Disques durs : Seagate flashe sur Samsung
Le rachat de l'activité disques durs de Samsung par Seagate s'accompagne de la signature d'un accord stratégique de fourniture de mémoire Flash qui devrait doper les efforts de Seagate dans les SSD.
Seagate a annoncé hier son intention de racheter l'activité disques durs de Samsung pour 1,375 Md$, pour moitié en numéraire et pour moitié en action. Ce qui donnera à Samsung le contrôle de 9,6% du capital de Seagate. Ce projet de rachat est la riposte du constructeur au projet de rachat de la division disques durs d'Hitachi, Hitachi GST, par Western Digital.
Vers une situation d’oligopole ?
Si les deux rachats venaient à être acceptés par les autorités de la concurrence, le nombre de constructeurs de disques serait brutalement réduit à trois acteurs - Seagate, Western Digital et Toshiba) contre un peu moins de dix, au début des années 2000. Parmi les consolidations marquantes, on se souvient notamment du rachat de Quantum par Maxtor en 2000, puis de celui de la division disques durs d'IBM par Hitachi en 2003, de celui de Maxtor par Seagate en 2005, et plus récemment de l'acquisition de Fujitsu par Toshiba, en 2009.
La dernière vague débutée avec le projet de rachat d'Hitachi GST par Western Digital pourrait toutefois faire tiquer les autorités de la concurrence des deux côtés de l'Atlantique. Si les deux projets de rachats (WD/Hitachi et Samsung/Seagate) aboutissent, le premier contrôlera en effet près de 48% d'un marché mondial évalué à 27,7 Md$ en 2010, contre environ 42% à son suivant immédiat, et un peu plus de 10% à Toshiba.
Seagate en difficulté
Si Western Digital est en croissance régulière depuis deux ans (une bonne santé qui devrait être renforcée avec l'intégration d'Hitachi GST), Seagate est quant à lui entré dans une zone de turbulences.
Ses derniers résultats trimestriels annoncés hier, peu de temps après le projet de rachat de Samsung, ne sont d'ailleurs guère brillants. Si le constructeur américain a écoulé 49 millions de disques durs au cours du premier trimestre calendaire, cela n'a pas suffi à enrayer le recul de son chiffre d'affaires. Ce dernier s'établit à 2,7 Md$, en baisse de 350 M$ sur un an. Dans le même temps, le bénéfice s'est effondré, passant de 518 M$ à 93 M$. C'est peu dire que chez le futur ex-numéro un mondial, l'ambiance n'est pas au beau fixe.
Alliance avec Samsung dans les SSD
Si le rachat de Samsung devrait un peu améliorer les choses côté disques durs, le véritable intérêt de l'union entre les deux constructeurs est sans doute à chercher ailleurs, du côté du stockage flash. Sur le dernier marché vraiment rentable de Seagate, celui des disques durs d'entreprises SAS et Fibre Channel, les disques SSD apparaissent comme une menace redoutable du fait de leurs performances, qui font que quelques SSD judicieusement utilisés dans une baie de stockage peuvent remplacer plusieurs dizaines de disques SAS rapides.
Afin de ne pas finir comme les géants de la photo argentique, Seagate s'est finalement résolu à contre attaquer et à lancer ses propres disques SSD d'entreprise - à base de puces de mémoire flash NAND signées Samsung. L'accord noué avec son nouvel associé devrait ouvrir à Seagate un accès garanti et en grandes quantités aux composants de mémoire flash de Samsung, ce qui devrait lui permettre de devenir un concurrent redoutable de STEC et Hitachi, mais aussi de passer à la vitesse supérieure sur le marché des SSD plus "grand public".
Notons pour mémoire que Samsung dispose aussi d'une participation stratégique dans Fusion I/O, qui garantit aussi au constructeur de cartes flash PCIe ses approvisionnements en mémoire Flash.