Java : Oracle demande à Apache de reconsidérer sa position
Une semaine après les menaces de la fondation Apache de quitter le JCP et d’inciter le comité exécutif de l’organisme de voter contre le prochain Java, Oracle décide de répondre en demandant à la fondation de reconsidérer sa position et de collaborer avec lui. Une réponse en demi-teinte qui n’aborde pas le problème posé par Apache.
Finalement, Oracle a répondu. Une semaine jour pour jour après les menaces de la fondation Apache de quitter le JCP (Java Community Process), l’organisme en charge de la gouvernance de Java, la firme de Larry Ellison a décidé de monter cette fois-ci au créneau et demande à la fondation de “reconsidérer sa position”.
Le 9 novembre dernier, quelques jours après les élections du Comité exécutif du JCP, la fondation Apache, membre historique de ce comité, décidait, une fois réélue pour 3 ans supplémentaires, de publier un billet sur son site Internet par lequel elle encourageait les autres membres de JCP à ne pas voter en faveur de la prochaine version de la plate-forme Java. Allant jusqu’à menacer l’organisme - ainsi qu’Oracle - de claquer la porte du comité. Une déclaration de guerre de la part de la fondation Open Source qui, après avoir été réélue haut la main au comité exécutif, essaie d’user de son influence pour faire changer la donne.
Pour mémoire, la fondation soutient qu’Oracle - et auparavant Sun - a limité l’utilisation du TCK (Test Compatibility Kit), utilisé pour tester la validité du projet Harmony (une implémentation Open Source de Java de la Fondation Apache). Une limite imposée dans les conditions d’utilisations (FOU - Field of Use) qui, selon Apache, violent les termes de JSPA (Java Specification Participation Agreement) - qui définit les termes d’utilisation de Java - en n’étant pas disponible à l’Open Source.
Visiblement inquiet, Oracle a donc décidé de répondre à la fondation, par la voie de Don Deutsch, vice président des standards et des architectures chez Oracle. S’il demande sur son blog à Apache de “reconsidérer sa position et de travailler avec Oracle et la communauté pour faire évoluer Java”, il ne fait en revanche que répéter les termes du JSPA, qu’il estime “justes, raisonnables et non-discriminatoires”. Sans véritablement apporter une réponse aux problèmes exposés par Apache dans son billet : licencier le TCK.
Oracle et le lourd héritage Sun
Si Monty Widenius, patron de Monty Program, et fondateur de MySQL, rencontré lors de Forum PHP 2010, explique globalement que cette différence d’approche entre Oracle et l’Open Source est culturelle et politique - “Oracle étant une grosse machine à profit” reposant sur un modèle dissocié de celui de l’Open Source - , Mike Milinkovitch, le directeur exécutif de la fondation Eclipse nous livrait une autre explication.
Dans un entretien avec la rédaction lors de l’Eclipse Day Paris, le 5 novembre dernier, le patron d’Eclipse rappelait qu’Oracle, aussi différent soit-il économiquement parlant que Sun, avait hérité d’un lourd passif en matière de gouvernance de Java. Un JCP en pagaille, en somme. “La mauvaise nouvelle [la bonne étant les investissements qu’Oracle injecte dans Java, NDLR] est qu’au niveau de la gouvernance de Java, il a hérité d’un environnement en pagaille. Le plus frustrant pour moi est de voir certains blogs considérer qu’Oracle est le “vilain gendarme”. Mais il n’en est pas à l’origine. Et cette pagaille existe au moins depuis trois ans. Mais il entend résoudre le problème. Il ne le fera peut-être pas de la façon dont tout le monde souhaite. La différence entre Oracle et Sun, c’est qu’Oracle prend des décisions qui sont bonnes pour son business, et les applique. Vous faites avec ou pas, mais il n’y a pas d’ambiguité. Si je pense que cette stratégie peut s’avérer efficace sur le long terme, j’anticipe en revanche une certaine agitation dans les 12 prochains mois.”
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