Grands systèmes : Oracle déploie son arsenal pour tailler des croupières à IBM et HP
Oracle s’est livré la semaine dernière à une démonstration de force en présentant deux systèmes Unix reposant sur les technologies de Sun, Exalogic Elastic Cloud et Supercluster. Deux systèmes Unix que Larry Ellison envoie valser dans les jambes de HP et IBM avec l’espoir de redonner à Sun ses lettres de noblesse sur le marché des grands systèmes.
En matière de grands systèmes Unix, Oracle a bien l’intention de montrer ses muscles flamboyants et de replacer les technologies Sun sur le devant de la scène. C’est ainsi que Larry Ellison, à l’occasion d’une conférence donnée le 2 décembre, accompagné de Hard Hurd, l'ex-Pdg de HP devenu président du groupe, est venu présenter deux systèmes reposant sur les technologies Sun capables, selon lui, de faire fonctionner les applications Oracle comme jamais auparavant. Une vraie pierre dans le jardin d’IBM et de HP, rivaux de la firme depuis que celle-ci est arrivée sur le segment du hardware avec le rachat de Sun.
Dans une démonstration de puissance, Larry Ellison a ainsi présenté le Sparc Supercluster, un cluster de serveurs motorisés par les dernières puces Sparc T3 du constructeur - présentées en septembre dernier à l’occasion d’OpenWorld - qui compile outre des serveurs Sparc, des fonctions de stockage et de réseaux (FlashFire - la technologie SSD de Sun -, InfiniBand QDR, l'OS Solaris et l’appliance ZFS Storage). Ce cluster, présenté par Oracle comme une infrastructure complète et très intégrée, est également optimisé pour recevoir les environnements de bases de données Oracle RAC (Real Application Cluster).
Toujours à l’occasion de cet événement, Oracle a également dévoilé une version d’Exalogic Elastic Cloud, une infrastructure que le groupe réserve au Cloud privé, reposant sur ses processeurs T3. Ce système, taillé sur mesure pour les déploiements d’applications critiques, comme l’indique Oracle, avait été présenté lors d’OpenWorld dans sa version Xeon. Optimisé à l’origine pour les applications maison de bases de données, Oracle affirme que le modèle supporte désormais les applications Java et non-Java. Rappelons que les composants d’Exalogic Elastic Cloud sont reliés entre eux par une connexion Infiniband. Le système embarque Solaris 11 Express pour OS ainsi qu’une couche middleware reposant sur WebLogic Server. Une façon pour les clients disposant d’infrastructure Sparc Solaris de capitaliser sur leurs investissements et leurs compétences, résume en substance Oracle dans un communiqué de presse.
Passer HP et IBM à la moulinette
Bien sûr, pour parfaire cette annonce de taille et illustrer tout le poids que compte mettre Oracle dans ses solutions hardware, Larry Ellison, fidèle à sa réputation, n’a pu s’empêcher d’égratigner au passage HP et IBM. Chiffres à l’appui, citant des tests réalisés au benchmark TPC-C (qui analyse les performances des systèmes en cluster), Oracle affirme que son Sparc Supercluster vient naturellement écraser le système IBM Power 780. Selon Bob Shimp, vice-président du marketing chez Oracle, cité par nos confrères de TechWorld, un Supercluster configuré avec 108 serveurs et 3 To de stockage est capable de réaliser 30 millions de transactions par minutes, soit trois fois plus que le système IBM.
HP, quant à lui, est pris pour cible ouvertement par le sémillant Larry Ellison. Dans le Wall Street Journal, il qualifie les machines de HP de “vulnérables” et “lentes”. “ "Nous allons rattraper HP sur le marché avec de meilleurs applicatifs, un meilleur hardware et des gens plus compétents, et nous allons ainsi gagner des parts de marché”, a affirmé le grand patron, sans ambage. Des piques qui s'inscrivent dans un contexte tendu entre les deux géants. Rappelons que Ellison a embauché l'ex-Pdg de HP, qui a du lâcher les rênes du numéro un mondial du secteur suite à un scandale rocambolesque, au grand dam de ce dernier et qu'Oracle a tenté de faire comparaître le nouveau dirigeant de HP, Leo Apotheker, dans le procès TomorrowNow pour sa connaissance supposée des pratiques de l'ex-filiale de SAP quant il était aux manettes du premier éditeur européen.
HP : "les clients ne sont pas dupes"
Réaction quasi-impulsive de Big Blue qui, cité par nos confrères de Techworld, rappelle que la configuration testée par Oracle ne fournit pas d'indication fiable, car elle n’est pas réalisable dans la réalité des entreprises.
Interrogé par le WSJ, HP, de son côté, qualifie les gammes de Sun comme étant “inférieures aux siennes” et affirme qu’Oracle utilise des données erronées pour les chiffres de ses tests. Et d’ajouter : “HP est le fournisseur mondial n°1 des serveurs d’entreprises. Larry Ellison a racheté une activité peu rentable qui perd progressivement des parts de marché depuis des années, et qui se classe dans le bas du marché”. “Les clients ne sont pas dupés par ces benchmarks dépassés, même si Oracle le dit.”
Dans leurs derniers classements EMEA des serveurs Unix, Gartner et IDC affirment qu’ Oracle / Sun affiche des ventes en net recul (- 18 %) au troisième trimestre et se positionne loin derrière IBM, second du marché, et HP, le n°1 du secteur. Il est vrai que, sur la période, le marché des serveurs Unix a plongé de 21,7 % dans la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique.