Logica France ne fera pas de plan social, mais...
Dans un e-mail aux salariés, la direction de l'ex Unilog assure qu'il n'y aura pas de plan social. Ce qui ne suffit pas à rassurer les délégués du personnel, inquiets de l'évolution du modèle Logica.
La réaction aura un peu tardé. Mais, dans un e-mail adressé à tous les salariés, Patrick Guimbal, qui a la responsabilité des activités en France de Logica après l'éviction de Didier Herrmann en septembre dernier, a tenu à démentir les "rumeurs" de plan social dans la filiale hexagonale du groupe britannique. Fin avril, le groupe annonçait en effet un plan de restructuration touchant 1 300 personnes. Des coupes claires majoritairement en Grande-Bretagne, mais touchant également l'Allemagne, la Suède ou la France. Les syndicats de l'ex Unilog avaient alors évoqué la suppression d'environ 200 postes dans l'Hexagone sur des fonctions centrales. Une annonce qui, même si elle ne touche pas les consultants, tombe au plus mal alors que la SSII affronte ses concurrentes dans ce que le secteur présente comme une véritable "guerre des talents", notamment sur le terrain des jeunes diplômés.
"Evolutions des postes de travail"
Dans sa communication aux salariés, Patrick Guimbal se livre donc à un périlleux exercice de style : démentir le plan social tout en reconnaissant la nécessité pour la filiale française de participer à l'effort collectif de réduction des coûts. Il écrit : "En France, cette éventuelle réduction des postes de travail, qu'il ne faut pas confondre avec des licenciements, sera plus réduite (que les 2 % de diminution sur 12 à 18 mois des effectifs réclamés au niveau groupe, ndlr) et gérée progressivement par le turnover naturel, la gestion des contrats à durée déterminée et des évolutions de postes de travail." Un véritable exercice de corde raide.
Suite à un comité central d'entreprise, qui s'est tenu hier, les représentants du personnel affichent leur vigilance, en déclenchant leur droit d'alerte. Si certains d'entre eux voient dans l'annonce du groupe une communication avant tout destinée aux actionnaires, d'autres sont plus inquiets. Ancien de LogicaCMG France, Hubert Macone, délégué CGT, voit dans les annonces récentes une prolongation de l'éviction de Didier Herrmann, "qui dénonçait la mise en place des méthodes anglaises aux dépens du système Unilog". Rappelons que, avant la fusion avec Unilog, LogicaCMG France a accumulé les pertes.
Du front office en centres de services de Province
Le plan de réduction des coûts actuels se traduira en France par la délocalisation de fonctions de support (notamment la paie), mais aussi par la réduction des objectifs d'embauche dans les centres de services de Province (Montpellier, Lyon, Grenoble, Bordeaux, Auvergne...). Aujourd'hui, ces centres emploient 940 personnes. Logica prévoyait de passer à 1 250 personnes en fin d'année. Cet objectif a été ramené à environ 1 100 personnes. Et la mobilité des effectifs, notamment parisiens, vers ces centres sera encouragée. Traditionnellement, chez Unilog, ce transfert s'opère avec une réduction de salaire de 10 à 15 %. En parallèle, une partie des activités de ces implantations sera déportée en Inde ou au Maroc. La Province s'orientant, elle, vers des activités de pilotage, de front office. Une mutation qui, sur le papier, génère des économies tant en front office (déplacée pour partie en Province) qu'en back office (passé à l'offshore). Mais dont les modalités pratiques restent à préciser, comme le notent les délégués du personnel.
La mutation du modèle de fourniture de services, telle que la dessine Logica, confirme les craintes que formulent certains observateurs du marché des services informatiques sur la pérennité des centres de back office de Province. Selon eux, ces derniers sont voués à être délocalisés dans un pays à faible coût de main d'oeuvre. Reste à trouver une nouvelle fonction à ces implantations. Logica France s'y emploie.