Véhicules électriques : Logica lorgne sur la gestion des bornes de recharge
Fort d'une première expérimentation aux Pays-Bas, Logica lorgne sur les futurs marchés associés à la mise en place de bornes de recharge des véhicules électriques en France. Le gouvernement prévoit 400 000 bornes publiques en 2020. Mais, comme les initiatives émaneront de collectivités locales, un besoin d'interopérabilité et de recensement national se fait clairement sentir, afin d'amener les services attendus par les futurs conducteurs éco-responsables.
Un peu absent jusqu'alors des grands appels d'offres publics en matière de M2M (les compteurs électriques intelligents - le projet Linky - ayant été trusté par Atos-Origin, tandis que Steria a marqué des points sur le projet écotaxe de taxation des poids lourds, même si l'attribution du marché est contestée), Logica tente aujourd'hui de renforcer son positionnement sur les transports intelligents. Peu connu en France sur cette expertise - ce n'était pas la spécialité d'Unilog qui constitue le gros de Logica France -, la SSII britannique peut toutefois s'appuyer sur quelques réalisations intéressantes à l'étranger. Et dispose d'une fenêtre de tir : la publication - attendue fin avril après avoir été annoncée pour... octobre 2010 - d'un document précisant les attentes de l'administration française concernant les infrastructures de recharge des véhicules électriques. Visant à assurer l'interopérabilité entre les premiers déploiements de bornes de recharge - confiés à des collectivités locales -, ce "livre vert" doit fournir un cadre de travail aux collectivités qui se sont engagées à mener des projets pilotes sur ce sujet : Bordeaux, Grenoble, Rennes, Nice, Angoulême, Pays d’Aix-en-Provence, Orléans, Paris, Rouen, Strasbourg, le Havre et le Grand Nancy.
Aux Pays-Bas, la logique des petits pas
A la clef, de premiers marchés publics, que Cyril Cortina, directeur énergie et développement durable chez Logica Business Consulting, espère voir se concrétiser avant la fin de l'année. Or, sur le sujet, la société de conseil en technologies dispose d'une première expérience significative, avec le projet E-laad aux Pays-Bas. Portant sur 10 000 bornes publiques de recharge (une centaine déployées à ce jour) et géré par une fondation regroupant des distributeurs électriques, des constructeurs et des sociétés de services, E-laad vise à jeter les bases d'une infrastructure nationale, interopérable. "La première étape a consisté à développer un premier système fonctionnant avec des cartes RFID préchargées permettant d'authentifier les abonnés (voir ci-contre). Aujourd'hui, le projet est passé à une seconde étape, l'introduction de la concurrence entre plusieurs opérateurs de mobilité sur plusieurs expérimentations. La carte E-laad doit ainsi fonctionner sur deux autres réseaux de bornes aux Pays-Bas et vice-versa, avec en ligne de mire la mise en place d'une chambre de compensation pour gérer les interactions financières entre les intervenants des différents réseaux. C'est une logique de construction de marché", détaille Cyril Cortina. Une logique que Logica a déjà exporté à Düsseldorf et espère voir se développer en France. "Au-delà des bornes elles-mêmes, la gestion des paiements, l'interopérabilité entre les infrastructures montées localement et l'existence d'un registre national permettant de fournir des services aux utilisateurs - réservations, localisation... - sont cruciales", reprend ce responsable de la SSII. Autant de sujets sur lesquels la société a travaillé aux Pays-Bas en développant CIMS (Charge point Infrastructure Management System), le système d'information supportant E-laad et reposant sur des communications via les réseaux mobiles entre les bornes et le serveur central.
En 2020, pas moins de 400 000 points de recharge publics
C'est d'ailleurs ce système d'information qui a pris en charge la borne servant à recharger un véhicule de service sur le rallye marocain Aïcha des Gazelles (voir photo ci-contre), qui vient de s'achever. L'occasion pour Logica de se rapprocher d'un acteur clef dans le plan français de déploiement de véhicules électriques : La Poste. Lui aussi partenaire du rallye et fournisseur du véhicule service sur ce dernier, le groupe public pilote surtout le groupement d'industriels chargés par l'état de passer une première commande de 50 000 véhicules électriques. Un amorçage qui doit permettre à l'Etat de tenir ses engagements en matière de développement de ce mode de transport : la France vise en effet 2 millions de véhicules électriques en 2020, supportés par plus de 4 millions de points de recharge, dont 400 000 sur la voie publique (70 000 en 2015). A titre de comparaison, l'Hexagone ne compte qu'un peu plus de 12 000 stations service sur son territoire.
Reste que les contours de ce marché, qui tâtonne encore pour trouver son modèle économique, restent très largement incertains. "Les frontières habituelles entre les acteurs s'estompent", confirme Cyril Cortina. Dans une des deux expérimentations déjà conduites dans le cadre du Plan véhicules électriques de l'Etat (le projet SAVE, pour Seine Aval Véhicule Electrique), les systèmes de gestion des bornes ont ainsi été conçus par Schneider Electric. Nul doute également que les opérateurs téléphoniques, via leur branche services, seront de la partie. Vu la puissance des acteurs auxquels elles auront à faire face - et à leur influence auprès des décideurs -, les tentatives de percée des SSII sur ces nouveaux marchés les condamnent à s'adosser à des acteurs puissants. A ce jour, les futurs consortiums qui concourront pour ces marchés n'ont pas encore clairement émergé.
Les véhicules électriques alimentés par le Grand Emprunt |
Parallèlement aux initiatives dans le cadre du Plan véhicules électriques, l'Etat s'appuie également sur le Grand Emprunt national pour accélérer le déploiement des infrastructures de recharge pour les véhicules électriques. Un Appel à Manifestations d’Intérêt (AMI), piloté par l’Ademe, est ainsi dédié aux « expérimentations liées aux infrastructures de recharge pour les véhicules électriques et hybrides rechargeables ». L'appel vise à développer des expérimentations permettant, notamment, de "valider l’interopérabilité et l’adaptabilité des infrastructures de recharge au niveau national et européen" et de "tester les solutions d’infrastructures communicantes et intelligentes - viables sur les plans socio-économique et environnemental - permettant notamment la circulation d’informations entre le véhicule, la borne et l’usage". Remise des copies avant la mi-juin |