Marché serveurs : La crise des serveurs Unix profite aux serveurs x86
Les derniers chiffres trimestriels sur le marché des serveurs publiés par IDC et Gartner peignent un paysage de désolation pour le marché des serveurs Unix, notamment en Europe. Si le Mainframe amorce une timide reprise après 7 trimestres de débacle, ce sont surtout les ventes de serveurs x86 qui tirent le marché. Et ce tant en volume qu'en valeur. Le prix moyen des serveurs x86 connait en effet une forte hausse du fait des configurations plus musclées requises pour les environnements virtualisés.
Les derniers chiffres publiés par Gartner et IDC confirment la repise des achats de serveurs des entreprises. Gartner estime ainsi que les ventes de serveurs ont bondi de 15,3 % au 3e trimestre par rapport à l'an passé pour atteindre 12,29 Md$. IDC estime quant à lui que les les ventes de serveurs ont progressé de 13,2% sur un an pour atteindre 11,8 Md$.
Pour Gartner, les ventes en unités ont progressé de 14,2%sur un an pour atteindre 2,19 millions d'unités, tandis qu'IDC évalue la croissance du nombre d'unités livrées à 13,1%. Ce dernier note un net tassement que par rapport au second trimestre où la croissance avait atteint +23,1%.
Selon Gartner, la croissance a été générale à travers le monde, à l'exception du Moyent Orient et de l'Afrique, où malgré une hausse de 4,2% des livraisons, le chiffre d'affaires des constructeurs de serveurs a reculé de 2,9%. Selon le cabinet d'analyse, c'est l'Europe de l'Est qui a connu la plus forte croissance (+33,3% en revenus), un chiffre à comparer aux +5,7% de l'Europe de l'Ouest. Aux Etats-Unis, les ventes en valeur sont réstées solides avec une croissance de 16,3% sur un an.
Légère reprises des mainframes ...
Comme on s'en doutait depuis la publication des derniers résultats trimestriels d'IBM (qui faisaient état d'un rebond de +17% des ventes de System z), les ventes de grands systèmes ont connu leur premier rayon de soleil après sept trimestres consécutifs de recul. Mais les ventes de systèmes centraux restent encore très en deçà des niveaux atteints au milieu des années 2000. Ainsi, d'après les chiffres mêmes d'IBM, les ventes de mainframes sont aujourd'hui près d'un quart inférieures à celles du 3e trimestre 2006 et ce malgré le rebond constaté au 3e trimestre 2010. IDC estime ainsi que les ventes de mainframes au 3e trimestre ont péniblement atteint 1 Md $. Il faudra que Big Blue pulvérise un certain nombre de records de vente avec ses derniers zEnterprise 196 pour espérer retrouver l'étiage de 2006. Un vrai défi alors que nombre de grands comptes se détournent des grands serveurs au profit des serveurs x86 basés sur les puces d'AMD et Intel.
...mais déprime des serveurs Unix
La même déprime affecte aussi les serveurs Unix et cette-fois sans réelle perspective d'amélioration à court terme. Selon Gartner les ventes de serveurs Unix ont reculé de 10,1% en unités et de 9,5% en valeur. IDC de son côté estime le recul à 9,7% sur un an. Les serveurs Unix ne représentent ainsi plus que 21,5% de la dépense mondial en serveurs contre près de 27% à la même époque l'an passé. IBM l'avait admis lors de la publication de ses résultats trimestriels en affichant un recul de 13% de ses ventes de serveurs System p. EN fait seul HP semble avoir tiré son épingle du jeu sur le marché Unix. Dans ses résultats du 3e trimestre, le constructeur fait ainsi état d'une croissance de 9,5% des ventes de sa division serveurs critiques. Oracle semble quant à lui avoir réussi à limiter la casse ce trimestre en stabilisant ses ventes de serveurs Sparc, mais il est vrai que le 3e trimestre 2009 qui sert de référence avait été calamiteux.
Dans la zone EMEA (Europe, Moyen-Orient, Afrique), la situation du marché Unix, traditionnellement plus fort qu'outre-Atlantique, se serait brutalement détériorée. Selon Gartner, les ventes de serveurs Unix ont plongé de 21,7% au troisième trimestre 2010. En limitant son recul à -18,5%, HP aurait repris la tête sur le marché Unix du vieux continent avec 36,9% de parts de marché. Au second rang, Big Blue aurait quant à lui connu un trimestre noir, avec des ventes en chute libre de 28,3%. Oracle, enfin, aurait subi un recul de 18% de ses ventes Unix en Europe. Seule consolation pour les vendeurs de serveurs Unix, IDC estime que les achats des entreprises devraient rebondir à partir du 4e trimestre.
Le succès des serveurs x86 ne se dément pas
La plus grande partie de la croissance du marché des serveurs provient donc de la bonne santé des ventes de serveurs x86, dont les livraisons ont bondi de 14,9% en volume (à 2,14 M d'unités) et de 29,5% en valeur selon Gartner. IDC fait un constat similaire en notant une progression de 13,8% des ventes en volume (à 1,9 millions d'unités) et de 28,1% en valeur (à 7,8 Md$).
Windows, bientôt 50% des serveurs mondiaux ? |
L'un des plus grands bénéficiaires de l'adoption croissante des architectures x86 n'est autre que Microsoft. Windows Server, son OS serveur est en effet celui qui a profité le plus du recul d'Unix. Il équiperait ainsi près de la moitié des nouveaux serveurs vendus dans le monde. Linux, quant à lui, continue à progresser, mais à un rythme réduit. C'est en tout cas ce que laisse entendre les derniers résultats compilés par IDC. Si la tendance se poursuit, Windows pourrait passer la barre des 50% du marché en 2011. |
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Comme le notent les analystes, la demande des entreprises se concentrant sur des serveurs plus puissants et mieux équipés afin de faire face aux exigences des grands projets de virtualisation, les prix unitaires des serveurs x86 ont connu une forte progression (même si les effet de change ont aussi sans doute eu aussi leur rôle à jouer dans cette forte croissance).
Notons pour conclure ces chiffrent laissent entendre que soit les serveurs d'IBM et HP sont beaucoup plus chers que ceux de Dell, soit, plus sérieusement, que ce dernier écoule beaucoup de machines sur des segments qui recherchent des serveurs à prix tirés.
C'est justement l'une des spécialités de la division DCS (DataCenter Solutions) de Dell qui équipe les grands fournisseurs de services mondiaux et qui selon le constructeur serait dans le top 3 des constructeurs de serveurs aux Etats-Unis si elle était un constructeur autonome.