Brett Helsel, Isilon : "La technologie d’Isilon est idéale pour les environnements VMware"
A l'occasion d'un déplacement à Seattle à la fin du mois de novembre 2010, quelques jours après l'annonce par EMC du rachat d'Isilon, LeMagIT a pu discuter avec les dirigeants d'Isilon. L'occasion de faire le point sur la technologie de la société, et notamment sur son usage dans les environnements virtualisés. L'occasion aussi de discuter des perspectives d'intégration entre les technologies d'Isilon et celles d'EMC.
A l'occasion d'un déplacement à Seattle à la fin du mois de novembre 2010, quelques jours après l'annonce par EMC du rachat d'Isilon, LeMagIT a pu discuter avec les dirigeants d'Isilon en compagnie de plusieurs confrères du MondeInformatique, Silicon, 01informatique ou L'informaticien. L'occasion de faire le point sur l'approche technologique de la société et sur les perspectives de collaboration et d'intégration avec EMC et ses différentes filiales comme VMware. Le texte qui suit est le compte rendu de discussions menées lors de cette rencontre avec Brett Helsel, le patron de l'ingénierie d'Isilon et avec George Bennet, le vice président en charge des opérations du constructeur.
Brett Helsel, CTO d'Isilon |
LeMagIT : Votre force historique est dans le stockage à grande échelle mais c’est aussi un domaine sur lequel d’autres se positionnent comme Panasas ou NetApp. Qu’est ce qui vous différencie ?
Brett Helsel : Une grande différence est le prix au Go utile. Notre architecture permet aux utilisateurs d’utiliser réellement 80 à 85% de la capacité brute de nos baies, ce qui est très supérieur aux solutions concurrentes. Le TCO de la solution est aussi incomparable. Pour gérer plusieurs centaines de tera-octets, il faut des gens pour administrer. Pour vous donner une idée de l’efficacité de notre architecture, DailyMotion avait 2 personnes pour administrer 100 Teraoctets avant de choisir notre solution. Aujourd’hui, ils ont toujours deux personnes mais elles gèrent 2Po. Ce n’est pas un hasard si de grands clients comme Peugeot, ST Microelectronics ou le CNG (centre national de Génotypage) nous ont rejoints. Et la semaine dernière nous avons encore signé un deal Facebook pour la livraison de 5,4 Po.
LeMagIT : L’acquisition par EMC ouvre un grand nombre de questions notamment autour de la virtualisation ou de l’intégration de vos technologies avec d’autres pans du portefeuille d’EMC. Avez-vous des idées en la matière ?
Brett Helsel : Nous avons déjà beaucoup travaillé avec VMware. C’est quelque chose d’assez naturel de travailler avec eux. La technologie d’Isilon est idéale pour les environnements virtualisés avec VMware. Et cela ne va aller qu’en s’améliorant : on travaille sur l'ajout d'une stack NFS 4.0 et l'an prochain de PNFS. Ce qui veut dire qu'on pourra, à terme, communiquer de façon bien plus sophistiquée avec l'hyperviseur.
Il y a encore un an 85 % des déploiements VMware se faisaient sur des architectures blocs. Cette année, on ne devrait pas être loin de 55% ce qui veut dire que les 45% restant se font maintenant sur NFS. Et c'est l'une des raisons pour laquelle, bien avant le rachat par EMC, nous nous étions rapprochés de VMware. L'usage de NFS résout un grand nombre de soucis d'administration posés par l'usage combiné de protocoles blocs et de VMFS notamment dans les grands déploiements. On est aujourd'hui l'une des plates-formes NAS sur laquelle il est le plus facile de faire monter en puissance une installation VMware et c'est cela qui a renforcé notre partenariat avec VMware. Cela ne devrait que s'accélérer avec l'acquisition par EMC.
On travaille aussi depuis plusieurs mois avec Data Domain. Et des architectures comme Greenplum nous semblent aussi très intéressantes.
LeMagIT : EMC a attaqué le marché de la virtualisation avec vBlock qui pour la partie stockage s'appuie sur une architecture bloc Fibre Channel ou FCoE, couplée à des serveurs Cisco. L'architecture de stockage que propose Isilon est radicalement différente puisqu'elle s'appuie soit sur des protocoles de partage de fichiers comme NFS soit sur iSCSI. C'est en quelque sorte un vNas et pas un vBlock. Si vous devez être intégré en tant que filiale autonome à EMC, pensez vous qu'EMC acceptera que vous alliez dans une direction opposée à celle qu'il a prise jusqu'alors?
