HP - EDS : Hurd réalise le rêve de Carly Fiorina dans les services
On avait fini par ne plus y croire. Depuis le début de la décennie, HP cherchait, sans succès, à s’étendre dans les services. Longtemps marquée du sceau de la rumeur, l’acquisition d’EDS arrive au bon moment et permet à HP d'exister dans l'infogérance, un secteur que le géant imagine plus porteur que le matériel et le logiciel à l'heure où les nuages s'accumulent sur l'économie américaine.
Depuis le début des années 2000, HP a tenté à plusieurs reprises de se développer par acquisition dans le secteur des services informatiques, jusqu'alors sans succès. Ce fut d'abord l'échec monumental du rachat de PriceWaterHouse Coopers, finalement mangé par IBM, puis les multiples rumeurs autour d'un rapprochement entre Capgemini et le géant américain. Finalement, après 8 ans d'errements, c’est chose faite avec le rachat d’EDS pour près de 14 milliards de dollars, un rachat qui permet au constructeur californien de devenir la deuxième SSII dans le monde, derrière IBM.
HP -EDS, nouveau n°2 mondial des services
Il s’agit de la dernière fusion monstre d’un secteur qui n’en finit pas de se concentrer. Sur un marché mondial évalué à 748 Md$ en 2007 et en forte croissance (+ 10,5% par rapport à 2006), la nouvelle activité services d'HP, qui portera le nom d'EDS - an HP company, devrait générer près de 40 milliards de dollars de chiffre d’affaires (dont 22 Md$ pour le seul EDS) et employer quelques 210 000 salariés répartis dans 80 pays. A titre de comparaison, le leader mondial, IBM Global Services a réalisé un CA de 54 Md$ en 2007.
Avec l'acquisition d'EDS, les services compteront désormais pour près de 30% de l’activité générale du groupe HP qui devrait, sur 2008, dépasser les 135 Md$ de CA. Surtout, la configuration de la société se trouve profondément modifiée. Les services représentent désormais l’équivalent de l’activité PC (30% des revenus chacun) tandis que la division impression (longtemps vache à lait du constructeur) voit son poids diminuer tout comme l’activité stockage et serveurs.
Pour HP, il s’agit cependant d’un succès obtenu dans la douleur. Le fabricant de PC a régulièrement échoué dans ses tentatives de rachat dans les services. C’etait pourtant la priorité de Carly Fiorina qui – au début de la décennie – souhaitait coller au plus près d’IBM, concepteur des premiers PC devenu vingt ans plus tard le numéro un mondial des services. L’égérie du groupe californien renvoyée, c’est donc à Mark Hurd de réussir le pari. Il aura cependant fallu attendre la consolidation des activités matériels et l’achèvement du processus d’intégration de Compaq pour que le groupe – qui a repris de belles couleurs sur le marché des PC et des serveurs – puisse s’offrir un gros poisson.
La bonne nouvelle est que les activités d’EDS et de HP services apparaissent comme complémentaires. Le premier est spécialisé dans l’infogérance, tandis que HP fait plutôt du support et de la maintenance liés à sa base installée. EDS revendique ainsi l’administration de plus de 65 000 serveurs et le support de plus de trois millions de postes de travail dans le monde. Par ailleurs, le Texan s’est fait une spécialité d’infogérer les services publics. Les différents contrats qui le lient au gouvernement américain représentent ainsi plus de 10% de son chiffre d’affaires annuel. Une spécificité culturelle que HP souhaite visiblement préserver, voire développer : le quartier général d’EDS - an HP company (sic) sera basé à Plano, au Texas, siège historique d’Electronic Data Systems.
Résultats : HP bombe le torse
Parallèlement à l’annonce officielle du rachat d’EDS pour 13,9 milliards de dollars (voir notre analyse à ce sujet plus tard dans la journée), HP a publié des résultats préliminaires pour le compte de son deuxième trimestre fiscal. La société a généré un revenu de 28,3 Md$, en hausse de 13% par rapport à l’année précédente. Du coup, l’année sera meilleure que prévue et le groupe table désormais – à périmètre constant – sur un CA supérieur à 114 Md$ contre 104 Md$ en 2007.