Téléphonie mobile : appel lourd de menaces au principe de précaution
Pas de recul ni de recherches abouties mais une certitude : il faut appliquer le principe de précaution à l'usage des téléphones mobiles. Dix neuf médecins mettent les pieds dans le plat, menaçant implicitement les industriels – et de fait les organisations poussant à l’adoption - en prenant date sur les risques de procès à venir.
Une vingtaine de médecins ont rejoint David Servan-Schreiber – médecin-auteur à succès – pour demander très officiellement que l’usage des téléphones portables soit régulé par les industriels eux-mêmes au nom du principe de précaution.
De longue date des chercheurs se sont penchés sur les risques médicaux liés à une société où les ondes deviennent l’un des éléments clés des moyens de communications. Sans jusqu’alors réussir à freiner l’expansion des réseaux, même si un certain nombre de pressions ont conduit à légiférer sur le déploiement des antennes relais.
Ainsi, les signataires conviennent qu’à ce jour « les études épidémiologiques existantes sont insuffisantes pour conclure de façon définitive que l’utilisation des téléphones portables est associée à un risque accru de tumeurs et autres problèmes de santé ».
Reste qu'un faisceau d’indices concordant montre que l’usage des champs électromagnétiques n’est pas neutre sur le cerveau.
En attendant des études plus poussées, les chercheurs signataires - parmi lesquels nombres de cancérologues – demandent aux industriels – notamment les opérateurs et les fabricants – « de fournir aux utilisateurs des appareils et des équipements qui permettent le plus bas niveau de risque possible et de faire constamment évoluer la technologie dans ce sens. » Autre requête : « ils doivent aussi encourager les consommateurs à utiliser leurs appareils de la façon la plus compatible avec la préservation de leur santé. » Par exemple en privilégiant les SMS aux appels. Ca tombe bien tout ce beau monde y pense pour nous, multipliant les usages non téléphoniques d’appareils de plus en plus complets.
Surtout, en filigrane de cet appel qui – étrangement – ne s’adresse jamais aux pouvoirs publics pourtant encore en charge de la politique de santé, la comparaison avec les usages de l’amiante est lourde de sens et de menaces.
David Servan-Schreiber rappelle ainsi qu’au début des années 1980, « lorsque les propriétaires des mines d’amiante se sont vus réduits à la banqueroute sous l’effet des procès des familles des personnes décédées à cause de leur exposition professionnelle, Johns Manville, le plus important d’entre eux, a tiré les leçons de ses années de lutte contre les données médicales et scientifiques qui mettaient en cause son industrie. »
Selon lui, information, recherche et précaution aurait pu sauver des vies… et des actionnaires.
Dans l'univers du téléphone portable, on peut facilement imaginer l’impact qu’auraient dans quelques années des procès fleuves contre les fabricants, opérateurs, mais aussi le résultat de procédures entamées par des salariés contre des employeurs ayant poussé à l’adoption de technologies mobiles. Pour rappel, le taux de pénétration de la téléphonie mobile s’établit en France à pas loin de 90% selon l’Arcep.