George Bennett : Si l'on sépare l'argument d'EMC, nous avons fait le choix de pousser NFS, et dans une certaine mesure iSCSI, pour la virtualisation. VMware est très positif là dessus. NFS est particulièrement bien adapté aux grands déploiements. Il est important de séparer ce qui se passe avec EMC de notre stratégie. Nous tentons de plus en plus de nous positionner comme un acteur d'entreprise hors de nos verticaux traditionnels. Ce qui nous a amené à travailler avec VMware, Microsoft ou Cisco de façon de plus en plus étroite au cours des derniers mois.
Georges Bennet, directeur des opérations d'Isilon |
LeMagIT : On pourrait dire que NetApp a gagné du terrain sur certains déploiements face à EMC justement parce qu'il poussait NFS face à une architecture de stockage en mode bloc. Pensez-vous que sur ce type de déploiements vous pouvez être une alternative à NetApp ?
George Bennett : Oui et nous le voyons aujourd'hui. Tout au long de l'année, nous avons emporté de gros contrats face à NetApp. Et en couplant notre offre de stockage NAS aux offres de Cisco, VMware ou Microsoft, on peut proposer des solutions qui n'ont rien à envier à celles de NetApp. Au cours des 18 derniers mois, on a vu la part de nos client nous utilisant pour des projets de virtualisation passer de zéro à plus de 10 %. La plupart le font sur NFS et dans 70% des cas, nous étions en concurrence avec NetApp.
LeMagIT : Vous avez commencé dans des environnements nécessitant beaucoup de capacité. Si votre cible est de plus en plus l'entreprise, cela va-t-il vous amener à revoir le packaging de l'offre ?
George Bennett : C'est une question intéressante. Notre intention est de rendre notre offre de stockage plus "horizontale". Nos acheteurs dans le monde des entreprises sont différents de ceux du monde de la vidéo ou des médias qui attachent une grande importance à la technologie. Les clients entreprises ont des critères d'achat différents. Cela veut dire que nous avons besoin de renforcer notre intégration avec certaines applications d'entreprises.
LeMagIT : Vous avez par exemple déjà un mécanisme de gestion de classe de services. Cela signifie-t-il que vous pourriez l'enrichir de profils applicatifs par exemple pour optimiser le fonctionnement avec certaines applications comme Exchange, SharePoint...
George Bennett : Oui, absolument. Si l’on prend le cas d’ Exchange, en améliorant l'intégration, on peut faciliter la gestion du stockage directement depuis l'application. De la même façon on peut faciliter la gestion du stockage depuis les environnements Microsoft en intégrant nos outils à System Center.
LeMagIT : Les grands fournisseurs de cloud et certaines entreprises ont commencé à s’intéresser au stockage objet en lieu et place des traditionnels protocoles en mode bloc ou fichiers, au moins pour une partie de leur infrastructure. Cela a-t-il du sens pour vous et envisagez-vous d’ajouter à terme une couche de stockage objet à vos systèmes ?
Brett Helsel : Absolument. C’est une erreur de ne considérer OneFS que comme un File System. En fait la technologie est idéale comme base d'un système de stockage objet. Nous travaillons beaucoup dans ce domaine. On devrait aussi avoir des partenariats avec des éditeurs qui sont bons dans ce domaine.
LeMagIT : Une fois que l’acquisition par EMC sera achevée on peut imaginer de multiples intégrations entre votre technologie et votre file system et certaines solutions d’EMC telles qu’Atmos.
George Bennett : Sans aller dans les détails, il y a de multiples possibilités d'intégration et de synergie avec des pans du portefeuille EMC. Donc si le rachat se conclut et lorsqu'il se conclura, on étudiera tout cela en détail. Atmos par exemple est une fantastique interface pour le cloud.
LeMagIT : Prévoyez-vous des évolutions à votre offre dans les mois à venir ?
George Bennett : On va rafraichir l'intégralité de notre plate-forme au début 2011 avec de nouveaux processeurs, disques et SSD. Nous entendons aussi apporter de nouvelles fonctionnalités comme la déduplication. Mais il va falloir patienter pour en savoir plus…