SSII : Atos rachète SIS à Siemens pour 850 M€ et devient la première SSII européenne
Après deux ans de purges, Siemens a décidé de revendre son activité SSII, SIS, à Atos pour quelque 850 millions d’euros. L'opération qui fera de Siemens un actionnaire de référence d'Atos, devrait donner naissance au numéro un européen des services IT avec un CA de 8,7 milliards d’euros et plus de 78 500 salariés.
“Un champion européen”. C’est en ces termes que Peter Löscher, président directeur général de Siemens a présenté, dans un communiqué, l’acquisition de SIS (Siemens IT Solutions and Services) par Atos Origin, pour un montant de quelque 850 millions d’euros. L'opération de croissance de la SSII dirigée par Thierry Breton se traduit par la naissance d’un géant de l’industrie du service IT en Europe, et représente aussi un soulagement pour le groupe allemand qui trouve en Atos un refuge pour une division déficitaire, dont il essaie de se séparer depuis plusieurs mois.
Une fois l’opération finalisée (début juillet 2011), Atos Origin devrait devenir la première SSII européenne. Le nouvel ensemble affiche en effet sur le papier un chiffre d’affaires de 8,7 milliards d’euros - en 2010, le seul SIS a généré un CA de quelque 3,7 milliards d’euros, soit plus que les 8,4 Md€ revendiqués par CapGemini en 2009. Ce géant devrait également employer 78 500 personnes, répartis dans 42 pays. Une taille qui, selon Atos et Siemens positionne la nouvelle entité comme le n°7 dans le monde. Fort de l'intégration de SIS, Atos Origin affiche aussi des objectifs de croissance ambitieux, puisqu'il veux générer un CA compris entre 9 et 10 milliards d'ici 2013 et porter sa marge à 7 à 8 %.
Selon les termes de la transaction, Siemens recevra en échange de SIS une participation de 15% dans Atos (d’une valeur de 414 millions), l’Allemand s’engageant à rester au capital pendant 5 ans. Atos doit également verser 186 millions d’euros en numéraire à Siemens. Enfin l’Allemand recevra 250 millions d'euros d'obligations convertibles à cinq ans.
Dans un communiqué de presse , PIA, l’actionnaire majoritaire d’Atos explique que “cette opération est profondément transformatrice pour ATOS : elle lui permet d’obtenir la taille critique sur le marché allemand et en Europe du Nord, zones-clefs pour ATOS, de se structurer autour de deux métiers majeurs (HTTS - Services Transactionnels de Haute Technologie, NDLR - et IT Services) et d’ouvrir des perspectives de développement dans tous ses métiers”.
1750 licenciements dans le monde
Siemens affirme également qu’il accompagnera Atos dans l’intégration de SIS, en apportant notamment 250 millions d'euros pour faciliter la dite “digestion”. Car si SIS a déjà “été réorganisé avant la transaction”, le groupe entend encore licencier 1750 personnes dans le monde dont 650 en Allemagne - là où SIS est le plus présent -, et “principalement sur des fonctions de support”, indique le groupe. Les 250 M€ sont donc la soulte apportée par Siemens pour compenser le coût de ces licenciements et des réorganisations qui seront nécessaires. Il faut rappeler que Siemens, depuis 2 ans, avait préparé le terrain de cette cession, comme nous l’évoquions en mars 2010. L’Allemand avait mis en place des plans de restructuration en 2008 qui avaient entrainé la suppression de plus de 17 000 emplois et 4 200 supplémentaires étaient prévus pour 2011. En 2008, des négociations entre des SSII indiennes (TCS et Infosys) et Siemens pour la revente de SIS avaient également été évoquées. Une partie de la direction de SIS avait également été limogée.
Après l’échec WorldPay, le succès SIS ?
Si Siemens ne cachait pas son intention de se séparer de sa division de services informatiques, le choix d’Atos de se porter acquéreur est quant à lui plus surprenant. Jusqu'alors, la SSII de Thierry Breton cherchait plutôt à développer ses activités dans des secteurs à forte marge et privilégiait des acquisitions visant à doper l'activité de sa filiale Worldline, spécialisée dans les transactions et les paiements sécurisés. Le groupe avait notamment essayé de renforcer ses activités sur ce segment en lorgnant vers le rachat de RBS WorldPay, une filiale de la Royal Bank of Scotland en mars 2010. La proposition d’Atos n’avait finalement pas été retenue par la banque.
L'acquisition de SIS apparaît donc comme plus ambitieuse, mais aussi comme plus risquée pour la SSII dirigée par Thierry Breton. Avec toutefois un petit rayon de soleil : les perspectives de croissance élevées de l'économie allemande, pourraient permettre à SIS de redécoller plus vite que les activités traditionnelles d'Atos en France.