Déménagement La Gaude / IBM : l’intersyndicale parle de restructuration déguisée
Le projet de déménagement du site de La Gaude d’IBM a entrainé la colère des employés et des syndicats qui semblent desceller un plan social déguisé, entrainant une relocalisation de postes vers l’étranger. Ils ont décidé de manifester leur mécontentement, accompagnés des élus locaux, à l’occasion d’une manifestation le 31 janvier prochain.
La grogne monte à La Gaude, chez les employés et les syndicats d’IBM, alors que celui prépare un vaste déménagement de son site local vers Sophia Antipolis, comme l’avaient révélé nos confrères de Nice Matin fin décembre. Depuis, les tensions seraient montées d’un cran entre la direction, les syndicats et les employés, qui y voient aujourd’hui une forme “de plan social déguisé”, comme l’indique un représentant du personnel, membre de l’intersyndicale (CFDT, CGT, CFE-CGC, FO, SNA, UNSA).
Invoquant notamment des raisons économiques, IBM a fait part de sa décision au CE, en décembre, de transférer les quelque 650 employés du site de La Gaude (Alpes Maritimes) vers son site de Sophia-Antipolis. A l’époque, nos confrères de Nice Matin évoquaient notamment une possible pression de la part d’IBM sur son bailleur, à qui Big Blue loue son site de 35 000 mètres carrés de La Gaude.
Le représentant du personnel interrogé dans cet article appuie sa thèse sur une combinaison de facteurs qui le laisse entrevoir que “la direction avance masquée” et suit ainsi “les mêmes étapes que celles imposées lors d’un PSE, mais sous le couvert d’un déménagement”.
Tout en expliquant qu’un transfert dans des locaux plus réduits risquait fortement "de dégrader les conditions de travail (temps de transport rallongé, locaux exigus,…)", il raconte également que la direction a décidé de “relocaliser” - selon les mots de la direction, affirme-t-il - 9 postes liés à la propriété intellectuelle vers l’Allemagne et le Royaume-Uni pour sous-traiter ces activités. 9 postes, “5 ingénieurs-propriété intellectuelle et 4 assistants” qui, selon lui, représentent “le nombre minimum toléré avant d’en référer à l’inspection du travail et susceptible ainsi d’être considéré comme des licenciements économiques ”.
Il note également que le projet proposé dans le cadre de ce déménagement inclus "le déménagement des serveurs qui embarquent les applicatifs métiers vers le site IBM de Montpellier".
Le soutien des élus locaux
Reste que les politiques locaux se sont emparés du dossier. Le Maire de La Gaude Michel Meïni a adressé une lettre de soutien datée du 26 janvier, dans laquelle il appelle à la mobilisation et à participer à une manisfestation, “La marche bleue”, le 31 janvier. Car, pour la commune, le départ d’un cadre de l’industrie locale comme IBM pourrait avoir des conséquences sur la collectivité locale de La Gaude. Entre 200 et 300 employés de Big Blue se logeraient à La Gaude et dans les communes limitrophes. Conséquence sur l’économie locale donc.
D’autant qu’IBM, toujours selon ce représentant du personnel, a également perçu quelque "24 millions d’euros d'aides régionales" pour favoriser l’innovation, rappelle-t-il, tentant de porter également le dossier sur le terrain de l’action citoyenne et de mobiliser les élus au-delà de l'échelon strictement communal. “Et c’est justement dans l’innovation [la propriété intellectuelle, NDLR] qu’on relocalise des postes”, ironise-t-il.
Michel Meïni, Le Maire de La Gaude, n’a pas pu répondre à nos questions dans les temps impartis à cet article. Le représentant du personnel interrogé rappelle également que le Conseil Régional a été informé de la situation.
La carte de la jurisprudence
Si la direction d’IBM devrait présenter officiellement son projet le 21 février lors d’un CE, l’intersyndicale compte désormais jouer sa carte devant les tribunaux et a déposé un dossier en référé pour suspendre le projet (l’audience a lieu le 2 février). Une action qui devrait permettre “de se donner du temps pour construire un dossier avant l’aller au TGI (Tribunal de grande Instance)”, explique-t-il. A la clé, une éventuelle porte de sortie : la jurisprudence Snecma qui est parvenue à stopper un cas de déménagement identique pour des raisons de dégradation de conditions de travail.
Mais “la procédure est très longue", souligne-t-il, "et d’ici là le déménagement sera passé”. A moins d’avoir l’aide des politiques, conclut-il.
De son côté, le responsable de la communication interne d’IBM tient à rappeler qu’il ne s’agit pour le moment que d’un projet de déménagement présenté en décembre aux partenaires sociaux, dont les modalités peuvent encore changer. Il confirme l’objectif du groupe qui est de ne pas quitter la région.