Cloud Connect, dernier avatar de la rivalité Microsoft-Google dans la bureautique
Le lancement de la version bêta de Google Cloud Connect, l’outil de synchronisation entre la suite bureautique de Microsoft et le service Google Docs, en début de semaine, est beaucoup moins anodin qu’il n’y paraît. Il marque une nouvelle étape dans l’affrontement que se livrent les deux géants pour le poste de travail des utilisateurs, tant par le biais des applications traditionnelles que sur le Web.
Office Web, la déclinaison en ligne de l’édition 2010 de la suite bureautique de Microsoft, avait déjà des airs de provocation face au service Google Docs. Mais avec Office 365, lancé en version bêta au mois d’octobre dernier, Microsoft a franchi une nouvelle étape : proposer aux entreprises une vraie suite Office en mode SaaS.Le jeu du chat et de la souris que se livre les deux éditeurs se poursuit donc.
En avril dernier, à quelques encablures de l’ouverture d’Office Web, Google avait fait évoluer son service Google Docs, sa suite bureautique en ligne en ajoutant notamment le suivi en temps réel des modifications apportées par les collaborateurs, ou encore un formatage plus précis, jusque dans l’exportation. Puis, au mois de mai, le spécialiste du Web avait mis les pieds dans le plat, publiant sur son blog officiel un comparatif entre Office 2010 et ses Apps. Objectif : montrer son aptitude à faire aussi bien que Microsoft sur le terrain de la bureautique et, plus loin, du collaboratif et ce, avec des prérequis d’infrastructure réduits.
L'approche de Google avec Cloud Connect est plus subtile. Pour séduire les entreprises réticentes à basculer vers un modèle pur web, le géant a imaginé un modèle de transition en douceur. Dès juin 2009, l'éditeur avait déjà fournit un premier exemple de cette nouvelle stratégie en livrant un module de synchronisation pour lier Outlook à Gmail. Un outil proposé dans les éditions payantes des Google Apps qui permet aux entreprises de ne pas toucher à leurs postes de travail mais de renoncer à Exchange. Et déjà, sur son blog, Google rappelait en substance que les entreprises sont souvent liées à des applications plus traditionnelles que Gmail, comme le couple Outlook/Exchange. Et l’interface familière d’Outlook est bien ancrée dans les habitudes des employés.
C'est donc tout naturellement que Google a racheté DocVerse - la base de Cloud Connect -, en mars dernier. Docverse - comme son concurrent OffiSync - permet aux utilisateurs de Microsoft Office de profiter de toutes les fonctions de collaboration en ligne propres aux Google Apps. Une façon de combiner les atouts des applications de bureau traditionnelles et celles de la suite en ligne. Ce rachat a donné naissance en début de semaine, à un nouveau plug-in Google plug-in permettant de partager les documents Microsoft Office dans le nuage des Google Docs. Et ce, depuis l’interface même d’Office, dans ses versions 2003, 2007, et 2010. Une façon aussi de donner du collaboratif à la mode SharePoint à ceux qui n’y seraient pas encore passés. D'ailleurs, en mars dernier, Jonathan Rochelle, chef produit chez Google, reconnaissait, sur son blog, l’attachement des utilisateurs aux logiciels bureautiques.
Bref, pour empêcher les entreprises d’investir leur budget IT dans une énième migration vers la dernière génération d'outils Microsoft, Google semble décidé à leur proposer une stratégie de migration en douceur plutôt qu'une stratégie de rupture. Une approche qui peut paraître pertinente alors que Microsoft peine à faire migrer ses utilisateurs, et en particulier les entreprises, vers les dernières versions de ses technologies, comme le reconnaissait à demi-mots Jean-Claude Pitié, directeur de la division Office de Microsoft France, en février dernier.
Ce conflit sur le poste de travail semble vouloir s'étendre aux terminaux mobiles. Dès juillet 2009, Microsoft faisait la démonstration des capacités de sa suite bureautique en ligne sur les smartphones Windows Mobile et sur... iPhone/iPod Touch. Google, qui avait déjà poussé ses Apps sur les smartphones iOS, Symbian, Windows ou encore RIM, vient d’offrir à son service Docs des capacités d’édition de documents directement sur les terminaux mobiles iOS et Android. C'est sans doute sur ce territoire que devrait avoir lieu la prochaine bataille entre les deux géants.
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