remous du ministère de l'Immigration et de l'Identité Nationale, où il avait vu son nom associé à des dossiers sulfureux et où il s'était accroché avec le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, notamment au sujet de la circulaire sur les Roms.
NKM : le numérique, c'était faute de mieux
Si ce rapprochement avec la thématique de l'Industrie peut constituer une bonne nouvelle pour le secteur en France, ce dernier peut toujours regretter de ne pas voir apparaître au sein du gouvernement un ministère entièrement consacré au numérique. En rejoignant le Minefi, le maroquin de l'Economie numérique se voit - enfin - doté d'une réelle administration. Faute de disposer de cette force de frappe, Eric Besson première période et Nathalie Koscuisko-Morizet (NKM), qui lui avait succédé en janvier 2009, en étaient un peu réduits à des opérations de communication et à un rôle d'animation interministérielle. Une NKM qui, à l'occasion de ce remaniement, prend clairement du galon en devenant ministre de l'Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement. Soit n° 3 du gouvernement. Manifestement, les quelque 22 mois de purgatoire de NKM à l'Economie Numérique ne lui ont pas été inutiles. Rappelons que NKM avait atterri à ce poste après des dissensions avec son ministre de tutelle de l'époque, Jean-Louis Borloo. Lors du précédent remaniement, en juillet 2009, la Secrétaire d'Etat avait tenté de s'échapper de ce poste qu'elle jugeait manifestement trop étriqué. En vain. Ses vœux sont aujourd'hui exaucés.
Plans, rapports, déclarations d'intention : passer au concret
Si NKM a donc, presque depuis ses débuts au Numérique, tenté de s'en échapper, son image reste relativement bonne dans le secteur. A son crédit, son activité pour faire entendre la voie du numérique dans le Grand Emprunt. Elevées au rang de priorité nationale, avec un investissement direct prévu de 4,5 milliards d'euros pour la société numérique (infrastructures à haut débit et contenus), les TIC doivent aussi bénéficier des enveloppes consacrées aux PME innovantes, à l'éducation, à la recherche, voire au développement durable (via les éléments technologiques associés). A souligner également, les efforts de NKM en faveur de la mise en place d'un droit à l’oubli numérique. D'Eric Besson, le secteur conserve avant tout le souvenir de son plan France Numérique 2012, rassemblant 154 propositions dans quatre domaines (permettre l’accès au haut débit à tous les Français ; favoriser l’offre et la production de contenu ; diversifier les usages, notamment dans les administrations et les entreprises ; améliorer la gouvernance du secteur numérique). Là encore, un plan à l'époque relativement bien accueilli.
Si le secteur s'est depuis deux ans et demi globalement félicité de trouver une oreille attentive au gouvernement, il mesure depuis quelques mois le décalage qui peut exister entre le dialogue et la mise en œuvre. En avril dernier, Syntec Informatique, la chambre patronale des SSII et éditeurs, pourtant clairement favorable a Nicolas Sarkozy lors de l'élection présidentielle, n'avait pas hésité à flinguer la méthode de l'exécutif. En cause : beaucoup de rapports et de plans ambitieux... débouchant sur peu d'actions. Une saillie qui visait y compris le Plan numérique 2012 initié par Eric Besson et au sein duquel nombre de mesures doivent encore trouver leur concrétisation (création du Conseil National du Numérique, haut débit pour tous, concurrence dans le mobile, etc.). Le nouveau ministre de l'Industrie pourra donc, pour partie, reprendre ses dossiers là où il les avait laissés. Le secteur peut espérer que le rattachement du numérique à l'industrie donnera plus de poids aux arguments d'Eric Besson au sein du nouveau gouvernement. En espérant que les thèmes chers au secteur ne se trouvent pas dilués par d'autres préoccupations.
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