A défaut de vendre ses NAS proprétaires, Sun se tourne vers le libre
Sun élabore depuis plus d'un an une plate-forme orientée stokage basée sur son OS Solaris et sur un ensemble de technologies dont il a publié le code source. Objectif fournir un système prêt à l'emploi concurrent de Windows Storage Server, pour permettre aux entreprises et aux intégrateurs de bâtir des serveurs de stockage.
Sun Microsystems veut redynamiser son activité stockage en s'appuyant sur un ensemble de technologied libres récemment greffées au-dessus de son système d'exploitation Solaris. La firme, dont l'activité stockage continue à souffrir face aux géants du secteur que sont EMC ou NetApp, mais aussi face à des concurrents comme HP ou IBM, entend utiliser l'arme du libre et les technologies x64 pour redonner du tonus à une offre qui peine à convaincre.
La semaine dernière, le constructeur a officiellement communiqué sur la disponibilité d'outils de développement et d'une offre de service basés sur sa plate-forme "OpenSolaris Storage". L'idée est relativement simple : depuis plus d'un an, Sun a publié le code d'une large partie de ses briques de stockage et les a optimisées pour tirer parti de son système d'exploitation Solaris. La plate-forme OpenSolaris Storage s'appuie notamment sur des composants de base comme le système de gestion de fichiers ZFS, l'implémentation libre de NFS de Sun, une pile CIFS libre issue d'un partenariat avec Microsoft (et non pas l'habituelle pile dérivée de Samba) et des implémentations libres là encore des protocoles cible Fibre Channel et iSCSI (Comstar ou Common Multiprotocol SCSI Target). Sun ajoute également des composants et services de beaucoup plus haut niveau comme Honeycomb, sa technologie d'archivage d'objets CAS (Content adressable Storage), StorageTek SAM, son système de fichier hiérarchique…
Attaquer EMC et NetApp sur le prix
Pour l'instant, l'intégration des différents projets laisse à désirer et il faut encore largement assembler les différents composants à la main, même si Sun fournit des guides et des services pour accompagner les utilisateurs dans cette tâche (par exemple un guide vidéo permet de construire un serveur NAS en une petite heure). Mais l'objectif d'ici quelques mois est bien de disposer avec OpenSolaris Storage d'une alternative crédible à Windows Storage Server de Microsoft. Soit un OS orienté stockage prêt à l'emploi.
Pourquoi un OS stockage libre ? Pour Laurent Bartoletti, en charge des produits stockage chez Sun France, la réponse tient en deux mots : prix et ouverture. En choisissant de baser leur architecture de stockage sur une plate-forme libre et gratuite, les clients, et notamment les sociétés du monde de l'Internet, peuvent assembler des solutions de stockage performantes et fiables à un niveau de prix très inférieur à celui des plates-formes du marché.
Un argument pour vendre des serveurs
Par exemple, pour assembler un serveur NAS/SCSI, il suffit d'installer la couche de stockage OpenSolaris sur un serveur avec une grosse capacité de disque ou un serveur connecté à un JBOD. Ainsi on peut espérer faire passer le prix du gigaoctet sous la barre des 1 $ contre 3 à 5 $ pour un serveur NAS traditionnel,. Un argument essentiel pour construire certains services Internet. Bien sûr, Sun espère que les entreprises utiliseront ses propres plates-formes serveur pour ce faire et notamment son Sun Fire x4500, un serveur Bi-Opteron avec 48 emplacements pour disques durs. La firme prépare d'ailleurs de nouveaux produits adaptés à OpenSolaris Storage.
Pas fou Sun entend aussi redonner un peu de vigueur à sa propre offre NAS en l'appuyant sur la plate-forme OpenSolaris, une stratégie que nous décrivait déjà le patron de cette activité chez Sun, lorsque nous l'avions rencontré l'an passé au salon JavaOne. Cette nouvelle offre NAS "libre" devrait être disponible dans le courant de l'été à des tarifs sensiblement inférieurs à ce que peuvent proposer EMC ou NetApp, avec l'ensemble des services clés que l'on peut attendre de telles plates-formes (administration web, réplication, snapshot…)
En attendant, on peut déjà trouver des systèmes prêts à l'emploi, basés sur la plate-forme de Sun, chez de petits constructeurs américains comme Nexenta Systems.