Datacenter : Acropolis Telecom s’offre un point de présence stratégique au coeur de Paris
Installer un datacenter dans ce qui aurait pu être un penthouse idéalement placé en plein Paris... Saugrenu ? En tout cas, pas pour Acropolis Telecom - ou encore son prédécesseur, Viatel, dont il a repris les installations et le bail pour installer un centre de calculs près de la Bourse. Un emplacement stratégique qui lui permet de proposer à ses clients un point de présence au carrefour de tout ce que l’Hexagone compte de fibres optiques. Et, de là, d’alimenter d’autres centres de calculs. Ceux de ses clients comme les siens.
Centre de Paris, à deux pas de la Bourse, un immeuble haussmannien parfaitement anonyme. L’emplacement est important, historiquement, pour les centres de calculs, avec notamment Telehouse 1 : les fibres optiques de nombreux opérateurs convergent ici. Ça grouille de fibres dans les sous-sols. Et pas que.
Des équipements rentrés au chausse-pieds
La visite commence justement par la cave qui abrite les génératrices diesel. Le couloir d’accès est tellement exigüe que l’on se demande comment elles ont pu arriver là... Elles auraient été livrées en pièces détachées et assemblées sur place pour l’ancien propriétaire des lieux, Viatel. «Nous avons deux arrivées électriques; les groupes, de 120 kW chacun, fonctionnent une fois par mois durant 4/5h; l’installation est déconnectée des deux arrivées du réseau. En tout, chaque groupe nous donne 4 jours d’autonomie », explique Samir Koleitat, patron d’Acropolis Telecom. Mais l’ensemble est surtout là pour prendre le relai des batteries et de l’onduleur, dimensionnés pour supporter 15 minutes de coupure.
La visite se poursuit dans les étages, là où sont installés les premiers serveurs, dans l’attente de ceux des clients d’Acropolis. Pour supporter la charge, la structure du bâtiment a dû être renforcée : «la charge peut être supérieure à une tonne au mètre carré ». La hauteur sous plafond a été mise à profit pour réaliser les faux planchers qui abritent, selon les endroits, batteries, câblage, ou passage d’air froid pulsé. En fait, les batteries sont cachées dans le faux plancher sur lequel travaille l’équipe de supervision de l’exploitation. L’onduleur (en photo, ci-contre), avec ses deux contrôleurs, assure l’intérim, en cas de besoin, avant la mise en route des générateurs - modulable, il peut recevoir des batteries supplémentaires.
C’est petit... mais «ici, on fait du sur-mesure»
Puis arrivent enfin les salles des serveurs, largement vides pour le moment, prévues pour accueillir 20 et 30 baies chacune, organisées en allées froides/chaudes. Classique : chaque baie dispose de son propre disjoncteur. Une petite surface supplémentaire doit pouvoir accueillir une dizaine de baies supplémentaires; elles sont organisées en couloir froid fermé. Cela semble bien modeste. Samir Koleitat explique qu’ici, l’objectif n’est pas de vendre du mètre carré au kilomètre, «on fait du sur-mesure. On peut fournir jusqu’à 6 kVA par baie. Les clients peuvent venir avec leurs serveurs, ou nous payer un loyer et nous laisser la charge de l’achat ou de l’hébergement d’une machine virtuelle sur notre infrastructure ».
De fait, les premiers serveurs installés - d’une valeur de près de 100 000 euros selon Samir Koleitat - sont des machines Dell, avec vSphere; un ensemble qui doit servir à héberger des IPBX virtuels, «jusqu’à 200; cette unité est répliquée dans notre datacenter d’Aix-en-Provence ». Une fibre tirée par l’opérateur relie les deux centres de calculs directement; elle affiche une capacité de 10 Gbps. Le tout profite d’un trunking purement SIP avec Orange.
En tout, dix baies auraient déjà été réservées.
En plein Paris... pour réduire les coûts
Cela peut paraître paradoxal compte tenu du prix de l’immobilier à Paris, mais l’intérêt de ce centre de calculs semble avant tout économique : «d’ici, je peux tirer mes propres fibres à 1 Gbps pour connecter un client à 50 km à la ronde. Depuis Lognes, je devrais revenir sur Paris pour aller ailleurs. N’oubliez pas que la fibre se paie au kilomètre. Et c’est très cher. D’ici, je peux donc aller partout en France. Tandis qu’ailleurs, je dois soit revenir à Paris, soit passer par un noeud d’échange.» La logique est donc là : utiliser ce centre de calculs comme un pont de présence ou d’interconnexion stratégique tout en laissant l’essentiel de l’infrastructure serveur ailleurs - «l’un des nôtres, ou un autre. Ici, là seule contrainte, c’est de passer par nos fibres.»
Du coup, même si l’installation paraît toute fraiche, le GreenIT n’apparaît pas comme une préoccupation essentielle ici. PUE ? «Ce n’est pas ici que je fais ces calculs », répond Samir Koleitat. Et à l’entendre, ses clients non plus.