Réactions : La CFE-CGC France Télécom, vent debout contre les autorités de régulation
Suite à l’avis de l’Autorité de la concurrence qui préconise l’étude de la scission de France Télécom, les représentants CFE-CGC du groupe n’ont pas tardé à réagir. Tout en pointant du doigt un projet absurde, ils en profitent pour se payer les régulateurs – dont l’Arcep pourtant plutôt réservé sur la recommandation de son autorité sœur –, dénonçant leur dogmatisme néo-libéral.
En réponse à la recommandation de l’Autorité de la Concurrence, qui vient de publier un avis invitant l’Arcep (l’autorité en charge de la régulation du secteur des télécoms) à réfléchir à une scission des activités de réseau et de service de France Télécom, les syndicalistes CFE-CGC-Unsa de l’opérateur historique viennent de publier une lettre ouverte au Président de la République, au vitriol.
Non content de critiquer « l’absurde proposition de la création "Réseaux Télécoms de France" », Sébastien Crozier, président de la CFE-CGC FT-Orange, revient sur les interventions passées de l’Autorité de la concurrence mais également de l’Arcep – ex-ART – qui s’est pourtant empréssée hier d’estimer que, dans son combat pour réguler les télécoms dans l’Hexagone, la scission de l’opérateur historique ne serait qu’un dernier recours. Manière polie de dire qu’elle ne suivrait pas son autorité sœur.
Selon la CFE-CGC, les décisions de l’Arcep et l’Autorité de la Concurrence se sont jusqu’à présent avérées désastreuses pour la France. Les syndicalistes estiment notamment que dans son avis, l’Autorité de la Concurrence ne s’interroge absolument pas sur la destruction des emplois dans le secteur des télécommunications. « Pas un mot sur la concurrence déloyale des travailleurs "délocalisés" dans des centres d’appels à l’autre bout de la planète. » Et d’expliquer qu’en 10 ans, le secteur français des télécommunications a perdu 40 000 emplois, soit près de 20% de ses effectifs. Tout en soulignant que « dans le même temps, les revenus globaux des opérateurs sur le marché final sont passés de 25 milliards d’euros à plus de 45 milliards d’euros, soit 80 % d’augmentation ».
Dès lors, selon la CFE-CGC, « il est piquant de constater les affirmations de l’Arcep sur son site web : "le régulateur, dans ses avis et décisions, s’attache à favoriser l’emploi et l’innovation des entreprises du secteur en préservant un environnement favorable à leur compétitivité" ».
Même critique acerbe concernant l’aménagement du territoire : « malgré les déclarations de l’Arcep sur son site Web, "la préoccupation de l’aménagement du territoire doit être présente dans les décisions du régulateur… ", l’Arcep est soumise à une autre Autorité plus dogmatique encore : l’Autorité de la Concurrence ».
Et de rappeler que France Télécom a proposé un grand chantier d’augmentation des débits, en partenariat avec les collectivités locales, pour permettre aux zones rurales d’accéder au triple play. S’attirant l’avis défavorable de l’Autorité de la Concurrence qui estime que ce déploiement de nouveaux noeuds de raccordement imposerait aux opérateurs alternatifs d’investir pour assurer le dégroupage dans ces zones, et qu’ils ne le feraient pas. Selon la CFE-CGC, « au nom du marché, on a préféré priver purement et simplement plusieurs millions de foyers français du haut débit, plutôt que de prendre le risque que France Télécom se retrouve en situation de monopole dans les zones rurales ».
Du coup, les syndicalistes en appellent au Président de la République pour… réguler les régulateurs ! Ils estiment qu’un certain « dogmatisme libéral, toujours à la mode dans quelques cénacles va à l’encontre des intérêts fondamentaux des entreprises, des salariés et des consommateurs. Le secteur des Télécoms, vital pour la croissance de notre République, a besoin de certitudes et de pérennité pour mettre en œuvre les multiples évolutions technologiques sources de richesse et d’emplois ».