France Télécom : Didier Lombard ne met qu’un pied dehors
Si Didier Lombard cédera son fauteuil de Pdg de France Télécom à Stéphane Richard le 1er mars, il gardera toutefois un pied dans le groupe en se voyant attribuer par le conseil d’administration un poste de conseiller très spécial auprès de son successeur. Ce qui a le don d’irriter les syndicats, alors que le groupe publie ses résultats.
On croyait Didier Lombard sorti définitivement de France Télécom. C’est du moins ce qui avait été compris lorsqu'en février dernier il annonçait l'abandon anticipé de son poste de Pdg, au profit de Stéphane Richard. La vérité est en fait tout autre.Bien qu’il quitte officiellement le poste de Pdg de l’opérateur historique le 1er mars, comme l’a décidé le conseil d’administration du groupe réuni le 23 février, Didier Lombard gardera bien un pied dans l’opérateur historique.
Il se voit nommer au poste de « conseiller spécial de Stéphane Richard sur les orientations stratégiques et la vision technologique du groupe », comme l’indique un communiqué de presse de France Télécom publié la veille de l’annonce des résultats du groupe.
Un placard doré qui agace les syndicats
Un passage de relais qui a provoqué une réaction immédiate des syndicats, pour qui ce surprenant et inattendu poste de conseiller trouve sa source dans un arrangement financier. Selon CFE-CGC/UNSA et l’ADEAS (Association pour la Défense de l’Épargne et de l’Actionnariat des Salariés de France Télécom-Orange), “il s’agit de permettre à Didier Lombard d’exercer les 700 000 stocks options que le Conseil d’Administration lui a accordées à plusieurs reprises […] En effet si celui-ci quittait le groupe, il perdrait la possibilité de les faire valoir. Or le cours est actuellement trop faible pour les exercer”.
Ces mêmes syndicats précisent également que Didier Lombard s’est vu accorder une retraite chapeau “équivalente à 20,8% de la moyenne des 3 meilleures années de sa rémunération”. Ce qui, pour les syndicats, représente quelque 325 000 euros annuels qui lui seront versés dès son départ à la retraite. “Un cadeau d’anniversaire pour entrer plus gaiement dans sa 70e année ?”, se moquent amèrement ces mêmes syndicats, au regard des décisions du conseil d’administration.
Ce 25 février, le ministre de l’Emploi, Xavier Bertrand, évoquait également une forme d’incompréhension chez nos confrères de RTL expliquant que “beaucoup ont du mal à comprendre [le maintien de Didier Lombard chez FT en tant que conseiller]”.
Une faible hausse du CA
Ironiquement cette nomination au poste de conseiller très spécial a été officialisée la veille de l’annonce des résultats du groupe. Des résultats annuels sans grande surprise et finalement assez comparables à ceux de l'année antérieure.
Un CA de 45,5 milliards qui stagne |
Pour l’exercice 2010, le groupe a généré un CA de 45,5 milliards d’euros, contre 44,85 milliards il y a un an. Le bénéfice net s'affiche quant à lui 4,88 milliards d’euros en hausse de 28%. Au 31 décembre, le groupe affichait un nombre de clients en hausse de 6% à 290,6 millions, indique un communiqué. C’est toujours en France que le groupe réalise l’essentiel de son activité. Avec 23,3 milliards, le CA dans l’Hexagone fléchit toutefois de 1,4% (à base comparable). En 2010, les services de communication résidentiels ont enregistré le plus fort CA avec 13,56 milliards d’euros, en baisse de 3%. France Télécom évoque notamment “un recul de 12,3% des services de téléphonie classiques (abonnements et communications)”. Le groupe note toutefois une hausse des services Internet de 6,8%. Au 4e trimestre, FT afficherait une part de conquête du marché ADSL de 36%, preuve que l'offensive tarifaire de fin d'année a permis d'enrayer l'érosion constatée précédemment. Les services de communications personnels, quant à eux, ont grimpé d’un petit 0,6% pour s’établir à 10,832 milliards, alimentés notamment par une progression de 5,8 % du nombre de forfaits mobiles et des offres quadruple-play Open. FT souligne également la bonne santé des services data et affiche une hausse de 23,5% du nombre d’abonnés aux services 3G en 2010. Pour 2011, Gervais Pellissier, le directeur financier du groupe, s’estime “légèrement plus optimiste que l’an dernier” mais affirme rester prudent “en raison de la concurrence qu'il perçoit sur le marché, notamment en France, où l'arrivée prochaine d'un quatrième opérateur de téléphonie mobile engendre des pressions sur les prix”. Comprendre Free Mobile. |