Syntec Numérique jure de se faire enfin entendre auprès de l'administration
Marre d'avaler des couleuvres. Renommée Syntec Numérique, la chambre patronale des SSII et éditeurs s'engage, pour ses vœux de début d'année, à peser davantage dans les débats publics. Pour ne pas, en permanence, faire les frais des arbitrages ministériels.
C'est un Guy Mamou-Mani de combat qui a présenté les traditionnels vœux de Syntec Numérique - la nouvelle appellation de Syntec Informatique - à ses adhérents. Pour la chambre patronale des SSII, éditeurs et sociétés de conseil en technologies (suite au ralliement de nombre de membres du Geicet, Groupement européen d'ingénierie et de conseil en technologies), la coupe est pleine : après avoir avalé la couleuvre de la taxe professionnelle, la loi de finances 2011 a de nouveau entaillé certains avantages dont bénéficiaient les entreprises du secteur. Ainsi du coup de rabot affectant le crédit impôt recherche ; où les dotations aux amortissements ont été préservées - protégeant les entreprises industrielles - tandis que les forfaits relatifs aux frais de personnel ont eux été réduits - affectant les sociétés de service. Pour le nouveau président du Syntec, une nouvelle preuve de l'incapacité du secteur à se faire entendre auprès des pouvoirs publics.
7 blogueurs à la table du président pour parler du numérique
3 % de croissance en 2011 |
Après la décroissance de 4 % en 2009 et le modeste rebond de 2010, Syntec Numérique prévoit une croissance de 3 % en 2011 pour le secteur des logiciels et services en France. Une hypothèse de travail qualifiée de "sérieuse" par le président de l'organisation et bâtie sur un scénario de croissance du PIB français comprise entre 1,5 et 2 %. Si le ton adopté par les SSII et éditeurs ces derniers mois est globalement positif (avec notamment une reprise nette des embauches), toutes les menaces ne sont pas écartées sur le plan macro-économique. Une incertitude notamment liée à la crise de la dette souveraine en Europe et soulignée récemment par Christian Poyau, Pdg de Micropole-Univers, comme la principale hypothèque sur le climat actuel des affaires. |
Certes, le constat n'est pas nouveau, le précédent président du syndicat, Jean Mounet, ayant à de nombreuses reprises fait part de son agacement face aux arbitrages de l'exécutif - alors que l'organisation penchait clairement en faveur du candidat Sarkozy en 2007. Mais le ton s'est musclé avec Guy Mamou-Mani. "Nous arrivons à l'horizon 2012, prochaine échéance électorale avec un réel enjeu pour notre profession : lui donner sa vraie place dans l'économie française", a-t-il lancé. Façon de dire que le compte n'y est pas : "le président de la République a récemment invité 7 blogueurs à déjeuner pour parler des enjeux du numérique. A la table, on était pourtant très loin de retrouver des représentants crédibles de cette industrie en France", s'énerve le co-président de la SSII Groupe Open. Syntec Numérique vient d'ailleurs de recruter un lobbyiste (Damlen Loubet, un transfuge de Sage) pour gérer ses relations avec l'étage politique.
35 heures : un mauvais débat
Une volonté de peser dans le débat public qui explique aussi la priorité donnée par le nouveau président dès son élection : fédérer tous les acteurs du numérique autour de l'organisation. Un chantier symbolisé par la changement d'appellation de la chambre patronale. "Dans mon esprit, il s'agit de créer un pôle de services qui soit l'équivalent de l'UIMM (la puissante Union des Industries et des Métiers de la Métallurgie, ndlr)", explique-t-il. Force est de constater que, malgré le poids des SSII dans l'embauche des jeunes (elles recrutent un jeune sur deux sorti d'écoles d'ingénieurs), on est loin du compte. Comme le montre par exemple le retour du débat sur les 35 heures. "Sur ce dossier, le Medef défend les 22 milliards d'euros d'allégement de charges obtenues pour protéger les bas salaires. Ce choix revient à déshabiller les emplois qualifiés qui représentent pourtant l'avenir", tonne Guy Mamou-Mani, qui rappelle que la mesure a coûté 5 % du chiffre d'affaires et plusieurs dizaines de pour-cent de résultat net aux entreprises du secteur, "sans aucune compensation".
Pour faire entendre sa voix, le président de Syntec Numérique entend rencontrer un maximum d'hommes politiques dans les prochains mois (Jean-François Coppé et Hervé Morin ont déjà entendu les arguments de Guy Mamou-Mani). "Je vais aller voir les candidats à la présidentielle un par un", assure-t-il. En espérant, cette fois, que les promesses de campagne ne restent pas pures gesticulations.
En complément :
- Bruno Vanryb, Syntec Numérique : "en France, l'économie de l'immatériel est mal perçue"