Rachat de Novell : 882 brevets tombés dans le consortium de Microsoft qui intriguent

Dans un document de la SEC, Novell indique avoir cédé à un consortium piloté par Microsoft quelque 882 brevets, portant sur des technologies non-identifiées. En gardant le secret, Redmond soulève quelques questions autour de Linux.

Attachmate qui rachète Novell, mais Microsoft qui part avec une caisse remplie de brevets Linux ? c’est l'une des questions intrigantes que l’on pouvait se poser hier à l’annonce du rachat pour 2,2 milliards de dollars de Novell par Attachmate. Un rachat qui va s'accompagner du versement à Attachmate de 450 millions de dollars par un consortium baptisé CPTN Holdings, géré par Microsoft, pour “certains actifs de propriété intellectuelle” de l’éditeur de Suse.

Si la nature même des technologies reste toujours secrète, on en sait en revanche un peu plus sur le nombre de brevets empochés par CPTN. Dans un document transmis par Novell  à la SEC (Security and Exchange Commission), le gendarme des bourses américaines, il est spécifié que “Novell revendra à CPTN tous ses droits, titres et intérêts dans 882 brevets pour 450 millions en numéraire”. Mais sans aucune précision sur les technologies concernées.

Interrogé par nos confrères de Computerworld, Microsoft renvoie à la déclaration officielle de son vice-président des affaires juridiques Horacio Gutierrez : “nous sommes satisfaits de prendre part au rachat d'un certain nombre d'actifs de propriété intellectuelle de Novell. Microsoft est impatient de poursuivre sa collaboration avec Novell dans le futur pour proposer aux clients des solutions combinant plusieurs technologies.” Pas plus de précision donc, quant aux technologies couvertes par ce rachat.

Pour mémoire,  Microsoft et Novell ont scellé en 2006 un accord d'une durée de 5 ans portant notamment sur le support par Redmond de Suse Linux sur les systèmes Windows virtualisés avec Hyper-V  ainsi que sur le développement conjoint de technologies visant à favoriser l’interopérabilité entre la distribution Linux et Windows. Cet accord a donné naissance aux “Interop Labs” travaillant notamment sur des projets autour de  Mono, une implémentation Open Source de l’environnement .Net - ou de Silverlight (Novell a produit Moonlight, une déclinaison de la technologie Silverlight pour Linux).


Le dernier mouvement de Novell a donc de quoi inquiéter la communauté Linux. D’autant qu'en mars 2010, une cour de l'Utah a reconnu à Novell la paternité de la propriété intellectuelle d’Unix, dans le cadre d'un long procès entamé par SCO. Dans l’escarcelle de Microsoft, ces technologies pourraient en effet être une arme supplémentaire dans la bataille engagée par le géant de Redmond contre les éditeurs et utilisateurs de Linux, à grands coups de procés. De là à frissonner, il n’y a effectivement qu’un pas.

Un pas que refusent de franchir aujourd’hui nos confrères d’Infoworld qui, peu convaincus, rappellent dans un article titré “Le rachat de Novell ne symbolise pas la victoire de Microsoft sur Linux” qu' Attachmate n’aurait évidemment pas laissé s’échapper des brevets importants et créateurs de valeur, en déboursant plus de 2 milliards. Surtout, si Microsoft avait racheté des brevets Open Source clés, il l’aurait fait en son nom et pas associé à un consortium, soutiennent ainsi nos confrères.

Il faut donc se tourner vers les autres “moteurs” de Novell : les technologies de gestion d’identité, de sécurité, ainsi que les solutions d’administration de systèmes et de réseau. Sans compter sur Mono et sur Novell eDirectory, un concurrent direct d’Active Directory de Microsoft. Autant de brevets qui pourraient séduire Microsoft.

A moins que la raison ne soit ailleurs, évoquent-ils également. En participant au rachat de Novell, Redmond écarte tout risque de voir Novell tomber dans le giron de VMware, qui avait été mentionné parmi les acquéreurs potentiels de la distribution Suse. Une acquisition qui aurait sans doute eu bien d’autres conséquences pour Microsoft sur le marché.

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