Symbian : la ballade Open Source s’arrête
Nokia a décidé de limiter l’accès au code de l’OS aux seuls OEM restants de la marque et d’encadrer le code sous une licence non-Open Source. L’explosion de la fondation Symbian aura eu des effets collatéraux.
Une simple ballade en Open Source. Alors que toute la communauté des développeurs Open Source et l’ensemble de l’écosystème de la mobilité avaient les yeux tournés sur l’ouverture du code de Symbian, Nokia a confirmé que son OS était désormais placé sous une licence propriétaire et fermée, écartant d’un revers de la main les belles promesses d’ouverture faites en juin 2008. A cette date le Finlandais voyait encore l’Open Source comme la pilule miracle contre la montée en puissance des iPhone et autres Android - qui à l’époque ne faisaient que balbutier.
Une jouvence Open Source qui n’avait pas suffit au groupe pour enrayer la machine Android - également Open Source - et consorts. En 2010, Nokia, après avoir essuyé la perte de nombreux constructeurs, décida de rapatrier les développements de Symbian en son sein, détruisant alors la fondation créée pour soutenir la mise à l’Open Source de 2008. Celle-ci fut tout juste reléguée à des tâches administratives et de gestion des licences. A cette époque, donc, Nokia avait confirmé - ou du moins c’est ce que tout le monde avait compris - son intention de faire de Symbian un OS “ alternatif direct et ouvert” . Tout le monde, et surtout la communauté Open Source, s’était rassis, soulagé. Les sites de la fondation avaient donc été éteints, et la transition amorcée, et le code source rapatrié chez Nokia.
Seulement voilà. Lorsque la semaine dernière, Nokia a annoncé la ré-apparition du code sur ses serveurs (sur symbian.nokia.com), via un billet de blog, titré “we are open” (“nous sommes ouverts”), certains ont cru à une remise à disposition sous licence Open Source du code. Que nenni. Après un examen de la licence, une première fois opéré par le site Groklaw, il est apparu que Symbian était désormais encadré par une licence Nokia Symbian Licence, citée à la fin des conditions d’utilisation de l’OS, qui n’avait rien d’Open Source et que le code était entouré d’une procédure d’enregistrement, censée visiblement filtrer.
“Open” uniquement pour les OEM du groupe
Confusion sur les termes, crie aujourd’hui Nokia, sur son blog, qui prétend que par “ouvert et direct”, il fallait comprendre qu’il s’agissait “d’un modèle qui nous permet de continuer à travailler avec les OEM japonais restants, et la communauté relativement réduite des collaborateurs participant au développement de la plate-forme, avec lesquels nous travaillons actuellement”. Il affirme que le code aujourd’hui disponible s’adresse justement à ces collaborateurs, mais que Nokia ne supporte pas Symbian “en tant que projet de développement Open Source”.
Nokia France, sollicité pour l’occasion, nous renvoie vers le billet de blog publié par le groupe, sans autre commentaire.
Erreur de communication ou effet Microsoft, son nouvel meilleur ami, dont l’OS Windows Phone 7 équipera ses smartphones ? Quoi qu’il en soit, cette stratégie du groupe ouvre une autoroute pour Android, qui chemine désormais seul sur le segment des OS mobiles Open Source. Même si l’accès au code de la version 3.0 (Honeycomb) reste encore limité.
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