Open Source : Oracle fait valoir son droit de paternité pour garder le projet Hudson
Alors que la communauté d’ Hudson souhaite extraire le projet d’intégration continue des serveurs d’Oracle pour des raisons techniques, la firme de Larry Ellison rappelle qu’elle est la seule détentrice de la marque. A moins de changer de nom, la communauté devra forker si elle souhaite migrer. Un dossier qui rappelle celui de la Document Foundation. Et qui marque une nouvelle étape dans les rapports conflictuels entre Oracle et la dimension communautaire de l'open source.
Le torchon brûle toujours entre l’Open Source et Oracle. La firme de Larry Ellison, une fois de plus, a souhaité démontrer, avec tout son tact, qu’elle restait encore la seule propriétaire des technologies Open Source de Sun… et sans partage. N’en déplaise aux communautés.
Après avoir rejeté en bloc le projet de Document Foundation et affirmé que lui seul détenait le marque OpenOffice, Oracle affirme haut et fort qu’il est le seul propriétaire de la marque Hudson, une solution d’intégration continue, que le groupe a récupéré avec le rachat de Sun.
Cette nouvelle fâcherie remonte à juin 2009, comme l’indique le site HudsonLabs qui relate les faits. Comme la plupart de projets Open Source Sun, Hudson est hébergé sur java.net, un portail qui date de l’ère Sun, connu depuis longtemps pour son instabilité et sa fragilité. La communauté du projet Hudson décide alors de doter le produit d’un nouvel port d'attache et migre l’outil de tracking vers d’autres serveurs, laissant seulement le code source sur les anciens serveurs. La communauté commence alors à réfléchir à une éventuelle migration du code source vers d’autres systèmes, comme GitHub, un service d’hébergement de projets Open Source - qui repose sur le système de gestion de versions Git.
Mais entre temps, Oracle décide de migrer Hudson vers Kenai, une infrastructure modernisée de java.net. Il explique avoir prévenu les responsables de la communauté (dont Kohsuke Kawaguchi, créateur de Hudson ) par mail, mais ces derniers affirment de leur côté ne jamais avoir reçu le message. Quelques jours après, les développeurs trouvent leur accès au repository fermé, tout comme la mailing-list, les empêchant ainsi de soumettre leurs contributions. La communauté formule alors une proposition pour migrer le code source vers GitHub et entame la procédure. Le projet s’y trouve aujourd’hui. Un calendrier précipité visiblement pas du goût d’Oracle.
Ted Farrell, senior vice président de la division Tools and Middleware de l'éditeur, visiblement agacé, a ainsi envoyé un message aux utilisateurs (message - également publié sur HudsonLabs) pour leur dire tout le bien qu’il pensait de cette migration. Il rappelle clairement qu'Oracle détient la marque Hudson et que le nom du projet ne peut pas être utilisé en dehors de la communauté “core”. Tout en admettant que “parce qu’il est Open Source, nous ne pouvons empêcher personne de forker le projet”. Autrement dit, si Hudson quitte les serveurs Oracle, il devra changer de nom. Ted Farrell souligne également qu’il est important pour Hudson de rester connecté avec le reste de la communauté Java.
Pour l’heure, la communauté Hudson a déjà migré le projet sur ses autres serveurs. Il lui reste encore à décider si oui ou non le projet devra être “forké”. A l'instar de ce qu'a réalisé la Document Foundation avec LibreOffice, un dérivé d’OpenOffice.
Toutefois, rappellent nos confrères de The Register, laisser filer Hudson ainsi que ses développeurs serait fortement dommageable pour Oracle, car ce projet est une plate-forme d’intégration continue utilisée par plus de 25 000 entreprises clientes et totalise quelque 290 contributeurs. Oracle souhaite certainement conserver cette base afin de les relier à ses propres outils de développement. Il devra donc trouver un compromis. Au vu des récents épisodes entre l'éditeur et les développeurs externes impliqués dans ses projets libre, cela ne semble pas vraiment être son fort.
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