PTC, l’éditeur de PLM et CAO, qui veut aller chercher Dassault et Siemens
A l’occasion de sa conférence utilisateurs PlanetPTC Live, l’Américain PTC, éditeur de solutions de CAO et de PLM, a démontré que la crise était terminée pour lui et a affiché ses ambitions très prometteuses pour 2011. Une croissance qui sera alimentée par sa nouvelle suite de CAO Creo et par une agressivité soutenue sur le segment du PLM. Dans le viseur : Dassault et Siemens.
“Qu’il fait bon vivre chez PTC”, attaque, à l'américaine, James Heppelmann (voir illustration), président et directeur général de PTC, le spécialiste de la CAO (Construction assistée par ordinateur) et du PLM (Product Lifecycle Management), de visite en France pour rencontrer sa communauté française, à l’occasion de la conférence PlanetPTC Live, qui s’est déroulée à Paris les 15 et 16 novembre.
PTC profite d’un marché du PLM en plein essor, poursuit-il tout en livrant les chiffres du dernier exercice fiscal de l’entreprise. Et pour cause. Pour son année 2010, l’éditeur a généré un chiffre d’affaires au delà du milliard de dollar (à 1,01 Md$), dopé notamment par une hausse de 39 % des ventes de licences. L’éditeur affiche en 2010 une croissance de 8 %, après avoir connu un décroissance de plus de 12 % en 2009, pendant la crise, à cause notamment “d’une politique de réduction des coûts assez peu agressive”, souligne James Heppelmann. Ce retour à la croissance, l’éditeur le doit encore essentiellement à son portefeuille PLM, dont le produit phare - Windchill - a séduit quelque 19 “entreprises domino” (des grands comptes “référents” dans leur secteur d’activité, comme Volvo, EADS et plus récemment Beneteau) depuis 2009. Comprendre des clients qui étaient certainement acquis à la cause de Dassault Systèmes et Siemens, les deux concurrents du groupe. Deux acteurs chez qui PTC entend, en 2011, aller cueillir quelques clients supplémentaires.
PLM et ERP : PTC plaide pour la dissociation
Cette vigueur, PTC la doit également à un marché du PLM en pleine mue. “Il y a 10 ans, les gens n’étaient pas sûrs de savoir ce qu’était la couche de PLM, commente James Heppelmann. Et les entreprises d’ERP [SAP et Oracle, également concurrents du groupe, NDLR] sont moins compétitives aujourd’hui”. PTC s’attend donc à voir les entreprises dissocier ERP et PLM. “Les clients ont deux systèmes différents, et ils vont investir au même niveau dans l’ERP que dans le PLM”, explique le Pdg, histoire d’illustrer le potentiel sous-jacent du marché de la gestion du cycle de vie des produits.
Et le groupe espère poursuivre sa croissance en 2011 sur un rythme effréné. Si la reprise se confirme, le groupe table sur un CA en hausse de 10 à 12 %, alimentée par “une progression des ventes de licences de 20 à 25 %, de 10 % pour les services et de 5 % pour la maintenance”, détaille James Heppelmann. Le groupe prévoit un taux de croissance moyen d’environ 13 % jusqu’en 2014, date à laquelle le groupe devrait générer 1,6 milliard de dollars de CA, selon ses prédictions.
Comment ? En totalisant 30 comptes “dominos” d’ici à la fin 2011, raconte le très confiant Pdg, mais également en s’appuyant sur un portefeuille technologique remanié : d’abord WindChill 10, mais également un nouvelle offre de CAO, baptisé Creo, que le groupe entend lancer courant 2011.
Tailler des croupières à Catia et AutoCad
Creo est présenté comme une offre modulaire combinant plusieurs applications, avec la volonté de simplifier l’utilisation et l’interface de la CAO. Avec Creo, l’idée est de proposer une suite applicative - reposant sur les briques déjà existantes du groupe -, de les rendre intéropérables et de les modéliser en fonction des rôles de chacun dans l’entreprise. “Aujourd’hui Catia [l’outil de CAO de Dassault, NDLR] est utilisé essentiellement par des Power Users, mais il existe des utilisateurs plus lambda dans tous les départements. Nous pensons qu'une approche monolithique des applications n’est plus productive, d’où cette approche modulaire de Creo”, explique Marc Diouane, ex-directeur général pour l’Europe et l’Asie de l’éditeur, récemment nommé vice-président des services du groupe. Puis il ajoute : “Les entreprises domino ont investi il y a 10 ans dans des technologies, sur lesquelles elles ont opéré des développements spécifiques, mais elles n’en sont pas satisfaites”. Avec Creo, l’objectif est clairement affiché : prendre des parts de marché, remplacer AutoCad et Catia pour ne proposer au client qu’un seul fournisseur, précise-t-il.
Creo - même s'il s’apparente à la refonte d’une offre déjà existante - dispose “de belles opportunités en matière de ventes de licences”, résume James Heppelmann, sans toutefois chiffrer ce potentiel. Cette suite devrait servir à accélérer la croissance des activités de CAO, explique-t-il en substance. Aujourd’hui, l’essentiel des revenus de PTC provenant des activités de PLM cœur.
Si les perspectives en termes de résultats, s’avèrent plutôt prometteuses, PTC n’exclut toutefois pas quelques rachats, mais très ciblés, qui viendront soutenir la croissance du groupe. “Avec 250 millions de CA pour 100 personnes, les services sont appelés à grandir, raconte Marc Diouane. Il va falloir se reposer sur des partenaires [les intégrateurs, NDLR] et il se pourrait bien que ce soit une cible de choix.”