Assises du numérique : le plan qui risque de faire pschitt
Cinq objectifs majeurs et autant de chapitres pour 27 propositions posées sur la table : le projet de plan de développement de l’économie numérique part tous azimuts. Retour sur quelques unes des pistes de travail proposées aux Assises du numérique et qui seront discutées tout au long du mois de juin.
Du recyclage de mesures, aucun budget dédié, une concertation dans l'urgence, aucune ambition industrielle : le plan de développement de l'économie numérique, qui doit être annoncé cet été suite à une concertation express tenant sur un petit mois, risque d'avoir du mal à dépasser l'effet d'annonce.
Le 29 mai, Eric Besson ouvrait en fanfare les Assises du numérique censées déboucher sur une proposition de plan de développement de l’économie numérique à l’horizon 2012. Depuis sa nomination au poste de secrétaire d’état à l’Economie numérique – une fonction exercée à temps partiel –, Eric Besson n’a pas chômé afin de mettre sur la table des assises un document dense alliant analyse et projets de mesures soumises au débat. Un catalogue vaste de 27 pistes de travail dont certaines sont déjà largement explorées dans des projets de loi en cours de discussion (par exemple la loi sur la modernisation de l’économie). Retour sur quelques propositions clés pour les professionnels des systèmes d’information.
Redynamiser le secteur des logiciels
Constat du gouvernement : le développement logiciel est clé mais… « de nombreux éditeurs français ne sont pas encore parvenus à atteindre la taille critique ». On pourrait ajouter que lorsqu’ils y parviennent, c’est pour mieux tomber dans l’escarcelle d’autres, comme se fut le cas pour Business Objects en 2007. De fait, le logiciel français se trouve paradoxalement en voie de satellisation. Et les mesures semblent bien faibles pour inverser la tendance. Il s’agit avant tout d’appuyer la recherche et la formation afin de favoriser l’innovation.
Autre idée, « promouvoir un financement efficace pour une plus grande prise de risque »… que ne prendra pas l’Etat puisque – Eric Besson l’a affirmé – aucun budget ne sera débloqué dans le cadre de ce plan. Il s’agirait donc d’affecter plus spécifiquement une part significative des crédits garantis par Oseo-Sofaris (pour les PME).
Enfin, la concurrence entre logiciels propriétaires et logiciels libres devrait s’accentuer, l’Etat proposant d’imposer pour la première fois un objectif de marchés publics basés sur le logiciel Open Source fixé à 20%.
Administration électronique, on recycle
Pour l'administration électronique, le plan prévoit surtout la mise en œuvre de projets déjà en cours. 2008 devrait ainsi marquer la publication du controversé Référentiel général d’interopérabilité (RGI) et du Référentiel général d’accessibilité des administrations (RGAA). Une nouveauté cependant, Eric Besson propose la création d’un « conseil des systèmes d’information associant les DSI de l’Etat, les organismes de protection sociale, les représentants des collectivités pour examiner les orientations stratégiques transverses et des moyens d’intérêt commun ».
Enfin, en 2009, un texte devrait conduire les ministères « à passer par les moyens mutualisés au fur et à mesure de l’extinction de leurs contrats ».
Cybercriminalité, recruter et former
Sur ce terrain, il s’agit là essentiellement de formation et de recrutement de moyens humains de lutte contre la criminalité informatique. Le projet préconise également la création d’un groupe spécialisé dans les escroqueries sur Internet dans le cadre de l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information (OCLTIC).
Par ailleurs, une distinction entre pirates malveillants ou non devrait voir le jour afin de « favoriser les peines alternatives d’intérêt général » pour les seconds.
Equipement les ménages, le PC à 1 euro par jour
Le plan proposé par Eric Besson prévoit notamment le développement d’une filière nationale de redistribution, de reconditionnement et de retraitement d’ordinateurs (projet baptisé étrangement Ordi 2.0). Autre mesure qui devrait intéresser les constructeurs et les distributeurs : un plan « PC à un euro par jour » est prévu.
Toutes les initiatives similaires déjà en œuvre seraient présentées sur un portail unique – en partenariat avec l’industrie IT - facilitant l’accès à l’information et le choix pour « tous les Français de l’offre d’équipement et de formation la mieux adaptée à leurs besoins ».