L'industrie logicielle européenne peine à concurrencer les américains sur ses terres

Bonne résistance à la crise pour l’ensemble des acteurs européens mais un marché toujours largement truster par les éditeurs d’origine américaine. L’Europe – et encore plus la France – peine à exister au niveau logiciel y compris sur ses terres. La concentration et un changement de modèle – avec le Saas – pourraient bien accentuer la tendance.

Neuf. C’est le nombre de sociétés françaises que compte le top 100 des éditeurs de logiciels sur le marché européen, produit par le cabinet OC&C Strategy Consultants. Et le premier – Cegedim – n’est pas vraiment un pur éditeur et ne pointe qu’à la 17ème place. De quoi apporter de l’eau au moulin de ceux qui militent de longue date pour une véritable politique industrielle du logiciel dans l’hexagone.

Au delà, c’est toute l’Europe qui est concernée puisque, selon l’étude, « le marché européen des éditeurs de logiciels est dominé par les entreprises américaines et leurs filiales qui totalisent 65% du marché ». Et la concentration aidant, les choses ne devraient pas s’arranger. OC&C note que le marché est en effet de plus en plus resserré et les 10 premiers acteurs sur le sol européen représentent désormais 58% du marché total, évalué à 52 milliards d’euros de chiffre d'affaires pour 14 milliards de résultat opérationnel. C’est d’ailleurs eux qui profitent le mieux de la bonne résistance à la crise, quoique, selon l’étude, « la plupart des éditeurs ont résisté à la récession grâce à la stabilité de leurs contrats de maintenance et d’assistance ». Résultat : une baisse moyenne du chiffre d’affaires pour ce secteur de seulement 0,6% sur 2009.

Derrière les entreprises américaines – qui trustent le top 10 avec neuf représentants -, l’Allemagne (forte de SAP classé 4ème), le Royaume-Uni (avec Sage classé 11ème) et la France forment le trio des poursuivants. Positif, OC&C estime qu’il existe cependant un ensemble solide d'acteurs européens au-delà du top 10 qui représentent 22 milliards d’euros de chiffre d'affaires.
Le cabinet d’étude note cependant que « l’influence du Royaume-Uni sur ce marché est plus importante que son classement ne pourrait le laisser présager puisqu'il accueille les sièges sociaux européens d'un grand nombre d'acteurs américains ». Londres demeure donc la place forte du logiciel européen, du moins au niveau commercial.

Au niveau des segments, OC&C affirme que si « les applications généralistes dominent le marché par leur taille et sont les plus rentables (à l’image d’Oracle dont la profitabilité atteint des sommets) », la croissance « est meilleure pour les sociétés spécialisées sur un secteur (+6,3%) ». A l’opposé, le marché des applications « industrie » baisse de 15,5%.


En termes de grands noms, côté fournisseurs, les cinq éditeurs ayant connu la croissance de chiffre d’affaires la plus importante sur le marché européen sont Kaspersky Lab (+92%), iSoft, Salesforce.com, Activision Blizzard et CompuGroup. Le premier nommé profite d’un engouement jamais démenti des entreprises pour les logiciels de sécurité. De son côté, le bon classement de Salesforce.com illustre, selon OC&C, l’essor du SaaS en Europe.


Pour la croissance de la rentabilité, les 5 meilleures entreprises sont cette année Progress Software (+14%), Temenos, BMC Software, Misys et Websense.
Du côté des français, peu d’élus donc avec un spécialiste en tête, Cegedim, éditeur de solutions de base de données pour le secteur de la santé. Derrière, les éditeurs réussissent surtout dans les applications « sectorielle » et « entreprise ».

Au final, ce classement pose, selon ses promoteurs, « le problème récurrent de l’émergence de nouveaux champions en Europe. Les difficultés pour les éditeurs de créer des solutions communes à toute l’Europe sont une des explications ». CO&O souligne aussi l’accès plus restreint aux capitaux à long terme en Europe qu’aux Etats-Unis.

Reste une opportunité ou un défi pour les éditeurs européens : le développement du SaaS. Selon Jean-Michel Cagin de OC&C, « il va entraîner une modification de l’équilibre classique logiciel / services qui risque d’avoir des conséquences sur leurs activités ».

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