Google aurait copié 43 fichiers Java dans Android sans autorisation
Le procès qui oppose Oracle à Google pour violation de brevets Java dans Android pourrait bien prendre une tournure dramatique pour Mountain View avec la découverte par un spécialiste de la question juridique des brevets Florian Mueller, de preuves quasi-irréfutable. 43 fichiers Java auraient été inclus sans permission dans les dernières versions d’Android.
La pression monte côté Google dans le procès qui l’oppose à Oracle pour violation de propriété intellectuelle de Java dans Android. Florian Mueller, grand défenseur de la cause anti-brevets logiciels et auteur du blog Foss Patents a lâché ce qui s’apparente à une bombe en mettant le doigt sur des preuves qui, semble-t-il, démontreraient que Google a purement copié du code Java, sous copyright Sun, pour l’implémenter dans Android, sous une licence Apache. Et ce, sans licence ou autorisation.
Florian Mueller explique avoir découvert six autres fichiers dans un répertoire voisin de ceux fournis par Oracle dans le cadre du procès, qui semblent être le résultat d’une copie directe de Java, résume-t-il en substance sur son blog Foss Patents. Ces fichiers sont extraits selon lui des dernières versions de l’OS de Google, Android 2.2 (nom de code Froyo) et 3.0 (GingerBread).
En août dernier, Oracle s'était décidé à brandir le portefeuille de technologies héritées de Sun, en poursuivant Google devant les tribunaux, invoquant une violation de brevets. La firme de Mountain View violerait, selon Oracle - qui par ailleurs apporte au dossier les lignes de code incriminées - sept brevets relatifs à Java dans son OS mobile Android - qui repose sur une machine virtuelle maison baptisée Dalvik (sur une base du projet Apache Harmony). A l’époque, Florian Mueller s’étonnait déjà du fait que Google ne réagisse pas plus promptement, celui-ci se contentant de nier les faits.
Les fichiers dévoilés au grand jour par le bloggueur pourraient bien jouer en faveur d’Oracle, assure-t-il. “Il me semble qu’Oracle n’a fait que présenter la partie émergée de l’iceberg. Cette découverte pourrait être très fructueuse pour Oracle et devenir épouvantable pour Google”, écrit-il. Selon nos confrères de Computerworld, si la violation de brevets était avérée, Google pourrait être contraint de payer une licence - sans parler de dommages et intérêts - à Oracle et pourrait alors compenser en répercutant ces coûts additionnels sur les constructeurs de terminaux mobiles qui utilisent Android. Donnant du coup du plomb dans l’aile à un des arguments clés d’Android : son coût. Ce qui sur le marché le distingue notamment de la concurrence, notamment celle de l’iPhone.
Du code marqué du sceau Sun
D’autant que la trouvaille de Florian Mueller ne s’arrête pas là. 37 autres fichiers présents dans Android porteraient des mentions claires que le code s’y trouvant est la seule propriété de Sun - et donc d’Oracle. Des “étiquettes” "PROPRIETARY/CONFIDENTIAL" et "DO NOT DISTRIBUTE!" (ne pas distribuer en français), que le bloggeur aurait trouvé en décompilant le code d’Android, hanterait les lignes de programmes de l’OS. Ces fichiers seraient liés à l’API Mobile Media de Sun Java Wireless Toolkit, précise-t-il. “A moins que Google ait obtenu une licence pour ce code (ce qui semble improbable au regard du contenu et du ton de ces avertissements), cela constitue une autre faille”, commente-t-il.
“Archi-faux”, s’insurge notre confrère de Zdnet, Ed Burnette, qui explique que les fichiers en question sont soit issus de répertoires trouvés dans l’arborescence du code source et liés à des tests - et donc non inclus dans l’OS en lui-même -, soit liés à des pilotes audio, qui selon lui, ne sont également pas livrés à Android. D’autant que, précise-t-il, ses fichiers ont purement été supprimés depuis.
Reste que le doute s'immisce de plus en plus sur les pratiques de Google et sur la capacité réelle de celui-ci à se développer en créant son propre écosystème indépendant et à moindre coût.