Le dossier médical personnel existe… mais il n’est pas vraiment lancé

Longtemps remis aux calendes grecques, voire même au bord de la disparition, le dossier médical personnel - pierre angulaire de la dématérialisation des données concernant la santé – existe désormais. Une mise à disposition en toute humilité qui répond plus à l’accélération du calendrier politique qu’à l’aboutissement des développements applicatifs. 2011 sera consacré aux tests avant qu’un premier bilan ne précède la période d’évangélisation en 2012 qui, elle même sera suivie d’un déploiement plus ambitieux.

Amorcer n’est pas lancer. Au moment d’annoncer la mise à la disposition des médecins du dossier médical personnel (DMP) en ligne, Le successeur de Roselyne Bachelot au poste de ministre de la Santé, Xavier Bertrand, a estimé qu’il ne s’agissait pas du démarrage, mais de l’amorçage d’une dématerialisation des données médicales qui a tout du serpent de mer.

Cela fait plus de six ans que le DMP est annoncé comme imminent. Pourtant, la phase de test du dispositif ne fait que débuter. Lancé en 2004 par Philippe Douste-Blazy - alors ministre de la Santé – le dispositif devait dans un premier temps voir le jour en 2007. Mais il a explosé en vol. Selon un rapport de la Cour des comptes sur le sujet, si la première tentative s'est soldée par un échec, c'est que la maîtrise d'ouvrage du projet - alors entre les mains du GIP DMP - a largement été défaillante.

Cette fois, le chantier a mieux débuté. Mais de manière un peu précipitée. L’annonce en septembre par Roselyne Bachelot du lancement fin 2010 - début 2011 a en fait pris de court l'ASIP Santé (Agence des systèmes d’information partagés de santé), qui a unifié la maîtrise d'ouvrage des projets de systèmes d’information de santé initiés par l'Etat. L'hébergement du DMP n’a en effet été attribué qu’en mars 2010 à un consortium mené deux filiales d'Atos-Origin,  Santeos et Atos Worldline, et par une filiale de La Poste, Extelia.

Seuls quelques médecins vont donc s’y essayer, à l'incitation des pouvoirs publics. Pour une adoption à plus grande échelle, il faudra non seulement attendre une mise à niveau logicielle du parc des praticiens, mais également élever le niveau de formation aux technologies… en 2012, une fois les premiers bilans effectués, en septembre prochain. A cela s'ajoute un autre élément : pour que les DMP dits territoriaux - qui se sont créés dans différents hôpitaux en régions depuis le lancement du projet en 2004 - et que les différentes informations contenues dans les logiciels des praticiens (médecins de ville notamment) se déversent dans le futur grand tout national, encore faudra-t-il assurer la compatibilité des données.

Le vrai DMP est donc encore loin d’être tout à fait une réalité – même si le lancement de ce jour ne laisse plus trop de doutes sur l’avenir du dispositif - d'autant que le dispositif de grandes attentes côté usagers. En décembre, un sondage ViaVoice confirmait ainsi l'engouement des utilisateurs pour le DMP. 74% des personnes interrogées se déclaraient ainsi favorables au dossier médical personnel en dépit des retards de déploiement et du débat sur la protection des données individuelles. Les urbains actifs et les plus favorisés socialement sont les plus emballés, tandis que seulement 22% des personnes de plus de 65 ans y sont favorables. Ils sont pourtant parmi les plus gros consommateurs de soins médicaux.

Pour en savoir plus sur le DMP voir notre analyse détaillée publiée en septembre dernier :
Ultimatum : le DMP doit sortir de réanimation le 10 décembre


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