HP mise sur un monde convergent vers le Cloud
Comme attendu, Léo Apotheker vient de présenter sa stratégie pour HP aux analystes financiers. Une stratégie qui tient en trois pans : Cloud, Connectivité et logiciels. Le nouveau patron de HP dévoile là une vision ambitieuse et la manière dont l’offre HP peut s’articuler pour lui donner corps. Mais, justement, cette vision pourrait paraître trop ambitieuse pour effectivement rassurer les analystes et investisseurs concernés. En attendant en outre de se confronter à la réalité de la concurrence.
Ces jours-ci, il s'agit en quelque sorte pour Leo Apotheker, récemment arrivé à la tête de HP au milieu des remous de son départ de chez SAP et du limogeage de son prédecesseur Mark Hurd, de passer un examen de légitimité à conduire les destinés du numéro un mondial de l'informatique. Et, pour ce faire, l'ancien patron de SAP France s'appuie sur ses fondamentaux : l'avenir est au Cloud - rien de révolutionnaire sur un marché tout dédié au nuage depuis quelques mois déjà - et HP se doit d'être un éditeur de logiciels - notamment d'infrastructure et de gestion des données - de premier plan.
C'est peut-être sur ce dernier point que la patte Apotheker pourrait le mieux se faire sentir. Après les rêves de SSII de Carly Fiorina - finalement concrétisés aprés son départ par le rachat d'EDS - et la relance de l'activité PC par Mark Hurd, le docteur Leo souhaite reprendre le fil du logiciel et de l'informatique convergente et distribuée.
Selon Léo Apotheker, le contexte technologique actuel se résume en effet ainsi : «nous voyons clairement un monde dans lequel l’impact du Cloud et de la connectivité ne change pas seulement l’expérience utilisateur mais également la manière dont les individus, les petites entreprises, et les plus grandes, vont consommer, déployer et exploiter les technologies de l’information.» C’est donc un contexte de connectivité sans couture et de convergence des usages personnels et professionnels des technologies modernes qui le conduit à identifier trois priorités pour l’avenir de HP. Dans sa présentation, Léo Apotheker décrit une migration d’un modèle de l’informatique classique - fait de réseaux, d’infrastructures, de bases de données, de middleware, d’applications, OS et de terminaux; capable de traiter uniquement des données structurées - vers un modèle basé sur une infrastructure hybrides, des services de plateforme, des services Cloud, des places de marché d’applicatifs, et des terminaux connectés pour consommer toutes ces ressources. Des ressources capables de traiter non seulement des données structurées mais également des données non structurées.
Dans un communiqué, l’industriel indique ainsi prévoir de «construire une pile Cloud complète et d’aider ses clients à migrer vers des environnements de Cloud hybrides.» Concrètement, le groupe entend donc lancer sa propre offre en matière de Cloud Computing, quitte à entrer en concurrence frontale avec des Amazon, Salesforce, voire même Microsoft. Ce qui n’ira probablement pas pour rassurer les investisseurs compte tenu, justement, de l’importance des investissements nécessaires pour le développement d’une telle offre.
Mais HP compte également faire de WebOS «une plateforme de connectivité leader» : «en tant que constructeur de PC et d’imprimantes n°1 dans le monde, HP a la capacité de livrer 100 millions de terminaux WebOS par an. Et HP prévoit d’utiliser cette puissance ainsi que des outils de développement à la pointe pour construire une communauté de développeurs qui aura envie d’adresser tous les segments du marché, dans le monde entier.» Voilà donc où WebOS trouve sa place dans la stratégie de HP : il devra servir de socle commun aux terminaux du nouveau modèle d’informatique entrevu par l’industriel.
Après avoir courru après IBM jusqu'à tutoyer les sommets en tant que SSII HP se prépare donc à concurrencer... Microsoft, son partenaire de longue date, en mettant WebOS dans les pattes de Windows - également multi-terminaux et en recherche permanente de développeurs.
Et HP compte aussi s'attaquer aux éditeurs en indiquant plus loin prévoir de «construire, acheter et proposer, via des partenariats» une offre logicielle plus étendue encore qu’aujourd’hui, insistant notamment sur les volets administration et sécurité. Un retour vers le futur en somme pour un constructeur qui s'était plutôt délestait du logiciel pour mieux s'orienter vers les services, avec notamment le rachat d'EDS.
Surtout, il entend bien se renforcer dans le domaine du décisionnel et de la gestion des «Big Datas», en profitant du rachat, mi-février dernier, de Vertica. Le coeur de la technologie de cette start-up spécialisée dans le datawarehouse réside dans une base de données en colonnes, dérivée du projet C-Store dirigé par le chercheur du MIT Mike Stonebraker, qui a notamment développé les SGBD Ingres et Postgre. Avec Vertica, HP entend proposer - à l’issue de la finalisation du rachat - une application dédiée à l’analytique temps-réel, s’appuyant sur l’architecture convergée de l’industriel pour les centres de calcul. Mais l’offre Vertica devrait également être proposée sous forme de logiciels à déployer sur site, et selon le mode as a Service.
Et d’ajouter cela à ses offres de numérisation de documents : bref, une approche bout-en-bout de l’injection des données à leur consultation - en tous lieux et toutes circonstances -en passant par leur traitement, qu’elles soient structurées ou non, et quel que soit le type d’infrastructure sous-jacente.
Un projet trés tendance, trés global mais qui nécessitera de lourds investissements et le déploiement de trésors de diplomatie avec les partenaires du groupe...
En complément :