RH : la France toujours rétive à l'externalisation totale

L'externalisation totale et massive des processus RH reste un phénomène isolé chez les donneurs d'ordre hexagonaux, contrairement à leurs homologues anglo-saxons. Classiquement, les entreprises de l'Hexagone commencent par confier leur paie à un prestataire, avant d'envisager une extension à d'autres domaines.

Alors qu'IBM vient d'annoncer un important contrat d'outsourcing complet de processus métier RH - pour 324 millions de dollars avec le laboratoire pharmaceutique Bristol-Myers Squibb -, la France reste bien étrangère à ces grands mouvements d'externalisation. C'est l'un des enseignements de l'étude du cabinet Markess sur les fonctions RH. L'externalisation de processus complet, incluant le personnel (ce qu'on appelle le BPO, pour Business Process Outsourcing), ne concerne en effet que 28 % des entreprises ayant recours, sous une forme ou une autre, à un ou plusieurs prestataires pour gérer leur processus RH. "Les grands contrats de BPO se comptent sur les doigts de la main dans les grands comptes d'origine française", explique Emmanuelle Olivié-Paul, directrice associée de Markess.

Merci la loi Tepa !

Classiquement, les donneurs d'ordre externalisent d'abord la paie. Sur ce créneau, la feuille de paie se négocie entre 3 et 30 euros, en fonction des volumes et de la complexité. Et, sur ce créneau, le mouvement vers l'externalisation s'accélère. "Le gouvernement a été le premier sponsor de la profession, avec en particulier la loi Tepa (loi en faveur du travail, de l'emploi et du pouvoir d'achat, ndlr)", explique -t-on chez Cegedim SRH. Suivent trois ou quatre domaines (administration du personnel, gestion des formations, recrutement, gestion des frais).

Extensions et modifications du périmètre

Selon le cabinet d'étude, ces domaines devraient croître rapidement d'ici à 2010 ; Markess anticipant une extension de l'externalisation des RH de la paie vers ces segments. 38 % des entreprises ayant eu recours à l'externalisation envisagent ainsi une extension de leur contrat. "D'ici à 2010, on passera ainsi de deux domaines externalisés à trois ou quatre", détaille Hélène Mouiche, de Markess.

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Résultat : le marché de l'externalisation RH devrait croître de 10 % en moyenne par an d'ici à 2010. Cette année, il pèse 965 millions d'euros, soit 42 % de l'activité logiciel et services sur la RH. Si la tendance est favorable, les modifications de périmètres qu'envisagent les donneurs d'ordre ne sont pas sans danger pour les prestataires. 22 % des entreprises ayant recours à l'externalisation veulent changer de prestataire d'ici à 2010 et 75 % d'entre elles souhaitent recourir à de nouvelles formes de prestations, comme le Saas. Ce qui se traduit, chez les prestataires, par la nécessité de nouer des partenariats (service, logiciels complémentaires, éditique) afin de proposer des offres de services les plus complètes possibles.

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