Atos-Origin : l'AG ajournée, les fonds doivent patienter pour s'imposer
Suite à un incident de séance, le directoire de la SSII a ajourné l'assemblée générale qui se tenait ce 22 mai. Les fonds Centaurus et Pardus, qui contestent la stratégie de l'actuelle direction, dénoncent une mascarade.
Répit pour la direction d'Atos-Origin. A l'issue d'un incident de séance, le directoire de la SSII, en accord avec le président de son conseil de surveillance, a décidé d'ajourner l'assemblée. Donc de reporter le vote de résolutions décisives pour l'avenir du groupe à une prochaine date. Rappelons qu'au cours de l'assemblée générale du jour, les actionnaires devaient se prononcer sur l'arrivée au conseil de surveillance d'administrateurs soumis par les fonds Centaurus et Pardus (23 % du capital à eux deux), en conflit avec l'actuelle direction. Et sur la révocation de l'actuel président du conseil de surveillance, Didier Cherpitel.
Selon Philippe Germond, président du directoire, une nouvelle assemblée générale sera convoquée dans les semaines qui viennent, de toute façon avant le 30 juin, le délai légal dont dispose la société pour réunir ses actionnaires.
Ce report fait suite à l'intervention surprise à la tribune de Gérard Guerguerian, président du conseil de surveillance du fonds commun de placement des salariés (environ 3 % du capital) et directeur juridique du groupe. Ce dernier y expliquait qu'il n'est « pas normal de dénier une représentation au conseil de surveillance aux deux fonds représentant 23 %. La bataille actuelle laissera des traces. La décision prise d'évincer Bernard Bourigeaud (l'ancien patron, ndlr) contre l'avis du comité exécutif n'a pas créé les conditions d'une transition efficace ». Une sortie visant explicitement l'actuel président du directoire, Philippe Germond. Gérard Guerguerian a alors annoncé qu'il voterai en faveur des représentants que les fonds Centaurus et Pardus tentent de faire élire au conseil de surveillance de la SSII et pour la révocation de Didier Cherpitel.
Les fonds en bonne position
Pour le directoire de la SSII, par cette déclaration, Gérard Guerguerian dépassait le mandat qu'il avait reçu du fonds de placement, le conseil de ce dernier lui ayant simplement demandé de voter en faveur des résolutions présentées par le directoire. «Pour éviter des poursuites juridiques portant sur 5 % des droits de vote de l'assemblée, le directoire a donc pris à l'unanimité la décision d'ajourner l'assemblée», a expliqué Philippe Germond. Avant d'expliquer qu'il y aurait des « conséquences immédiates » pour Gérard Guerguerian, présenté comme un collaborateur proche de Bernard Bourigeaud.
Immédiatement, les représentants des fonds dénonçaient une « mascarade ». De facto, pour ces derniers, cet événement impromptu diffère un vote qui s'annonçait bien pour eux. Avec 23 % du capital, et alors que seulement 63 % de ce dernier était réuni et prêt à s'exprimer, les résolutions des fonds, au tout au moins certaines d'entre elles, avaient de bonnes chances d'être approuvées.
Mystère sur les intentions des fonds
Récemment, après avoir longtemps tenu un discours très dur vis-à-vis des fonds, la direction, par la voix de Philippe Germond, a jugé « équilibrée » l'entrée au conseil de surveillance de trois des cinq administrateurs proposés par Centaurus et Pardus (Benoît d'Angelin, de Centaurus, Colette Neuville, présidente de l'Association de défense des actionnaires minoritaires, et Michel Combes, de TDF).
Pour Didier Cherpitel, dont la tête est demandée par les fonds, si l'entrée de ces trois administrateurs paraît « juste », une approbation en bloc des résolutions des fonds Pardus et Centaurus conduirait à « une prise de contrôle rampante de la société ». Et de dénoncer des fonds n'ayant pris aucun engagement écrit sur la durée de leur investissement, leur stratégie ou encore leurs intentions à l'égard de l'actuel homme fort, Philippe Germond. Même s'ils ont adouci leur discours, Centaurus et Pardus sont soupçonnés de vouloir adosser ou démanteler Atos. En mars 2007, Centaurus était déjà à l'origine de l'ouverture des discussions avec le fonds Permira, pour la vente d'Atos, avec la bénédiction de Bernard Bourigeaud à l'époque à la tête de la SSII.
Ces discussions avaient été mises à mal par le conseil de surveillance, qui avait mis sur pied un processus de vente ouvert à d'autres acteurs du marché. Trois candidats avaient été identifiés. Mais, selon Didier Cherpitel, aucun d'entre eux n'avait remis d'offre ferme à la date de clôture du processus, le 11 mai 2007. Preuve que l'hostilité entre le clan réunissant les fonds et les amis de Bernard Bourigeaud d'un côté et l'actuelle direction de l'autre ne date pas d'hier.