Tests logiciels : la filière française s’organise contre le “non-professionnalisme”
Un secteur qui se structure lentement. C’est l'un des constats qui ont pu être réalisés à l’occasion de la 3e édition de la journée française des tests logiciels. Si la filière de la qualité logicielle se construit petit à petit, il est clair que les entreprises considèrent encore les tests comme la cinquième roue du carrosse. Derrière, les SSII et certains pure-players commencent à aiguiller le marché.
Avec 33% de participants supplémentaires pour cette 3e édition, la journée française des tests logiciels qui se déroule aujourd’hui mardi 5 avril 2011 à Paris, est le reflet d’un marché des tests et de la qualité logicielle qui intéresse. “Une petite entreprise qui ne connait pas la crise”, ironisait par ailleurs Bernard Homès, président du Comité français des tests logiciels, organisateur de l’événement, dans son discours d’ouverture.
Ce marché, qui certes reste encore embryonnaire, a toutefois connu une croissance en 2010 de + 9 %, alors que celui des services et logiciels enregistrait un recul de 2%. Les tests logiciels ont pesé en 2010 quelque 800 millions d’euros en France, contre 34 milliards pour l’industrie des services et logiciels (source PAC). Plus qu’une prise de conscience, ces chiffres tendent à prouver que le secteur commence un peu plus à se structurer, même si on est encore loin du compte.
Un mal nécessaire trop couteux
“Les tests sont souvent considérés comme un coût et souvent vus comme un mal nécessaire […]. Ils coutent extrêmement cher lorsqu’ils sont introduits tardivement dans la chaîne de développement. Et ce parce que l’on récupère toutes les inefficacités des processus en amont”, commente Olivier Denoo, directeur général de ps-testware, société spécialisée dans la qualité logicielle et vice président du Comité français des tests logiciels.
Car l’une des bêtes noires du test est justement son coût. Souvent piochés dans la DSI - chez les développeurs par exemple - , chez des employés dont ce n’est pas le métier, les testeurs restent pour l’heure - et pour l’essentiel des entreprises, commente Olivier Denoo - une affaire de “non-professionnels”. Faute d’avoir intégré et structuré les tests dans leurs processus, les entreprises se retrouvent alors confrontées à des coûts cachés. Et c’est bien là que le bat blesse : absence de cellules de qualité, absence de formation, manque de profils de recrutement, pas d’évolution de carrière, le testeur aujourd’hui reste un élément isolé qui “subit des pressions dans son entreprise car il est généralement porteur de mauvaises nouvelles”, souligne Olivier Denoo. Mais sans véritablement avoir de point de repère dans l’entreprise.
Et pourtant les risques sont multiples. Une étude commanditée par Informatica venait par exemple étayer ce point. Selon les premières conclusions de ce rapport, sur les 437 responsables informatiques d’institutions bancaires britanniques interrogés, 85 % avouaient utiliser directement les données de leurs clients pour réaliser leurs développements et effectuer les tests de fonctionnement. Et 43 % d'entre elles confirmaient ne pas appliquer de procédures de sécurité particulières durant ces phases. “Le métier, marqué notamment par le non-professionalisme, doit encore se structurer”, lance haut et fort Olivier Denoo.
Un référentiel des métiers du test
Et justement, le Comité français des tests logiciels entend fournir une première réponse à cet “amateurisme” : la création d’un référentiel des métiers du test - 8 y sont référencés - , qui doit présenter les différents rôles et profils présents dans cette filière. Selon Bernard Homès, le projet est en cours d’élaboration et deux fiches métiers sont actuellement finalisées. Une publication finale est prévue pour la rentrée 2011.
Ce référentiel vise à “bien faire comprendre que le test est un métier et qu’il existe plusieurs profils de testeurs, plus ou moins spécialisés, plus ou moins techniques. Ceux-ci peuvent également être accompagnés de perspectives d’évolution”, poursuit-il, tout en ajoutant son intention de propager ce référentiel à travers les entreprises.
Pour autant, cela ne constitue qu’une première étape pour le vice-président du Comité français des tests logiciels qui entend bien également tirer les ficelles de la certification - que délivre par ailleurs le CFTL - dans le but d’éduquer les entreprises et de formaliser le métier de testeur en somme.
Et la transformation a déjà commencé : “le gros de l’approche est dans les sociétés de services”, commente Olivier Denoo. A l’image des stands Steria, Wipro, Sopra et Sogeti présents sur le salon. “Certaines entreprises ont toutefois mis en place des centres d’expertise et commencent à investir sur les compétences”, conclut-il.
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